Sacrilège-Le roi des anoh, Nanan Akou Morou II abandonné par ses collègues en prison #civ
La Côte-d’Ivoire inaugure un siège pour ses rois et chefs traditionnels à Yamoussoukro
Les rois et chefs traditionnels ont souhaité vendredi que le président ivoirien Alassane Ouattara « continue d’accompagner la Côte d’Ivoire même quand il aura arrêté de la diriger directement » en 2020, à l’inauguration de leur siège à Yamoussoukro (Centre, capitale politique).
« Si les hommes et les femmes veulent le libérer en 2020, nous ne lui accorderons pas de retraite », a affirmé Amon Tanoé, rois des N’Zima Kôtôkô (ethnie au sud ivoirien), à l’installation du directoire de la chambre des rois et chefs traditionnels qui ont depuis 2014, un statut de reconnaissance administrative.
« Nous souhaitons qu’il (le chef de l’état) continue d’accompagner la Côte d’Ivoire même quand il aura arrêté de la diriger directement », a indiqué M. Tanoé.
- Ouattara, candidat à sa succession à la présidentielle d’octobre avait annoncé qu’il ne sera « plus candidat en 2020 », assurant qu’il respectera la constitution ivoirienne qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Edwige FIENDE
EFI
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Suite à leurs persécutions à Famienkro/ Des révélations troublantes, pathétiques et insolites de deux rescapés à Abidjan
Les précisions de l’avocat du roi de Famienkro sur la détention préventive de son client, à M’Bahiakro
-Des élus locaux cités
-Que de zones d’ombre !
Abidjan, le 7-09-15 (lepointsur.com)-Le très controversé feuilleton du litige foncier de Famienkro, dans le département de Prikro est loin de connaître son épilogue. Tant, au fil des jours, cette affaire qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive connaît des rebondissements les uns aussi pathétiques, rocambolesques, incroyables…que les autres. Faisant de ce feuilleton un véritable puzzle dont les contours et le dénouement restent non seulement incertains, mais réservent bien de surprises. En témoigne les révélations troublantes de deux rescapés et réfugiés de Famienkro (Prikro), après les violents et meurtriers affrontements entre les populations et les agents de la Brigade de gendarmerie de Prikro.
Persécutés comme des pestiférés dans leur propre pays…
Il était environ 7 heures GMT, ce mercredi matin, 2 septembre 2015, lorsque notre équipe de reportage a pris position dans un quartier dans le Nord du District d’Abidjan pour pouvoir rencontrer des présumés rescapés des affrontements entre les populations de Famienkro et les éléments de la Brigade de gendarmerie de Prikro. En effet, informée la veille par une source proche du dossier, notre équipe de reportage a pris le soin de prendre certaines dispositions pour les rencontrer aux fins d’un éventuel entretien.
Une heure de tractations pour obtenir un entretien
En effet, depuis environ deux mois, suite à cette affaire qui tire son origine d’un conflit foncier à Famienkro, département de Prikro dans la région de l’Iffou, entre les populations et la gendarmerie, le roi des anoh, Nanan Akou Morou II est en détention préventive et détenu avec 90 autres personnes dont la reine-mère et ses notables à la prison de M’Bahiakro depuis le 22 juillet 2015.
Persécutés par les gendarmes, aidés de supplétifs Dozos (chasseurs traditionnels) et certains fils de la région selon des sources concordantes, après plusieurs jours de camouflages et de marches dans la brousse, transitant par Dabakala et Bouaké, 2 des fugitifs ont pu arriver dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire (Abidjan) après avoir passé plusieurs jours dans la brousse.
Après 2 heures de patience, nous sommes conduits au domicile du patriarche Kramo (c’est le nom à lui donné pour rester dans l’anonymat) dans un quartier du District d’Abidjan. Une fois sur place, nous avons pensé que nous étions au bout de nos peines. Que nenni ! Car bien qu’ayant répondu à l’appel du patriarche susmentionné, les refugiés ont pendant une heure d’échanges refusé de se prêter à nos questions. Tant, ils étaient encore sous le choc de la persécution dont ils font l’objet depuis environ plus d’un mois. Au finish, accepte t-il de répondre à certaines de nos préoccupations. Et cela, à une seule condition, que leur identité ne soit pas révélée et surtout que nous nous abstenions de faire des prises de vue.
N’ayant d’autre choix, que de nous plier à cette exigence, bien qu’elle ampute un pan de notre reportage que nous voulions complet et précis, nous avons acquiescé. « A l’impossible, nul n’est tenu » dit l’adage. En définitive, il est convenu que les échanges se tiennent en présence de notre source, de sa fille, du patriarche, et des deux réfugiés (dont une femme, par ailleurs, la compagne de frère de notre interlocuteur). La cinquantaine révolue, l’homme, mal rasé, les cheveux ébouriffés, le regard hagard et interrogatif affiche une mine de désespoir. Quant à la femme, la cinquantaine également révolue, enveloppant un boubou, dont il était difficile de donner une couleur exacte, encore moins un quelconque âge affichait une mine plutôt évasive. D’entrée, ils évoquent leurs craintes. Car, redoutant qu’ils soient repérés et arrêtés après cet entretien, parce que des informations en leur possession font état d’un éventuel « mandat d’arrêt contre eux», notre source et le patriarche faisant, preuve d’une capacité de conviction à nulle autre pareille ont finalement réussi à les rassurer quant à leur sécurité. L’entretien pouvait donc commencer autour de 11 heures GMT.
