Terrorisme/Un jihadiste présumé ayant voyagé avec un proche des frères Kouachi renvoyé en France par Ankara


PARIS (AFP) –

| Le drapeau d'un groupe jihadiste peint sur un mur d'Alep, en Syrie, le 18 novembre 2014

| Le drapeau d’un groupe jihadiste peint sur un mur d’Alep, en Syrie, le 18 novembre 2014

Il avait tenté de gagner la Syrie après avoir voyagé avec un proche des auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo: intercepté en Turquie, Cheickou Diakhabi a été mis en examen jeudi soir à Paris et écroué.

Ce Parisien de 29 ans, connu des services antiterroristes pour avoir combattu en Irak en 2004, a été interpellé le 2 janvier à la frontière entre Turquie et Syrie avec sa compagne, Imané Chanaa, et leur enfant en vertu d’un mandat d’arrêt européen délivré par un juge parisien.

La famille avait quitté la France avec un autre homme, Fritz-Joly Joachin, 28 ans, qui a pour sa part été intercepté en Bulgarie. Joachin, qui a reconnu connaître de longue date les tueurs de Charlie Hebdo, Saïd et Chérif Kouachi, est également soupçonné d’avoir voulu se rendre en Syrie.

Joachin nie tout lien avec les attentats, mais ces interpellations en Turquie et Bulgarie renseignent sur le complexe travail de vérifications des trois juges antiterroristes désignés mardi pour enquêter sur les attentats parisiens.

Cheickou Diakhabi a finalement été renvoyé en France mercredi par les autorités turques et mis en examen jeudi pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme », a appris l’AFP de source judiciaire. Son placement en détention provisoire a été ordonné dans cette enquête ouverte le 11 janvier, distincte de celle sur les attaques des 7, 8 et 9 janvier.

– De Falloujah aux Buttes Chaumont –

Diakhabi avait été capturé par les Américains à Falloujah, en Irak, en novembre 2004, alors qu’il combattait au sein de l’insurrection sunnite. Ce qui lui a valu de purger en Irak une peine de sept ans de prison.

Un temps domicilié près du Bassin de La Villette, dans le XIXe arrondissement de Paris, il était cité dans l’enquête sur la filière des « Buttes Chaumont », démantelée en 2005, qui visait à envoyer des jihadistes dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Une enquête dans laquelle Chérif Kouachi a été condamné.

C’est notamment à ce titre que Diakhabi est susceptible d’intéresser aussi les juges qui enquêtent sur les attentats de Paris.

Les enquêteurs s’intéresseront aux raisons qui l’ont poussé à quitter la France en famille en compagnie de Joachin, Français d’origine haïtienne qui voyageait, lui, avec son fils de trois ans.

S’inquiétant que Joachin ne cherche à emmener son garçon en Syrie, sa mère avait alerté la justice française qui avait ouvert une enquête pour « soustraction d’enfant ».

Un mandat d’arrêt lancé dans cette procédure a permis l’interpellation de Joachin le 1er janvier en Bulgarie, à bord d’un car à la frontière turque.

« Il a dit au tribunal qu’il était l’ami de longue date » de Chérif Kouachi mais « qu’il ne pouvait être tenu responsable » des ses actes, avait dit le procureur général du tribunal bulgare qui a ordonné mardi l’extradition de Joachin en France, attendue dans les prochains jours.

N’étant pas visés par cette procédure, Diakhabi, sa compagne et leur enfant étaient quant à eux parvenus à entrer en Turquie.

Imané Chanaa, la compagne de Diakhabi, a été placée en garde à vue à son retour en France.

Si elle intéresse les enquêteurs, c’est notamment au travers de son frère Younès, 25 ans, écroué depuis novembre 2013 car soupçonné d’avoir joué un rôle « prépondérant » dans l’envoi de jihadistes vers la Syrie, dans le cadre de la filière dite du Val-de-Marne.

Ce n’est pas la première fois que l’enquête sur les tueries qui ont fait 17 morts à Charlie Hebdo, à Montrouge et dans un supermarché casher établit des connexions avec d’autres dossiers jihadistes.

Ainsi, sont déjà apparus les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, dont le premier a été condamné à un an ferme en juillet pour son appartenance à une filière qui envoyait des jihadistes dans la zone pakistano-afghane à la fin des années 2000. Ils sont soupçonnés d’avoir accompagné début janvier en Syrie Hayat Boumeddiene, la compagne d’Amédy Coulibaly, le tueur du supermarché casher.

Par Jacques CLEMENT

 

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