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Théâtre d’un décès


20140416_102303 (Mobile)Déjà un mois que la saga relative à l’affaire Awa Fadiga a bouleversé la vie en Côte d’Ivoire. Le théâtre n’a pourtant pas fini d’être écrit.

Le gouvernement Ivoirien a limogé des responsables du Centre Hospitalier de Cocody avant que les résultats d’une enquête relative  au degré de responsabilité de chacun soient établis et connus de tous. Madame Raymonde Goudou, Ministre de la santé avait pourtant félicité le personnel en service ce fameux jour du 24 Mars 2014. Elle a l’heureux bonheur d’être toujours en poste. Première responsable de ce qui est de la santé dans ce pays tandis que ces pauvres demis de leur fonction, ont juste eu le malheur d’être de service ce jour triste. Mais, silence, La Côte d’Ivoire est au travail !

L’argent aussi est au travail. S’il ne travaillait pas il aurait sûrement servi à réhabiliter un des scanner qui pour beaucoup, à lui seul aurait sauvé la vie d’une jeune, belle mannequin…. On ne le verra pas de sitôt cet argent, il travaille dit-on. On ne pourra non plus le démettre de sa noble et haute fonction. Ici-bas comme partout ailleurs l’argent est le maitre absolu.

Non, les médecins ne devront pas grever pour faire parler leur solidarité mutuelle et collective en réponse aux récentes mesures qui ont visés certains des leurs.   Hippocrate de son vivant n’a jamais été gréviste. C’aurait été si beau, si profond et noble que ces mêmes médecins auraient grevé pour signifier à tous  les conditions difficiles dans lesquelles, ils étaient contraints d’exercer.Etrange que leurs grèves soient toujours autour de la seule question financière. Vous désirez plus d’argent alors qu’il sert à nos routes et ponts ? Eh bien travaillez maintenant ! Un arrêt de travail en représailles ne fera que plus de victimes.

M’enfin, il a été dit que c’était « écrit », « maktoub »… C’est d’ailleurs ce qui s’est dégagé de la conférence de presse qu’a animé le Collectif Awa Fadiga, le 16 Avril 2014 à la mairie d’Adjamé. Il en est ressortie qu’au-dessus de tout, la famille de la jeune défunte accepte et considère son départ comme la volonté manifeste de Dieu. Allah l’a créé, Allah l’a reprise !

Allons-nous donc démettre Allah de ses fonctions? Les conférenciers ont souligné que ce qui était arrivé était du destin d’Awa mais « qu’ils étaient indignés de la façon dont elle était partie ». Elle devrait mourir mais bien mourir ? Le Noble Quran dit : «  Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité » (Quran 2 : 285). Qui sommes-nous donc pour imposer – veuillez m’en excuser – un style de mourir etnotre volonté à Dieu ? C’est écrit : « Ne sais-tu pas que Dieu connait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Tout est inscrit dans un registre. Et tout cela est bien facile pour Dieu. » (Quran 22 :70).

Non, nous ne sommes pas fatalisteset uniquement réduits à avoir les bras croisés. Certes nous devons nous mouvoir dans l’absolu du cercle de nos possibilités que Dieu, Allah a mis à notre portée. Le Président du Collectif Awa Fadiga le corrobore en disant que nos moyens sont la force de nos convictions.

La mère de Awa, mais surtout celle du mannequin en prenant la parole a fait vite de dire « merci » à Mme Dominique Ouattara qui 20140416_110736 (Small)l’a appelée plusieurs fois. Vives clameurs dans la salle de la mairie… « Merci » à la première vice-présidente de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, aux femmes leaders et toutes celles restées dans l’anonymat. « Merci » au Maire d’Adjamé. Vraiment merci, sous ce terrible soleil, on a eu droit à une salle climatisée. Enfin « merci » à l’Union Nationale des Miniers de Cote d’Ivoire. Des remerciements pour tous ceux qui de près ou de loin ont compatis à leur triste douleur afin que, comme si bien dit par le CAF, aucune âme vienne à se perdre dans de pareilles circonstances.

La mère d’Awa, les larmes aux yeux, la voix en sanglot concluait son discours en évoquant : « Hier la femme Ivoirienne violée en cette fâcheuse période de guerre ne peut-elle pas se protéger en période de paix ? »et poursuivant : «  La femme n’a-t-elle pas de valeur aux yeux des ivoiriens ? »

Hélas !

Désormais la bâche ternie par le soleil a fait place à une neuve, érigée à l’honneur d’Awa Fadiga à Williamsville en face de son domicile. Y est inscrit : LE MANNEQUIN, Awa Fadiga, DCD 24 .03 . 2014 …

Dans ce regrettable théâtre que vit la Côte d’Ivoire, Est –il question du décès tragique du mannequin ou à dessein du rappel à Allah d’Awa Fadiga ?Où devrions-nous porter réparation ? Quelles sont les fautes ? Les fautifs ? Sommes-nous dans cette tacite attente du drame prochain pour des mises en scènes de renvois en lieu et place de solutions  concrètes et effectives.

Beaucoup d’interrogations, une boucle ouverte… Notre profond souhait soit que la certitude de cette tragédie engendre l’éveil d’une certaine conscience nationale. Non pas exclusivement et uniquement médicale mais professionnelle à tous les niveaux de notre jeune et frêle nation. Ainsi oserons-nous espérer qu’à quelque chose malheur serait donc bon.

EYANN

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