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Trahi et excédé, un ex-combattant menace : ‘’Je rejoins les djihadistes, s’ils me sollicitent…’’


lepointsur.com (Abidjan, le 2-7-2015) Binaté Moussa, dit « Sobadé » ex-combattant, par ailleurs, chef de casernement à la Brigade Anti-Emeute (BAE de Yopougon), où il est arrivé depuis 2011 avec une vingtaine d’éléments dénonce avec la dernière énergie l’ingratitude du régime, non sans menacer de s’allier aux terroristes qui menacent la Côte d’Ivoire. Et pourtant, que de sacrifices consentis par ce combattant, fidèle parmi les fidèles qui à visage découvert affirme assumer toutes les déclarations à nous faites.

Plusieurs fois menacé de mort, victime de cambriolage et de pillages de la part d’inconnus à la BAE, Binaté Moussa n’a pour autant pas renoncé à servir avec loyauté le régime et son mentor, le Président Alassane Ouattara. Pour autant aimait-il affirmer : « Je ne trahirai jamais la lutte que moi-même j’ai menée (…) Ceux qui sont contre moi aujourd’hui font de la délation, de l’intoxication. Ils mentent sur une personne qu’ils ne connaissent pas. Je ne peux pas lutter pour qu’une personnalité comme Alassane Ouattara qui était dans la vérité, soit au pouvoir et être contre lui, comme ils le soutiennent pour se dédouaner. » Nous confiait-il au cours d’un entretien que nous avons eu avec lui le jeudi 22 janvier 2015. Aujourd’hui, ces propos semblent être un lointain souvenir pour celui qui parlant de la situation qui prévalait à cette époque, dans la caserne où il résidait disait : «  la BAE est divisée en deux blocs. Le premier est occupé par les éléments du Commandant de la zone 1/Force d’Intervention Rapide (FIR) 8, basée à Yopougon, sous la direction  d’Inza Fofana dit ‘’Gruman’’, par ailleurs Commandant du Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles (CCDO), et le second par les éléments du capitaine ‘’Dazelor’’, qui sont d’ailleurs les plus nombreux(…) Si le capitaine Dazelor était là, je n’aurais pas été cambriolé.» A-t-il regretté. A travers ces propos, l’on peut avancer que Binaté Moussa prédisait ce qui allait se passer plus tard.

L’homme qui a joint notre rédaction par téléphone est un homme dépité, sans repère qui ne sait plus à quel saint se vouer. C’est avec la gorge nouée et une colère indescriptible qu’il nous fait part de sa déception et surtout de la trahison dont il a été l’objet. « A cause de ce régime, je n’ai plus de repère. J’ai perdu ma dignité et mes valeurs. Je suis réduit aujourd’hui à la mendicité. En tout cas, je vous dis que le pouvoir a fabriqué des monstres… » A menacé celui qui soutient avoir été de presque tous les combats du parti au pouvoir. « J’ai été arrêté en 1995 lors du boycott actif et jeté en prison à Agban. Trois ans plus tard en 1998, j’ai été également arrêté lors de la marche du Front républicain et gardé à vue à l’école de police. En 2001, c’est le même scénario lors d’une marche après la découverte du charnier de Yopougon où, j’ai été conduit à l’école de police. » A renchéri l’ex-élément du Commandant « Dazelor », visiblement très remonté contre sa hiérarchie et le régime d’Abidjan qu’il accuse de tous les péchés d’Israël.

« Si je suis contacté par les djiadistes, je leur offrirai mes services. J’ai tout perdu pour ce pouvoir ingrat. Mon appartement a été pillé et mes biens personnels emportés. J’ai soif de justice.   Je croupis dans la misère. J’ai aussi droit à la vie. Mieux vaut mourir en martyr. » A martelé Binaté Moussa.

Combien sont-ils, les ex-combattants qui se retrouvent aujourd’hui dans la même situation que Binaté Moussa ? La question mérite d’être posée. Tant, il ne se passe pas de mois sans qu’il ait des mouvements d’anciens combattants, surtout dans les rangs des démobilisés, dont l’opération a pris fin à la fin du mois de juin 2015. Au moment, où l’on approche allègrement vers la présidentielle d’octobre 2015, les autorités ivoiriennes qui sont d’ailleurs interpellés gagneraient à appeler tout le monde à la table de discussion pour apaiser les cœurs.

EKB

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