Syrie: Daech s’empare de la totalité de la cité antique de Palmyre après de violents combats
The HuffingtonPost nous informe que l’Etat islamique s’est emparé entièrement jeudi de la ville antique de Palmyre dans le désert syrien, le groupe extrémiste contrôlant désormais la moitié du territoire syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’OSDH et des militants ont affirmé à l’AFP que les troupes du régime syrien s’étaient retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment des renseignements militaires de toute la Badiya (désert syrien), l’aéroport militaire et la prison dans lesquels les jihadistes de l’EI se sont introduits dans la nuit.
« Les troupes du régime se sont effondrées et se sont retirées de toutes leurs positions sans résistance », a affirmé de son côté Mohammad Hassan al-Homsi, un militant originaire de Palmyre.
D’après l’OSDH, les troupes du régime syrien se sont retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment des renseignements militaires de toute la Badiya (désert syrien), l’aéroport militaire et la prison dans lesquels les jihadistes de l’EI se sont introduits dans la nuit.
Un trésor historique et archéologique
« Les gens ont très peur », a affirmé un militant sur place via internet à l’AFP. Une source de sécurité syrienne a assuré que les jihadistes avaient pénétré dans la partie nord de Palmyre mais que « des combats de rue » s’y poursuivaient. L’avancée des jihadistes, qui ont lancé le 13 mai l’offensive contre Palmyre dans le centre du pays en guerre, est intervenue après la prise du bâtiment des renseignements généraux. Samedi 16 mai, Daech était déjà parvenu à prendre la majeure partie du nord de la ville avant d’en être chassé par l’armée.
Contacté par l’AFP, le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim, a affirmé que « la situation était très mauvaise », s’inquiétant du sort du site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité. L’Unesco a tiré la sonnette d’alarme dès le début de l’offensive jihadiste sur Palmyre, qui a fait des centaines de morts. Daech a déjà détruit des trésors archéologiques en Irak. La cité, vieille de plus de 2.000 ans, abrite les ruines monumentales d’une grande ville qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture unit aux Ier et IIe siècles les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse.
Ci-dessous, la carte des nombreux sites historiques qui ont été ciblés depuis plusieurs années par des groupes armés islamistes:
« Palmyre est le site d’un extraordinaire héritage mondial dans le désert, et toute destruction à Palmyre serait non seulement un crime de guerre, mais aussi une énorme perte pour l’humanité », s’est inquiétée jeudi la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, dans une vidéo mise en ligne par l’organisation internationale.
Palmyre revêt une importance stratégique pour Daech puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d’Al-Anbar en Irak, qu’il contrôle déjà en grande partie. C’est justement la capitale d’Al-Anbar, Ramadi, que les jihadistes ont pris dimanche, infligeant un important revers au pouvoir irakien et aux Etats-Unis, leur principal allié dans la lutte antijihadistes. Ce sont les milices chiites soutenues par l’Iran qui devront prendre la tête de la contre-offensive pour reprendre Ramadi, après l’appel à l’aide lancé par le gouvernement à majorité chiite de Haider Al-Abadi.
La reconquête de Ramadi
Les Etats-Unis ont eux annoncé leur intention d’accélérer la formation des tribus sunnites pour qu’elles aident à reprendre ce chef-lieu de la plus vaste province d’Irak d’où ont fui quelque 40.000 personnes ces derniers jours. « Nous étudions comment soutenir le mieux possible les forces au sol à Al-Anbar, en particulier en accélérant la formation et l’équipement des tribus locales et en soutenant l’opération pour reprendre Ramadi », a dit le Conseil de sécurité nationale (NSC).
La prise de Ramadi est la victoire la plus significative du groupe ultraradical sunnite depuis qu’il a conquis de vastes régions en Irak à la faveur de son offensive en juin 2014, qui a entraîné une campagne aérienne internationale dirigée par les Etats-Unis pour aider l’armée à reprendre du terrain. Washington a aussi envoyé des armes et des milliers de conseillers militaires pour entraîner aussi bien les soldats irakiens que les combattants de tribus sunnites.
Des conseillers américains sont notamment présents dans la base Al-Assad, dans Al-Anbar, près de laquelle la coalition a mené des frappes contre l’EI ces dernières 24 heures. Le ministre iranien de la Défense Hossein Dehgan, en visite à Bagdad, a affirmé que « soutenir l’Irak face aux crises sécuritaires fait partie de la politique immuable de l’Iran ». Les Etats-Unis ont admis que la chute de Ramadi située à une centaine de km de Bagdad représentait un « revers » et que les milices chiites avaient désormais « un rôle à jouer tant qu’elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien ».
Les milices chiites étaient jusque-là tenues à l’écart d’Al-Anbar pour éviter de s’aliéner la population majoritairement sunnite de la province en grande partie contrôlée par l’EI. Une conquête totale d’Al-Anbar permettrait à l’EI de renforcer sa présence aux confins de la région de Bagdad, de la Syrie, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie. Fort de dizaines de milliers d’hommes et responsable de multiples atrocités, le groupe jihadiste a proclamé un califat sur les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak.