Selon Laurent Gbagbo « Alassane Ouattara n’est jamais arrivé deuxième au premier tour de la présidentielle de 2010 »
Dans un livre en librairies depuis ce jeudi, 26 juin, intitulé « Pour la vérité et la justice », cosigné avec le journaliste François Mattei, Laurent Gbagbo écrit sa version de la crise ivoirienne, depuis sa cellule de Scheveningen, près de La Haye.
Se sentant trahi, se dressant volontiers en martyr de l’indépendance africaine vis-à-vis de la « Françafrique », Chantre de la rupture entre l’Afrique et les réseaux de la « Françafrique », l’ancien président ivoirien est intarissable, bien aidé par la plume convaincue du journaliste François Mattei, qui l’a rencontré à de multiples reprises.
Les élections et la CPI
« Ma stratégie a réussi, j’ai gagné les élections (…). Alassane Ouattara n’est jamais arrivé deuxième, et n’était donc pas qualifié pour le second tour. C’est Bédié qui était deuxième. Bédié, c’est Ésaü : il a vendu son droit d’aînesse contre un plat de lentilles. »
« J’ai toujours joué le jeu des élections (…). Et finalement, c’est ça que l’on me reproche : être le porte-parole du peuple. (..) Combien sont-ils les dirigeants africains qui représentent le peuple ? Ils se comptent sur les doigts d’une main. Pourquoi n’ai-je pas été élu avec 80% (…) ? C’est apparemment plus crédible en Afrique (…) ! Au moment où il avait obtenu un de ses scores soviétiques, en 2003, (…) Blaise me menaçait déjà de la CPI. (…) Il est vrai qu’il exprimait les vœux secrets de ses maîtres français. »
« À Korhogo, (…) on était, mon médecin et moi, dans une toute petite maison, une baraque de trois pièces(…). Je n’avais pas l’autorisation de mettre le nez dehors. (…) Une femme, que je ne connaissais pas, venait nous porter les repas, (…) calculés pour nous affaiblir. Si j’ai pensé être empoisonné, oui, ça m’est arrivé. (..) Je tournais en rond (…). Ils m’auraient tué à petit feu. »
« Mes avocats ont su retourner complètement la situation. (…) Désormais, tout le monde sait que les éléments présentés par le procureur (…) ne résistent pas à l’analyse. (..) Pourquoi ne s’intéresse-t-il pas aux élections ? Car après tout, c’est simple : si je les ai perdues, on peut discuter. Mais si je les ai gagnées, alors tout s’écroule. (..) Pourquoi Ouattara et ses soutiens français n’avaient-ils qu’une crainte pendant la crise, que l’on parvienne à un accord qui prévoie le recomptage des votes (…) ? »
Le cacao et le franc CFA, des causes de la chute
« Pour savoir si on était à la veille d’un coup d’État en Côte d’ivoire, ces dernières années, il suffisait de regarder le cours du cacao ! (…) En 2007, j’avais lancé une grande enquête sur la filière (…), il y a avait eu de nombreuses arrestations, le nettoyage était en train de se faire. (…) Tout menait à des abus et des fraudes caractérisés de la plupart des exportateurs au détriment de l’État et des planteurs, et à la complicité de certains ministres. J’en connais qui ont tourné casaque pendant les dernières élections pour passer dans le camp d’en face et se mettre au sec… »
« La Côte d’Ivoire est la pierre d’achoppement indispensable de la zone franc en Afrique de l’Ouest. C’est la raison pour laquelle il vaut toujours mieux avoir à sa tête quelqu’un qui ne remettra rien en cause. (…) La Côte d’ivoire avait les moyens de quitter cette dépendance de la zone franc, même seule, et je m’apprêtais à le faire, c’est pourquoi on a voulu m’empêcher de poursuivre ma route. Un président du FMI (…), je comprends que c’était préférable à Laurent Koudou Gbagbo. »
Jean-Baptiste Kouadio avec Rue86 extrait du livre de L. Gbagbo et F. Mattei
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.