[Transformation de la noix de cajou/Soro Clotioroma, responsable-superviseur à Eburnie Cajou Limited section Yopougon] «2020 sera pour nous l’année de la confirmation»
Abidjan, 28-12-2019 (lepointsur.com) Dans le cadre du Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan (SARA) 2019, la rédaction de lepointsur s’est entretenue avec M. Soro Clotioroma, responsable de la supervision de l’entreprise Eburnie Cajou Limited, section Yopougon.
Dans cet entretien, il passe en revue les différentes étapes de transformation de la noix de cajou et nous parle des ambitions de son entreprise pour la nouvelle année.
Présentez-nous votre entreprise ?
Eburnie Cajou Limited est une société ivoirienne de transformation de noix de cajou. Elle est située à Abidjan sur deux sites. Yopougon route de Dabou au sein de l’usine DOMAK, Domaine d’Anokoi Kouté, pour la section transformation brute et Treichville Zone 3, pour la section finition. Elle existe depuis 2018 et emploi à ce jour une trentaine de personnes dont 80% de femmes.
Quelles sont vos missions ?
Notre mission principale, c’est de contribuer à la stratégie du gouvernement de Côte d’Ivoire qui est de transformer plus de 50% de la production d’anacarde d’ici 2025. A côté de cela, c’est de proposer sur le marché ivoirien des produits finis d’une qualité rare avec d’excellentes valeurs nutritionnelles et enfin produire des amandes de très bonnes qualités.
Quelles sont les différentes étapes de transformation de la noix de cajou au sein de votre usine ?
La première étape du processus est le calibrage. Cette la phase qui consiste à faire passer les amandes dans une machine appelé ‘’calibreur’’ avec pour objectif de classer les grains par ordre de grosseur allant de A+ à D, tout en se débarrassant des déchets. En un mot, c’est un tri que nous faisons à cette étape. Et après ce tri, les grains sont stockés par grades. Les A seront stockés dans un endroit, les B1 et B2 dans un autre ainsi de suite.
Après le calibrage, nous procédons à la cuisson des noix de cajou brutes qui se fait également par grades et chaque semaine. Par exemple, la première semaine du mois, nous pouvons décider de faire la cuisson des A1. La cuisson se fait généralement à 4 barres 10 minutes, mais elle peut prendre souvent 12 à 15 minutes.
Les grains étant cuits, nous les séchons à l’air libre pendant 24 heures. Après quoi, nous remettons les noix dans les sacs pour les envoyer dans une autre section où, elles seront encore stockées.
Ensuite, nous décortiquons les noix de cajou dans une grosse machine en vue d’obtenir des amandes qui vont produire d’un côté les coques et de l’autre les Unscooper et les Uncut. Les Unscooper ce sont les noix de cajou brisées se trouvant à l’intérieur de la coque et les Uncut sont celles qui n’ont pas été touché lors du décorticage et qui nécessite de repasser à la machine.
Enfin, nous remettons tout le stock aux femmes qui se chargent de trier les amandes entières, les amandes pièces c’est-à-dire celles qui sont brisées, les Unscooper et les Uncut avant de les acheminer vers la section de Treichville pour leur traitement final et leur conditionnement.
A combien s’élève votre production moyenne journalière ?
Notre production moyenne journalière s’élève à 1 tonne 80 kg, soit 13 sacs de 80 kg. C’est l’objectif qui nous a été assigné par la Direction Générale. Et effectivement, nous arrivons à l’atteindre grâce à la grosse machine de décorticage dont nous disposons. Mais nous avons encore besoin de quelques machines et de ressources humaines pour accroitre notre production.
Quelle est la spécialisation du département de Treichville ?
Le département de Treichville est la section finale. Elle est chargée du dépelliculage, la classification et l’emballage. Le dépelliculage consiste à enlever la pellicule qui se trouve sur les noix pour obtenir des amandes blanches. L’emballage étend la mise en sachet et de l’exportation du produit finis. Ensuite l’exportation vers l’extérieur des amandes blanches ou encore les amandes seront grillées pour avoir : des amandes grillées salées, grillées enrobé de chocolat, de gingembre et destiné à la consommation locale.
Combien de contenaires exportez-vous par an à travers le monde ?
Notre capacité de production atteint 1000 tonnes par an, soit un conteneur de produits finis de 16 tonnes par mois. Par an, nous exportons en moyenne 16 conteneurs. L’Asie est notre destination privilégiée.
