Culture

[Abidjan Art Week 2025] A la Galerie Amani, Djeka Jean-Baptiste invite à renouer avec les fondements de la pensée africaine


L’artiste ivoirien Djeka Jean-Baptiste a inauguré l’Abidjan Art Week 2025 avec un vernissage à la Galerie Amani. Une exposition profonde où l’art devient rite, mémoire et renaissance.

Abidjan, le 25 avril 2025 (lepointsur.com) – C’est dans l’atmosphère feutrée de la Galerie Amani, en présence du critique d’art et Directeur des Arts plastiques au Ministère de la Culture et de la Francophonie, Henri N’Koumo, ainsi que de l’artiste-peintre émérite ivoirienne Mathilde Moreau, que l’Abidjan Art Week (AAW) 2025 a été solennellement ouverte, le jeudi 24 avril 2025, par l’artiste plasticien ivoirien Djeka Jean-Baptiste.

À travers une exposition aussi symbolique que vibrante, l’artiste donne le ton de cette édition, en faisant de l’art une passerelle entre tradition et modernité, entre visible et invisible.

Djeka Jean-Baptiste en compagnie de l’artiste-peintre émérite ivoirienne Mathilde Moreau

« Inaugurer cette édition de l’AAW est un honneur profond et chargé de symboles », a confié Djeka, visiblement ému, lors du vernissage. Et pour cause : la Galerie Amani, réputée pour sa valorisation de l’art sculptural et ethnographique africain, résonne comme l’écrin idéal pour cette immersion artistique.

Une traversée vers la lumière

Le thème de la traversée vers la lumière irrigue toute la pensée artistique de Djeka Jean-Baptiste. S’appuyant sur la cosmogonie waoulé, l’artiste évoque la nécessité pour les Africains de se « semer » dans la terre, de mourir symboliquement à eux-mêmes, pour mieux renaître. « C’est dans cet état d’introspection que nous devons comprendre notre contemporanéité : elle est enracinée, sacrée, transcendante », explique-t-il.

18 œuvres comme autant de métamorphoses

Parmi les 18 œuvres exposées — dont 12 présentées dans la salle principale — figurent des titres évocateurs comme BHA-N’SRÊ, HAATOU, PKAN’GBA, ABLO, ou encore N’HIENSAN et S’RAN-N’KPA. Ces deux dernières toiles traduisent, selon l’artiste, la puissance de la triade divine et l’innocence originelle de l’être humain.

« N’HIENSAN, c’est la force triplée, l’équilibre entre les manifestations divines du masculin et du féminin. Quant à S’RAN-N’KPA, il célèbre l’homme fondamentalement bon, corrompu uniquement par les travers sociaux », précise l’artiste.

L’art comme pont entre les mondes

Pour Djeka, l’artiste est un souverain pontife, un intermédiaire entre le monde visible et l’invisible. Chaque trait, chaque ligne dans ses toiles matérialise ce lien ancestral. Il invite ainsi les visiteurs à ressentir l’art comme une vibration spirituelle : « Il faut rentrer en transe, faire de la transe une danse », affirme-t-il avec poésie.

L’art, baromètre de la valeur humaine

Enfin, au-delà de la beauté plastique, Djeka pose une réflexion sur la place de l’art dans la société actuelle : « L’art est un bien rare, il est le véritable baromètre de la monnaie. Il nous relie à ce que l’argent ne peut acheter : la transcendance, la mémoire, l’héritage spirituel ».

Avec ce vernissage, Djeka Jean-Baptiste offre plus qu’une exposition : une expérience sensorielle et philosophique, une invitation à renouer avec les fondements de la pensée africaine. Une œuvre vivante qui ouvre avec éclat cette édition 2025 de l’Abidjan Art Week, placée sous le signe du renouveau culturel.

Médard KOFFI

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