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[Violence et litige foncier à Macaci Adjamé] Le vigile de la Famille Khalil brutalement attaqué


Abidjan, le 17 juillet 2024 (lepointsur.com) Le site foncier de Macaci Adjamé, propriété de la Famille Khalil et de l’entreprise Les Constructions Ivoiriennes (LCI), est depuis plusieurs années au cœur d’un litige avec la mairie d’Adjamé. Cet affrontement a atteint un nouveau sommet de violence ce mardi 16 juillet 2024, avec l’attaque brutale du vigile du site, Diaby Zoumanan, par des individus identifiés comme des agents de sécurité de la mairie et des jeunes du quartier.

Témoignage de Monsieur Diawara Abdoulaye

Monsieur Diawara Abdoulaye dénonce les interventions violentes et incohérentes de la mairie sur le site de la Famille Khalil

À notre arrivée sur le site, nous avons rencontré Monsieur Diawara Abdoulaye, administrateur délégué de LCI, qui nous a fourni sa version des faits :

« Ce site appartient à la famille Khalil et est composé de quatre parcelles couvrant environ 5 hectares. Nous avons aménagé une partie pour un marché public et loué le reste à des commerçants afin de rentabiliser ces terrains. Depuis 2020, la mairie d’Adjamé nous envoie régulièrement des mises en demeure de déguerpissement auxquelles nous avons toujours répondu en fournissant tous nos titres de propriété. Malgré cela, les interventions de la mairie se multiplient, souvent accompagnées de violences.

Le 21 mai 2024, un incident marquant s’est produit sur notre site. Ce jour-là, des gros-bras, soutenus par des engins lourds, ont fait irruption et ont méthodiquement détruit toutes nos installations. Ces actions étaient apparemment motivées par des raisons de sécurité, selon les justifications avancées par les autorités locales.

Monsieur Diawara se souvient avec amertume de ce jour où les structures que nous avions construites avec tant d’efforts ont été réduites en décombres. Le site, autrefois animé par une activité commerciale florissante, est devenu un champ de ruines en quelques heures à peine. Les commerçants, malgré leur désespoir et leurs protestations, n’ont eu d’autre choix que de quitter les lieux.


Cependant, il semble que cette expulsion n’ait été qu’une parenthèse temporaire. Plus récemment, Monsieur Diawara affirme avec indignation que le site est en train d’être recolonisé par les mêmes commerçants qui avaient été expulsés auparavant. Cette situation soulève des questions sérieuses sur la gestion et la transparence des autorités locales. Si l’expulsion initiale était réellement motivée par des préoccupations de sécurité, comment expliquer alors le retour des commerçants sur les lieux ? »

Monsieur Diawara souligne le paradoxe de cette situation : d’un côté, on invoque la sécurité pour justifier des destructions, et de l’autre, on permet que les mêmes conditions se reproduisent. Cette incohérence laisse penser que d’autres intérêts, peut-être financiers ou politiques, pourraient être en jeu. Pour lui, il est essentiel que les autorités apportent des éclaircissements sur cette affaire et prennent des mesures concrètes pour assurer une gestion juste et transparente du site.

Monsieur Diaby, vigile sur le site de la Famille Khalil, raconte les violences subies lors de ce conflit foncier

Monsieur Diaby, vigile sur le site de la Famille Khalil, violemment attaqué raconte les violences subies lors de ce conflit foncier ce jour du mardi 16 juillet 2024.

« Ce matin, en arrivant sur le site, j’ai constaté que des individus installaient des abris sur le site. Ils ont mis des piquets en bois et menacé de casser ma guérite. J’ai alors dit : ‘Non, si vous cassez ma guérite, je ferai de même avec vos piquets. Vous n’avez même pas de document attestant de votre mission. Vous dites que c’est le maire, mais cela ne constitue pas un document officiel. Vous venez avec force, sans preuve, alors que nous avons des papiers montrant que ce terrain nous appartient. Quel est votre problème ?

L’un des agents, accompagné d’un civil et d’un jeune du quartier, s’est approché de moi. Ils collaborent avec les jeunes du quartier pour nous combattre, espérant que ceux-ci deviennent les gardiens du site. Face à cette situation, j’ai expliqué que ma guérite était essentielle pour la sécurité du site, et qu’en cas de danger, elle permettrait d’alerter les responsables.

Malheureusement, lorsque j’ai tenté de leur parler, l’un des agents m’a frappé, disant que je parlais trop. Aujourd’hui, je ne me sens pas bien. Mon principal souci était la protection de ma guérite. Ils ont effectué tous les travaux sans entrave de notre part. J’ai clairement indiqué que si ma guérite était détruite, nous retirerions également les piquets.

Finalement, la guérite n’a pas été détruite, mais un des agents, en colère, m’a frappé. Les jeunes du quartier, qui accompagnaient les agents, se sont joints à eux pour m’agresser. L’agent qui m’a frappé portait une tenue de la mairie. Il semble qu’ils étaient accompagnés par le service technique et la sécurité. »

Les tensions entre la mairie et les occupants locaux restent vives, illustrant les enjeux du conflit foncier

Réponse de la Mairie d’Adjamé

Monsieur Diakité Kaba Ahmed, agent technique à la mairie d’Adjamé, dément les accusations de violence et défend les actions de réaménagement urbain

Pour équilibrer notre reportage, nous avons interrogé Monsieur Diakité Kaba Ahmed, agent technique à la mairie d’Adjamé. Il a nié toute implication de ses agents dans des actes de violence.

« Mon rôle est de superviser le réaménagement du site pour permettre aux vendeurs de bois de s’organiser. Toute provocation doit être évitée et résolue par la loi. Si des conflits surviennent, les personnes concernées doivent se référer au maire ou au gouverneur du district d’Abidjan. »

Selon Monsieur Diakité, les opérations menées par la mairie sont toujours encadrées par des procédures strictes visant à assurer le respect des droits de tous les citoyens et la sécurité publique. « Nos agents sont formés pour intervenir de manière professionnelle et respectueuse« , a-t-il affirmé. « Nous condamnons fermement toute forme de violence et nous assurons que toutes nos actions sont conformes à la loi. »

Il a ajouté que les interventions sur le site, telles que les démolitions, sont effectuées dans le cadre d’un plan de réaménagement urbain visant à améliorer la sécurité et les conditions de vie dans la commune. « Les décisions de démolition ne sont pas prises à la légère. Elles résultent de nombreuses études et de consultations avec les parties prenantes concernées », a-t-il expliqué.

En ce qui concerne les allégations spécifiques de violence contre le vigile, Monsieur Diakité a déclaré qu’une enquête interne a été ouverte pour faire la lumière sur ces accusations. « Si des agents ont effectivement outrepassé leurs fonctions et utilisé la force de manière inappropriée, ils devront répondre de leurs actes« , a-t-il assuré. Il a également insisté sur le fait que la mairie est prête à coopérer avec toute enquête externe pour garantir la transparence et l’équité.

Le conflit foncier à Macaci Adjamé est loin d’être résolu, avec des accusations de violence et de réinstallation illégale de commerçants. La situation reste tendue et appelle une intervention judiciaire pour éviter de nouveaux affrontements. L’équipe de LCI et les autorités locales doivent trouver un terrain d’entente pour mettre fin à cette escalade de violences et assurer la sécurité de tous les acteurs impliqués.

Médard KOFFI

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