[Tensions politiques à Doropo] Les déclarations incendiaires d’un député qui risquent d’envenimer les relations intercommunautaires
Abidjan, le 26 janvier 2024 (lepointsur.com) En cette période de fragilité de la cohésion sociale, les événements à Doropo suscitent des préoccupations, particulièrement en raison des actions du député de la circonscription. Lors d’une réunion tenue la semaine dernière à Doropo, en présence des chefs de villages Lobi, l’honorable Noufé Sansan de Doropo, Kalamon, Danoua et Niamoin, ne s’est pas ménagé dans ses déclarations.
S’exprimant dans sa langue maternelle à la demande de ses hôtes, le Lobi, Noufé Sansan, a habilement critiqué les hommes et femmes politiques de sa région lors de la réunion. Cet élu national, se vantant d’être le champion exclusif de la cause Lobi, a insisté sur le fait qu’il est le seul capable de protéger et de favoriser l’avenir de leurs enfants.
« Si vous arrivez à un corridor qu’il y a 5 gendarmes et que parmi eux il y a 2 Lobi, est-ce que ces 2 Lobi-là permettront qu’on vous maltraite ? S’il y a 5 agents des Eaux et forêts qui veulent vous fouiller pour voler votre or et qu’il y a 2 Lobi parmi eux, permettront-ils qu’on vous maltraite ? Quand vous allez à la maternité pour accoucher, les sages-femmes vous giflent en vous demandant de pousser alors que ça fait mal. S’il ya des sages-femmes Lobi, est-ce qu’elles permettront cela ? Depuis que moi Koulanfrité Sansan Noufé je suis devenu député, j’ai aidé 27 personnes à rentrer a l’Infas. Vous qui êtes assis ici, nombreux d’entre vous savent que j’ai permis à leurs enfants d’entrer à la Police et à la Gendarmerie« , a-t-il clairement dit dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook officielle en direct de ladite réunion, qui a été plus tard retirée suite à une levée de bouclier que ce discours clanique, d’ailleurs mal perçu par les autochtones Koulango et les autres communautés constituées de Malinké et de ressortissants de la CEDEAO, a suscitée.
Jouant ainsi sur la victimisation du peuple Lobi, ce député pose les germes d’une certaine déchirure sociale, selon les réactions exprimées par bon nombre d’habitants de cette région de la Côte d’Ivoire régulièrement secouée par des menaces djihadistes.
Pour rappel, le député Noufé Sansan, anciennement secrétaire départemental du RHDP, a été élu au cours de la législature passée Sénateur indépendant du Bounkani contre le candidat officiel du RHDP avant de ramener sa victoire au parti présidentiel.
Pour la législature actuelle, il a également été élu député indépendant avant de revenir encore dans sa maison politique. Mais aussi, au cours des dernières élections municipales et régionales, il a soutenu un candidat indépendant à la mairie de Doropo et cela lui a valu d’être suspendu par son parti, le RHDP. Toute chose qu’il ne reconnaît pas devant son auditoire de cette réunion tant décriée.
« Ecoutez-moi bien, moi Sansan Noufé, je reste et demeure le député de Doropo jusqu’en 2026 et je demeure le départemental RHDP de Doropo. C’est moi qui choisis tout le monde et les mets où je veux […] Il y a plusieurs personnes ici, je vais arracher leurs dabas dans ces jours-là. Faire semblant d’être avec moi alors que c’est faux, je vais t’enlever. C’est moi le père de famille. Je ne m’amuse pas« , a-t-il publiquement défié les autres cadres.
Beaucoup d’observateurs pensent d’ailleurs que c’est cette suspension qu’il a du mal à digérer qui fait l’objet de sa colère actuelle et qui l’amène à vouer aux gémonies les hommes et femmes politiques de sa région et surtout ses aînés de qui il dit n’avoir rien fait pour la localité.
« Si le travail que moi je fais aujourd’hui, mes prédécesseurs l’avaient fait, le mur serait monté et c’est la toiture qui resterait. Mais malheureusement nous sommes à la fondation au jour d’aujourd’hui », a-t-il lancé. »
Alors que la région de Doropo est régulièrement secouée par des menaces djihadistes, les déclarations de Noufé Sansan risquent d’exacerber les tensions et de fragiliser davantage la cohésion sociale. Les observateurs soulignent l’importance de résoudre ces tensions politiques pour préserver la stabilité de la région.
FMK