[Violation de droit à l’information par les Etats pendant l’épidémie de Coronavirus] Reporters sans frontières dépose une plainte auprès de l’ONU
Abidjan, 15-04-2020 (lepointsur.com) L’épidémie de Coronavirus oblige à imposer aux Etats le respect des principes de la liberté de la presse et du droit à l’information. C’est dans cette optique que “Reporters sans frontières’’ (RSF) a déposé une plainte, le 13 avril 2020, auprès du Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé, Dainius Pūras, et de son homologue sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression, David Kaye.
Selon un communiqué de l’organisation, cette plainte a été déposée afin que ces deux personnalités dénoncent formellement les Etats qui violent le droit à l’information pendant la crise sanitaire, liée à la pandémie de Coronavirus.
Pour Reporters sans frontières, il est inadmissible que des Etats mettent en danger la santé des personnes, sur leur territoire comme dans le reste du monde, en violant le droit à l’information malgré, au prétexte ou à l’occasion du COVID-19.
C’est pourquoi, suite à ce communiqué RSF va demander aux Rapporteurs spéciaux de proclamer publiquement que le droit à l’information est “inhérent” au droit à la santé. Car, précise notre source, reconnaître le caractère inhérent du droit à l’information pour le droit à la santé permettrait d’en renforcer la portée en particulier lorsque la sauvegarde de la santé publique est en cause et de lutter ainsi plus efficacement contre ses restrictions arbitraires et la désinformation.
Ainsi, en cas de confirmation des violations, les Rapporteurs spéciaux ont vocation à dénoncer les faits et demander aux Etats d’y remédier, parce qu’ils appartiennent au département des procédures spéciales des Nations unies, des mécanismes indépendants d’établissement des faits et de protection, rattaché au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme à Genève.
Aussi, en croire la note d’information, cette démarche ayant pris la forme d’une lettre d’allégation au Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé, le Lituanien Dainius Pūras, et à son collègue Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression, l’Américain David Kaye, a pour objectif d’obtenir des mesures concrètes, telle que la libération des journalistes détenus.
«Nous attendons que les Etats qui violent ce droit soient dénoncés publiquement par des institutions onusiennes», souhaite Arnaud Froger, Responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
Le 16 mars 2020, les experts de la liberté d’opinion et d’expression et des médias des Nations Unies, de la Cour interaméricaine des droits de l’homme et de l’OSCE, David Kaye, Edison Lanza et Harlem Désir, avaient déjà énoncé avec fermeté l’importance de la mise à disposition d’informations véridiques par les gouvernements, la protection des journalistes et de la lutte contre la désinformation.
Et le 9 avril, la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, s’est dite “préoccupée’’ par les mesures prises dans certains pays pour limiter la liberté des médias et la liberté d’expression, craignant que la “prétendue lutte contre la désinformation’’ risque d’être utilisée pour faire taire les critiques.
Il est important de noter que la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie adoptée en novembre 2018 par une commission de 25 personnalités de 18 nationalités stipulait dans son préambule que “la connaissance est nécessaire aux êtres humains pour développer leurs capacités biologiques, psychologiques, sociales, politiques et économiques”.
Sur ce fondement, 35 Etats ont adopté un partenariat sur l’information et la démocratie qui reconnaît un droit à l’information fiable, en considérant que : «L’information peut être reconnue comme fiable dans la mesure où sa collecte, son traitement et sa diffusion sont libres, indépendants et fondés sur le croisement de plusieurs sources, dans un paysage médiatique pluraliste où les faits peuvent donner lieu à des interprétations et à des points de vue variés».
Médard KOFFI