Des révélations troublantes, pathétiques, insolites…
A toutes fins utiles, après les violents affrontements entre une partie de la population de Famienkro et les éléments de la Brigade de gendarmerie de Prikro qui a officiellement fait deux morts, les villageois ont été contraints de se refugier dans la brousse pour éviter selon eux la furia des forces de l’ordre (gendarmes et supplétifs dozos). Au nombre de 09 personnes, dont des femmes et des hommes en âge très avancé, les villageois ont pris la direction de la brousse pour y trouver refuge. Sans vivres et bagages.
« Je ne me souviens plus du jour exact de notre fuite. Tellement, je suis terrorisé et apeuré. Toutefois, ce dont je me souviens, c’est que nous avons fui au lendemain de l’attaque du village et de la destruction de nos maisons, tard dans la nuit, aux environs de 3 heures du matin GMT. Aussi, je précise qu’étant malade, je n’ai pas pris part à l’affrontement parce que couché pour me reposer. Seulement, j’ai été informé de tout ce qui s’est passé, même de la mort de deux de nos frères qui sont tombés sous les balles des gendarmes qui ont attaqué le village, avec la complicité de certains de nos parents qui ont pactisé avec la société hévéicole CHC pour vendre nos terres. C’est vers 2 heures du matin dans la nuit du 22 au 23 juillet 2015 que les gendarmes sont arrivés dans le village. »
Celui qui s’exprime ainsi est le frère de l’un des villageois qui est porté disparu pour les uns et emprisonné actuellement à M’Bahiakro avec le roi Nanan AKou Morou II, ainsi que plusieurs autres villageois au nombre de 90 pour les autres.
« Pour quitter le village, loin des regards indiscrets, nous nous sommes réfugiés sous un manguier. Par la suite, nous avons parcouru environ 8 km à la marche. Au nombre de 09 personnes, nous avons fait tout ce trajet pour nous retrouver à la lisière du fleuve Comoé. Soudain, un coup de fil nous a informés que nous étions repérés par nos poursuivants, notamment les gendarmes et certains frères qui s’étaient mué en bourreaux. Le même coup de fil nous informe que depuis Bouaké, A.S., l’un de nos frères qui nous traite désormais de rebelles a donné des instructions pour qu’on nous arrête. Dès que nous nous sommes camouflés, nous avons aperçu les gendarmes qui nous cherchaient. Ayant coupé notre souffle et sans faire le moindre bruit, ils sont passés sans nous voir. Fatigués de nous rechercher, ils sont retournés sur leurs pas. C’est ainsi que la peur au ventre, nous avons repris notre marche en avant dans la direction du fleuve Comoé (…) (Cet entretien était régulièrement interrompu par des soupirs, voire des sanglots et des larmes). Une fois au bord du fleuve Comoé, il fallait organiser la traversée pour échapper à nos poursuivants», a renchéri notre interlocuteur, dont la peur se lisait sur le visage.
« Après la traversée, nous nous sommes retrouvés dans un village, dont je n’ai plus souvenance du nom. Là-bas, les villageois bien que voulant afficher leur solidarité à notre égard avaient des craintes, parce que nous apprendrions par la suite qu’un député de la région (Sandégué) avait interdit les populations de nous apporter assistance en cas de nécessité, au risque de subir des représailles. Il aurait même saisi le sous-préfet de Prikro afin que des GPS soit activés pour nous repérer où que nous soyons. Toutefois, un vieil homme a pris son courage à deux mains pour nous porter secours. De ce village, il fallait parcourir encore environ une quarantaine de kilomètres pour arriver à Dabakala, où nous espérions avoir un moyen de transport pour être à l’abri d’une éventuelle arrestation.
Peur, suspicion, méfiance et crainte, comme nouveaux compagnons
Au regard de tout ce qui s’est passé, nous ne pouvions plus faire confiance à quelqu’un, même à notre ombre, tant la corruption était de mise. Après avoir parcouru 45 km au bout de 21 jours, nous sommes arrivés dans un autre village. Au total, nous avons parcouru 8 villages. Après le dernier village, nous avons pris la direction de Dabakala. Malheureusement pour nous, nous avons rencontré une dame, dont le mari a été arrêté. Ayant reçu l’information selon laquelle, toute personne qui collaborerait avec les gendarmes serait récompensée, la dame en question a cru bon de nous dénoncer pour espérer une libération de son époux.
