La Côte d’Ivoire célèbre le 65e anniversaire de son indépendance à Bouaké avec un grand défilé militaire. Le Général Mamadi Doumbouya, président de la transition en Guinée, pourrait être l’un des invités de marque.

Abidjan, le 06 août 2025 (lepointsur.com) – Le 7 août 2025, la Côte d’Ivoire célèbrera le 65e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale. Cette année, les festivités auront lieu à Bouaké, deuxième ville du pays, dans un climat politique intense à quelques mois de la présidentielle d’octobre. L’événement revêt une dimension stratégique, tant sur le plan national que régional, avec l’éventuelle participation du Général Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne.

La fête de l’indépendance ivoirienne, bien plus qu’un simple hommage historique, est utilisée comme un outil de légitimation du pouvoir en place. À 83 ans, le président Alassane Ouattara se positionne pour un quatrième mandat, et la mise en scène à Bouaké se veut à la hauteur de ses ambitions. Le thème retenu cette année – « Les Forces de Défense et de Sécurité, gardiennes de la paix et de l’espérance » – renforce le lien entre stabilité sécuritaire et continuité du pouvoir.

Au programme : retraite aux flambeaux, défilé militaire avec 3 000 participants, fresque culturelle valorisant le patrimoine national, et présence d’unités militaires étrangères venues de la France, des États-Unis, du Maroc, entre autres.

Parmi les invités d’honneur pressentis : Mamadi Doumbouya, homme fort de Conakry, dont la présence serait hautement symbolique. Si la présidence guinéenne n’a pas encore officialisé sa venue, sa participation témoignerait d’un rapprochement diplomatique entre la Guinée et la Côte d’Ivoire. Le président guinéen, qui a effectué une visite officielle à Abidjan en juin 2025, incarne à la fois l’espoir d’une transition réussie et la complexité des régimes militaires en Afrique de l’Ouest.

Cette présence, si elle se confirme, interviendrait dans un contexte tendu en Guinée : référendum constitutionnel prévu en septembre, élections générales en décembre, et polémiques autour d’un projet de Constitution prolongeant la durée du mandat présidentiel.

L’éventuelle venue de Brice Oligui Nguema (Gabon) et John Dramani Mahama (Ghana) renforcerait le caractère régional de la célébration. La Côte d’Ivoire cherche à s’imposer comme un pôle de stabilité, en opposition à l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Burkina Faso, Niger – qui prend ses distances avec la CEDEAO.

La Guinée, elle, conserve un pied dans la CEDEAO tout en gardant des liens avec les autres régimes militaires. Cette posture ambivalente donne à Doumbouya une place singulière dans la géopolitique ouest-africaine.

Au-delà de la symbolique politique, les liens entre Abidjan et Conakry se renforcent : le projet ferroviaire San Pedro-Conakry, évalué à plus de 150 millions d’euros, et la participation ivoirienne à la Grande Mamaya 2025 à Kankan en sont les signes tangibles. Cette coopération se veut à la fois économique, culturelle et stratégique.

La météo pourrait perturber certains moments forts du programme, comme le saut en parachute, en raison d’un plafond bas annoncé à Bouaké. Mais surtout, le flou diplomatique entourant la venue du dirigeant guinéen continue de susciter les spéculations.

Si la participation de Mamadi Doumbouya est confirmée, elle renforcera la stature régionale de la Côte d’Ivoire et marquera une nouvelle étape dans les rapprochements diplomatiques. Si elle ne l’est pas, elle illustrera les limites de l’équilibre diplomatique que cherche à construire Abidjan.

À l’approche du 7 août 2025, Bouaké devient le cœur battant de la politique ivoirienne. Au-delà du faste et du symbolisme, cette célébration sera une démonstration de puissance étatique, un moment diplomatique clé et un baromètre des dynamiques ouest-africaines. Tous les regards sont tournés vers Bouaké… et vers Mamadi Doumbouya.

Médard KOFFI

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