Economie

[Aboubakar Nacanabo prend la tête du Conseil des ministres de l’UEMOA] Un tournant pour l’intégration régionale


Aboubakar Nacanabo succède à Adama Coulibaly à la tête du Conseil des ministres de l’UEMOA, symbole de continuité et de résilience institutionnelle.

Abidjan, le 7 octobre 2025 (lepointsur.com)Le Burkina Faso assure désormais la présidence du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). À l’issue de la 3ᵉ session ordinaire tenue le lundi 6 octobre 2025 au siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar, le ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, a été désigné par ses pairs pour succéder à l’Ivoirien Adama Coulibaly, conformément au principe de rotation biennale prévu à l’article 11 du Traité de l’Union.

Cette désignation, qui intervient dans un contexte de recomposition géopolitique régionale, consacre la reconnaissance du rôle du Burkina Faso au sein de l’Union et réaffirme la continuité institutionnelle de l’UEMOA, malgré les tensions diplomatiques perçues ces derniers mois.

Une présidence sous le signe de la résilience économique

Dans son allocution d’ouverture, le président sortant, Adama Coulibaly, a dressé un bilan jugé encourageant : la croissance du PIB de l’Union est estimée à 6,3 % en 2025, portée par la consommation des ménages et l’investissement dans les infrastructures. Parallèlement, le déficit budgétaire global devrait passer de 5,1 % du PIB en 2024 à 3,7 % en 2025, puis 3,2 % en 2026, grâce à une meilleure mobilisation des recettes fiscales et à la rationalisation des dépenses publiques.

Le nouveau président du Conseil, Aboubakar Nacanabo, a salué la solidarité entre États membres et s’est engagé à œuvrer pour « une UEMOA plus résiliente, plus intégrée et au service des populations », insistant sur la nécessité d’intensifier les efforts de convergence économique dans un contexte marqué par les défis sécuritaires et climatiques.

Des dossiers stratégiques au cœur des échanges

Au-delà de la passation de présidence, les ministres ont examiné plusieurs dossiers structurants pour l’intégration régionale :

  • le rapport de surveillance multilatérale du premier semestre 2025 ;
  • les recommandations de politique économique pour 2026 ;
  • le projet d’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages ;
  • et les comptes annuels 2024 de l’Autorité des marchés financiers de l’UMOA (AMF-UMOA).

La BCEAO a également présenté l’état d’avancement des mesures visant à renforcer la position extérieure de l’Union, notamment en matière de réserves de change et de stabilité monétaire.

Entre polémique et application du Traité

Cette nomination met fin à plusieurs semaines de spéculations. En juillet 2025, des médias avaient rapporté des tensions à Lomé, affirmant qu’une partie des États membres, notamment la Côte d’Ivoire, s’opposait à la présidence burkinabè en raison du contexte politique au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Cependant, aucun communiqué officiel de l’UEMOA ni note ivoirienne ne vient confirmer formellement un tel veto. Le principe de rotation inscrit dans le Traité de l’UMOA a été respecté, illustrant la primauté du droit communautaire sur les divergences politiques.

Les prérogatives du pays président

Le pays qui assure la présidence du Conseil joue un rôle clé dans la gouvernance de l’Union :

  1. Présider les réunions et orienter les débats pour l’adoption des décisions.
  2. Coordonner politiquement les positions communes et représenter le Conseil auprès des chefs d’État et des partenaires internationaux.
  3. Assurer la continuité institutionnelle des réformes et décisions communautaires.
  4. Surveiller les engagements macroéconomiques, notamment le respect des critères de convergence.
  5. Incarner l’Union à l’extérieur, en portant la voix de l’UEMOA dans les fora financiers internationaux (FMI, Banque mondiale, UE, etc.).

Un retour symbolique pour le Burkina Faso

Le Burkina Faso retrouve ainsi la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA, plus de cinq ans après celle exercée par Lassané Kaboré en 2020. Cette désignation marque une étape significative pour Ouagadougou, qui entend redynamiser son rôle au sein de la famille UEMOA, malgré un environnement politique et sécuritaire complexe.

En confiant la présidence au ministre Aboubakar Nacanabo, les États membres de l’Union envoient un signal fort : celui de la solidarité régionale, de la stabilité institutionnelle et du maintien du cap sur l’intégration économique ouest-africaine.

Médard K.

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