Trafic illicite de Diamant/ L’ex-comzone « Wattao » dans le viseur de l’ONU
Les experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire ont publié le 17 avril un nouveau rapport. Ils affirment que « les mesures et les restrictions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU n’empêchent toujours pas le trafic illicite de diamants bruts ivoiriens » et accusent l’ancien « comzone » Issiaka Ouattara, dit Wattao, d’en profiter.
En avril 2013, les experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire dénonçaient « le pouvoir et l’influence croissants dont jouissent les réseaux d’anciens membres des Forces nouvelles de par leur intégration aux corps réguliers chargés de la sécurité » comme le « contrôle qu’ils exercent sur diverses activités économiques illégales ou informelles ».
Dans leur dernier rapport rendu public le 17 avril, les cinq experts (Raymond Debelle, Eugene Rutabingwa Fatakanwa, Joel slak, Roberto Sollazzo et Manuel Vasquez-Boidard) accusent l’un d’eux, le commandant en second de la Garde républicaine, Issiaka Ouattara, dit « Wattao », de participer au non-respect de l’embargo sur l’exportation de diamants.
L’ONU s’est notamment penchée sur la zone d’extraction de Séguéla (centre-ouest) dont « Wattao » était le commandant jusqu’en août 2011. « Le Groupe est à même de confirmer que les principaux négociants de diamants y payent des éléments des FRCI sous le commandement d’un capitaine connu sous le nom de « Delta » et d’un lieutenant Djomane Ayba, deux seconds de l’ancien commandant de zone Wattao, pour être autorisés « à faire le commerce des diamants bruts et à les exporter illégalement« , peut-on lire dans le rapport.
Document issu du rapport des experts de l’ONU
Après plusieurs visites de terrain et des observations aériennes, « le groupe a réuni des éléments de preuve très probants indiquant que les paiements liés à la vente de diamants bruts ivoiriens, qui s’effectuent entièrement en numéraire et ne sont pas enregistrés, continuent d’être utilisés pour apporter un appui aux éléments des FRCI qui sont sous le contrôle de Wattao« .
À Séguéla, le principal acheteur de diamants s’appelle Sekou Niangadou, affirment les experts de l’ONU. Ce Malien est également le principal importateur de motocyclettes du nord de la Côte d’Ivoire et gère plusieurs bureaux de négoce de produits agricoles.
L’homme se rend en moyenne deux fois par mois au Mali, en Guinée et au Libéria pour faire sortir en contrebande des diamants bruts hors de la Côte d’Ivoire. Il a affirmé au groupe d’experts qu’il versait « un pourcentage aux forces de sécurité » de Séguéla, qui sont sous le contrôle d’hommes liés à Wattao, afin de pouvoir opérer librement. Les experts disent craindre que ces « fonds ne servent à acheter des armes et du matériel connexe en violation du régime des sanctions ».
Le rapport de l’ONU lie également « Wattao » au trafic de l’or. Il contrôlerait son extraction artisanale « dans la ville de Doropo (Nord-Est), site exploité au titre d’une « concession » par des ressortissants burkinabè. Il en aurait cédé les « droits d’exploitation » pour 25 millions de francs CFA (50 000 dollars), et « perçoit en sus des revenus mensuels qui s’élèvent à 60 millions de francs CFA (120 000 dollars)« .
Avec Jeuneafrique.com