Quelles sont vos différents produits ?
Nous avons les amandes de cajou grillées et salées, les amandes enrobées au chocolat et au gingembre que nous proposons au niveau local et les amendes blanches, les plus prisées, que nous exportons. Tous ces produits sont disponibles pour l’instant au sein de notre département de Treichville Zone 3.
Quelles sont vos perspectives pour 2020
Nos perspectives pour 2020, c’est de satisfaire la clientèle qui a déjà fait les premières commandes et augmenter notre capacité de production qui est actuellement de 1 000 tonne par an. Donc l’objectif, c’est de doubler voire tripler la production en se dotant de deux autres machines de décorticage, en augmentant la capacité de notre four à 1 tonne et en recrutant par la même occasion du personnel.
Et pour reprendre les mots de la fondatrice présidente directrice générale, Mme Amoikon Fauquembergue Marie Agathe, «2020 sera pour nous l’année de la confirmation», parce que nous allons sortir le grand jeu au plan national et internationale et cela a déjà commencé avec notre participation au SARA. Pour cette nouvelle année, nos produits seront disponibles dans presque toutes les grandes surfaces.
Pensez-vous pouvoir tenir ce pari ?
Oui nous pensons pouvoir tenir ce pari car, c’est la volonté de la PDG et tout le personnel s’inscrit dans cette vision.
Que pensez-vous du domaine de la noix de cajou ?
Je pense que le domaine de la noix de cajou est un domaine porteur, un secteur pourvoyeur d’emploi surtout pour les jeunes. C’est pourquoi, j’invite les investisseurs et les jeunes à s’intéresser à la culture de l’anacarde.
Le président Alassane Ouattara a annoncé, au cours de l’une de ses récentes visites d’Etat, que des usines de riz, de coton et bien d’autres cultures seront bientôt rouvertes. Que pensez-vous de cette annonce du chef de l’Etat ?
Je pense que cela augure d’un avenir meilleur et c’est à travers ce genre d’action, que je salue au passage, que nous allons arriver à créer plus d’emploi et de croissance. En effet, la réouverture de ces usines va non seulement valoriser le travail des paysans mais, permettre de réduire aussi l’importation de plusieurs céréales et denrées alimentaires telles que le sucre, le riz. Ce qui fera des devises à gagner pour l’Etat qui pourront être réinjecter dans la construction d’autres usines. Cette action du chef de l’Etat va permettre également à nos régions de se développer et de ne plus dépendre seulement des cadres. Elle va permettre enfin de valoriser nos produits locaux et certaines cultures qui n’avaient pas grande valeur telle que l’anacarde.
Sur l’amélioration et la stabilisation du prix de l’anacarde pensez-vous que les lignes bougent ?
C’est trop tôt pour le dire. L’amélioration ne pourra être observé qu’à partir de la campagne prochaine février-mars 2020. Nous pourrons alors apprécier en ce moment les reformes prises par le gouvernement dans ce secteur.
L’année dernière, le prix de l’anacarde était de 150 francs alors que l’année qui a précéder, nous étions à 500 francs. A certains endroits on avait atteint même des pics de 600 francs. Donc descendre de 600 à 150 francs aujourd’hui, c’est difficile.
Je me rappelle qu’on achetait l’anacarde à 50 francs, 100 francs certaines fois. Et aujourd’hui, voir le prix de l’anacarde passé à 500, 600 FCFA, cela est une très bonne chose pour toute la filière anacarde. Si cette amélioration intervient réellement, ça sera bénéfique pour les paysans.
Toutefois, l’Etat doit prendre des mesures à même de pouvoir maintenir voir stabiliser le prix d’achat de cette culture.
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou avec plus 750 000 tonnes par an. L’Inde et le Vietnam sont les deux plus gros consommateurs dans le monde. Mais les deux réunis n’arrivent pas à battre le record de la Côte d’Ivoire car ne produisant que 660 000 tonnes. Pourtant, la Côte d’Ivoire ne jouit pas véritablement de son rang. Comprenez-vous cette situation ?
C’est vraiment dommage. Je pense que la Côte d’Ivoire mérite plus d’attention que ça soit au plan national qu’internationale. Pour ma part, un prix minimal de 300 ou 400 francs serait bon. A ce niveau également, l’Etat doit pouvoir suivre et assurer l’effectivité de ces prix sur le terrain.
Interview réalisée par Boubakar Barry
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