[Zouglou : Trois grands concerts pour une fin d’année festive] Mais à quel prix ? s’interroge un puriste du genre, Christ Sérénité
Abidjan, le 23-09-2024 (lepointsur.com) Alors que la fin d’année s’annonce bouillonnante avec trois grands concerts de Zouglou, le calendrier est chargé : le concert de Zouglou Legends le 2 novembre, suivi par celui du Groupe Les Leaders le 30 novembre pour célébrer leurs 15 ans de carrière, et enfin le concert de Lago Paulin le 7 décembre, marquant ses 35 ans de parcours musical. Ces événements représentent une véritable fête pour les fans et un signe de la vitalité retrouvée du mouvement Zouglou.
Cependant, un vent d’inquiétude souffle parmi les puristes du genre. Christ Sérénité, figure emblématique et observateur averti de la scène Zouglou, a récemment partagé son analyse sur cette effervescence. Pour lui, bien que ces concerts témoignent d’une dynamique positive, plusieurs écueils pourraient ternir cette image d’unité et de prospérité.
« Le Zouglou se porte bien, c’est indéniable, mais le calendrier serré de ces événements pourrait créer des couacs à bien des niveaux », explique-t-il. Cette observation soulève des questions essentielles sur l’impact de la proximité des dates sur la participation des fans, qui pourraient se retrouver face à des choix difficiles, tant sur le plan financier que logistique.
En effet, dans un contexte économique tendu, où la vie chère est au cœur des préoccupations, la multiplication des spectacles en si peu de temps pourrait devenir un véritable casse-tête pour les amateurs de Zouglou. « On demande beaucoup aux fans dans une période où la cherté de la vie est décriée, même dans nos chansons », rappelle Christ Sérénité. Une situation qui pourrait engendrer des salles à moitié vides pour ces concerts tant attendus, soulevant des interrogations sur l’accessibilité financière et l’engagement des fans.
Pour certains, la comparaison avec les concerts d’artistes internationaux s’impose : « D’aucuns diront que pour des artistes étrangers, on dépense sans se plaindre. Mais il faut se rappeler que tout le monde ne mange pas à la table des rois », nuance Christ Sérénité. En effet, l’accessibilité financière reste un enjeu clé, surtout dans un pays où les disparités économiques sont criantes. Face à ces trois événements majeurs, les fans devront inévitablement faire des choix. « Il y a une vie après la fête », poursuit-il, évoquant la probabilité de voir certains spectacles sacrifiés au profit d’autres, un phénomène qui risque d’engendrer des « poto » (chaises vides) dans les salles.
La situation est d’autant plus délicate que cette surenchère d’événements pourrait générer une concurrence implicite entre artistes et promoteurs. « On n’osera pas le dire, mais il y aura forcément une compétition entre les staffs et les artistes », avertit-il. Cette rivalité, bien que souvent passée sous silence, pourrait mettre à mal l’harmonie qui a toujours caractérisé le Zouglou, un genre musical né dans l’unité et la fraternité.
Pour Christ Sérénité, la solution à ces défis réside dans une meilleure coordination des événements. « Chaque promoteur fixe sa date en fonction de ce qui l’arrange pour son business, mais il appartient aussi aux artistes d’exiger une certaine harmonie », estime-t-il. Une démarche qui permettrait non seulement de préserver l’unité du mouvement, mais aussi d’éviter une concurrence malsaine qui pourrait diviser les fans.
La fin d’année sera indéniablement placée sous le signe du Zouglou, avec des concerts qui promettent d’enflammer les scènes ivoiriennes. Mais à quel prix ? Si le genre musical se porte bien, des fissures pourraient apparaître si les défis soulevés par Christ Sérénité ne sont pas pris en compte. L’équilibre entre prospérité et unité devra être soigneusement préservé pour que cette période de fête ne devienne pas celle des divisions.
Pour que le Zouglou continue de briller, il est fondamental que les artistes, les promoteurs et les fans avancent dans une harmonie collective, sous peine de voir la dynamique festive se transformer en une compétition stérile. L’appel est donc lancé : que la fête continue, mais pas au détriment de l’esprit qui a fait la force du Zouglou depuis ses origines.
Médard KOFFI