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[Violences physiques et sexuelles dans le Gôh] 2 cas de viols, 2 cas de tentatives de viols sur des enfants et 20 cas de maltraitance physique enregistrés en 2020


Ouragahio, 06-08-2021 (lepointsur.com) Responsable du centre social de Ouragahio depuis mars 2020, Affou Allé fait de la lutte contre les violences basées sur le genre, notamment les violences physiques et les violences sexuelles, son cheval de bataille. Dans cette interview qu’il a accordé à lepointsur.com, cet humanitaire chevronné met à nu les obstacles réels qui l’empêchent d’œuvrer pour le bien-être des enfants et des femmes.

Bonjour monsieur Affou Allé.

Bonjour monsieur le journaliste.

Quel bilan à mi-parcours pouvez-vous faire successivement de votre activité de sensibilisation sur les violences basées sur le genre depuis votre prise de fonction à Ouragahio ?

Cette question est la bienvenue. Mais avant, souffrez que je vous présente rapidement le centre social que j’ai l’insigne honneur de diriger. Le centre social est d’abord un service public. Il y a 4 services en internes qui sont inter dépendants il s’agit du service de la protection familiale, du service de l’assistance éducative, du service du suivi et évaluation puis du service de l’animation sociale. Bien entendu, les chiffres que nous allons vous donner sont ceux du service de l’assistance éducative. En 2020, nous avons donc porté secours à six personnes qui ont été victimes de violences. Nous avons dénombré 2 cas de viols, 2 cas de tentatives de viols sur des enfants et des femmes dans la sous-préfecture de Bayota et 20 cas de maltraitance physique venus des villages.

“ Nous le disons ainsi parce que ce sont des situations qui malheureusement sont très banalisées par la communauté. Elles sont acceptées par nos us et coutumes. Par exemple, frapper un enfant n’est pas une infraction pour la communauté. Avoir des rapports sexuels sans le consentement de sa ou son partenaire est un acte accepté par la communauté.  C’est ce qui rend difficile notre tâche sur le terrain. ’’

Que comptez-vous faire pour mettre un terme à ces pratiques indignes dans votre localité ?

Devant de telles réalités alarmantes, nous avons convenu d’axer de manière intensive nos activités sur la sensibilisation dans des zones répertoriées. C’est ce qui nous a amené à organiser cet atelier de renforcement des capacités opérationnelles sur la communication sociale de nos relais dans les zones suscitées.

Cette année, nous nous attaquerons donc spécifiquement aux violences physiques et sexuelles. A ce niveau, voudrions- nous déjà indiquer qu’une fillette de 8 ans a été victime d’un viol. C’est une situation malheureuse et préoccupante à laquelle il faut s’attaquer sans tarder pour que nos enfants de Ouragahio et de Bayota vivent dans de très bonnes conditions.

Les difficultés rencontrées et les tentatives de solutions que vous envisagez ?

Vraiment, il faut le dire tout net que nous sommes stoppés dans notre travail surtout par les pesanteurs communautaires à caractères socio-culturels. Nous le disons ainsi parce que ce sont des situations qui malheureusement sont très banalisées par la communauté. Elles sont acceptées par nos us et coutumes. Par exemple, frapper un enfant n’est pas une infraction pour la communauté. Avoir des rapports sexuels sans le consentement de sa ou son partenaire est un acte accepté par la communauté.  C’est ce qui rend difficile notre tâche sur le terrain. En plus de cette réalité sociale, nous dénonçons aussi les influences des leaders communautaires qui soutiennent mordicus les auteurs au détriment des victimes.

Que comptez-vous faire dès lors?

Pour mettre un terme à court, moyen et long terme à tous ces facteurs, il nous faut procéder à la formation de toutes les couches socio-professionnelles et mêmes politiques des sous-préfectures de Ouragahio et de Bayota. Nous avons donc besoin d’informer la communauté à la base sur la vulnérabilité des femmes et des enfants dans la société. Formations au cours desquelles nous ne manquerons pas de leur montrer les mesures juridiques prises par l’Etat de Côte d’Ivoire et qui sanctionnent les auteurs de telles praxis négatives.

Votre mot de fin.

Nous souhaitons vivement que tous nos leaders communautaires nous aident sincèrement dans notre travail afin de réduire drastiquement toutes les pesanteurs sociales et culturelles qui nous empêchent de protéger les enfants et les femmes à Ouragahio et à Bayota.

Interview réalisée par Laine gonkanou, correspondant régional

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