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Turquie: triple attentat-suicide à l’aéroport international d’Istanbul


Au moins 36 personnes, dont des étrangers, ont été tuées ce mardi 28 juin au soir dans une attaque kamikaze survenue à l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, selon un dernier bilan communiqué par le Premier ministre turc Binali Yildirim. On dénombre 150 blessés. C’est l’attaque la plus meurtrière dans la métropole turque, déjà visée plusieurs fois par le terrorisme cette année.

Avec agences et notre correspondant à Istanbul,  Alexandre Billette

Selon les autorités, les faits ont commencé à l’entrée du terminal des vols internationaux vers 22h (19h TU). Trois assaillants

Des centaines de personnes quittent l'aéroport Atatürk d'Istanbul, après un attentat meurtrier, le 28 juin 2016. REUTERS/Osman Orsal

Des centaines de personnes quittent l’aéroport Atatürk d’Istanbul, après un attentat meurtrier, le 28 juin 2016.
REUTERS/Osman Orsal

ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a éclaté puis les kamikazes se sont fait sauter à l’aéroport. Un scénario rappelant les attentats jihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre dernier.

Devant la presse, sur le lieu des attaques, le Premier ministre turc a précisé que les assaillants étaient arrivés à bord d’un taxi et a rejeté toute défaillance en matière de sécurité dans cet aéroport, l’un des plus fréquentés d’Europe, situé sur la rive européenne de la première mégapole de Turquie. Des images diffusées sur les télévisions turques montrent un homme déclenchant ses explosifs à l’intérieur du hall, après avoir été touché par des tirs policiers.

On parle actuellement, en Turquie, d’une personne en garde à vue, tandis que trois autres personnes seraient toujours recherchées par les autorités, même si ce sont, pour l’heure, des informations à prendre avec une grande précaution. Aucune revendication n’a été formulée. Mais la cible et la méthode rappellent davantage les groupes liés à l’organisation Etat islamique (EI). Le Premier ministre turc a d’ailleurs indiqué que « les indices pointent Daech ».

Il faut savoir que le groupe Etat islamique n’a jamais revendiqué d’action sur le territoire turc jusqu’à présent, en dépit des nombreux attentats qui lui ont été attribués, ou plutôt qui ont été attribués à des groupuscules locaux turcs, sympathisants de Daech, mais sans nécessairement de lien, du moins direct, avec la direction de l’EI.

Lourd bilan

Les explosions ont été extrêmement puissantes. Le dernier bilan communiqué par le Premier ministre turc fait état de 36 morts et de nombreux blessés, dont plusieurs grièvement. Mais il pourrait encore s’aggraver. Les blessés seraient près de 150. Des dizaines d’ambulances ont évacué les blessés vers les hôpitaux d’Istanbul. Un appel aux dons de sang a également été lancé.

Il y aurait également eu un mouvement de panique dans l’aéroport, des personnes qui auraient quitté le bâtiment à toute vitesse et qui se sont retrouvées à l’extérieur. D’autres auraient été bloquées dans l’aéroport plusieurs minutes, selon certains commentaires qui circulent sur les réseaux sociaux.

Sur les chaînes de télévision locales ont été diffusées des images de véhicules de police, de blindés légers, des ambulances du Croissant-Rouge et des camions de pompiers devant l’aéroport, devant les accès menant aux différents terminaux. Des taxis ont également été utilisés pour transporter les blessés vers les hôpitaux, selon les témoins interviewés par les médias locaux.

Sur les réseaux sociaux, des images montrent des fenêtres soufflées et des fauteuils renversés dans l’aéroport. On y voit également des corps allongés à l’extérieur.

Au lendemain des faits

A l’aéroport Atatürk, les activités ont repris vers 3 h du matin, heure locale. Une reprise très rapide par rapport, par exemple, à l’aéroport de Bruxelles après les attentats du 22 mars dernier. Toute une partie du terminal international reste bouclée par les policiers qui poursuivent l’enquête.

Le dispositif de sécurité a largement été renforcé à l’aéroport. Comme à l’habitude après les attentats, les réseaux sociaux fonctionnent au ralenti, après l’annonce d’un « blackout » médiatique par le gouvernement turc. Cet attaque majeure est la douzième à frapper la Turquie depuis exactement un an.

Réactions dans le monde

Quelques heures après l’annonce de l’attentat, dans un communiqué, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté à une « lutte commune » internationale contre le terrorisme. « J’espère vivement que l’attaque visant l’aéroport Atatürk sera un tournant, une charnière, pour la lutte commune à mener, avec en tête les pays occidentaux, sur toute la planète contre les organisations terroristes », a estimé le chef de l’Etat turc.

Dans un communiqué, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, fait part de sa « sympathie » et de ses « condoléances » aux familles des victimes, et soutient qu’il est nécessaire « d’intensifier les efforts régionaux et internationaux pour lutter contre le terrorisme et l’extremisme violent ». De son côté, Washington a condamné des attaques « abominables » à Istanbul et promet son soutien à Ankara.

« L’aéroport international Atatürk, comme l’aéroport de Bruxelles qui a été attaqué plus tôt cette année, est le symbole des connexions internationales et des liens qui nous unissent », a affirmé le porte-parole de l’exécutif américain Josh Earnest. « Nous restons loyaux dans notre soutien à la Turquie, notre allié et notre partenaire dans l’Otan, comme avec tous nos amis et alliés dans le monde, alors que nous continuons à affronter la menace du terrorisme ».

Un triple attentat condamné également par les candidats à la présidentielle américaine. Cette attaque vise le « cœur d’un de nos alliés de l’Otan (…), tous les Américains doivent se montrer unis avec le peuple turc », a déclaré Hillary Clinton. « Le monde est sidéré et horrifié (…), la menace terroriste n’a jamais été aussi grande », affirme pour sa part le républicain Donald Trump.

« La France est avec les Turcs contre le terrosisme », recnhérit le Premier ministre français Manuel Valls. En marge du sommet européen sur le Brexit à Bruxelles, François Hollande a lui aussi « condamné fermement » un « acte abominable ». Le président français redoute que « ces actes terroristes qui viennent après d’autres n’aient comme conséquence que de rendre la situation encore plus difficile en Turquie ».

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