Evidemment, cette nouvelle menace a augmenté notre peur. Toutefois, grâce à la magnanimité de certains villageois nous avons pu échapper à cet autre piège. Pendant ce temps, nos économies qui s’élevaient à 28 000 FCFA avaient été dépensées qui pour notre déplacement qui pour notre alimentation. A cet instant précis, nous sommes informés qu’il fallait débourser la somme de 700 FCFA pour rallier la ville de Dabakala. Une fois à Dabakala, ma fille m’appelle et me demande de quitter dans les plus brefs délais la ville parce que les poursuivants nous avaient déjà localisés. »
Précise notre interlocuteur. A ce niveau de notre entretien, il a marqué une pause. Mieux, il a refusé de continuer l’entretien. Après notre insistance et celle du patriarche au domicile duquel, le rendez-vous a eu lieu et de notre source, cadre de la région, notre interlocuteur, a décidé de conclure entre deux sanglots.
« Etant très affecté par le mal qui me rongeait (il souffrait de douleurs au niveau des genoux), j’ai éprouvé l’envie de rester à Dabakala pour me rendre aux gendarmes. D’ailleurs, mon frère avait déjà été arrêté par ces derniers ; et je n’ai aucune nouvelle de lui. Après avoir été rassuré qu’il fallait poursuivre la marche, pour éviter de se faire prendre tous, je me suis finalement résolu à poursuivre la fuite. L’argument avancé était qu’il fallait que certains d’entre nous soient en liberté pour continuer la lutte. C’est au bout de plusieurs jours de marche supplémentaire, soit 21 jours que je suis arrivé à Abidjan très affaibli (il a des difficultés pour marcher, visiblement éprouvé par les marches dans la brousse.)(…) Nous avons peut-être été trahis par nos propres frères à cause des millions qu’ils ont reçus de certaines autorités politiques et administratives et surtout des responsables de la société hévéicole, nous ne baissons pas les bras pour autant. Dès que je serai en possession de mes forces, je vais retourner au village pour m’enquérir de l’évolution de la situation. Parce que, nous sommes convaincus que la vérité va triompher un jour», a conclu notre interlocuteur, visiblement dépité de la vie.
Des femmes, sans bain pendant 6 jours dans la brousse
Au nombre de 9, à avoir pris la fuite le même jour pour se cacher dans la forêt, ils sont deux rescapés à avoir rejoint Abidjan, où ils ont trouvé refuge. Parmi eux, une dame, la cinquantaine révolue, compagne du frère de notre interlocuteur qui s’est entretenu avec nous quelques minutes plus tôt. A la question de savoir ce que sont devenus les autres fugitifs, elle soutient « nous ne savons pas où ils sont. Pendant notre fuite, chacun a cherché à sauver sa peau. Nous nous sommes perdu de vue. Je suis restée avec le frère de mon compagne un moment avant de me séparer de lui pour le retrouver plus tard à Abidjan. Quant à mon compagne, nous n’avons véritablement aucune nouvelle crédible et exacte depuis que les gens ont parlé de sa capture par les gendarmes», a rétorqué la dame presqu’en pleurs. Entre deux sanglots, elle a poursuivi son récit :
« Parmi les 9 personnes qui ont pris la fuite, nous étions deux femmes. Durant 6 jours, nous avons dormi dans la forêt, sans le moindre bain. Vous vous imaginez, ce que c’est pour une femme de ne pas prendre de bain pendant une semaine, faute d’eau et de nourriture de peur de se faire repérer et prendre par ses persécuteurs ? Je précise que j’ai été témoin de l’arrestation de mon compagnon. Ce jour-là, les gendarmes sont arrivés au village. Mon compagnon était assis. A ce moment précis, le Commandant de Brigade a renversé la table et la chaise sur laquelle, mon mari était assis. Ils l’ont pris. Il n’y avait seulement que des femmes, nous avons essayé d’intervenir mais cela n’a pas empêché les gendarmes d’embarquer mon compagnon vers une destination inconnue. Nous avons donc décidé de fuir pour nous réfugier dans la brousse pour échapper aux gendarmes qui étaient devenus furieux. Pendant 6 jours, nous sommes restés dans la brousse sans eau, nourriture, encore moins des habits de rechanges. J’ai voulu aller chercher des habits au village. On me l’a déconseillé. Au demeurant, pour toute économie, j’avais seulement 5000 FCA. Pour éviter de se faire arrêter, nous nous déplacions seulement de nuit. Dans les différents villages où nous sommes passés, les habitants malgré leur bonne volonté pour les uns avaient peur de nous porter assistance, parce que des instructions fermes avaient été données pour ne pas qu’on nous donne gîte et couverts. La situation était très compliquée et intenable pour nous, parce qu’à un certain moment, nous nous sommes sentis isolés, du fait de l’absence de réseau en ce qui concerne nos téléphones portables. Nous avons paniqué quand nous avons aperçu une lumière qui n’était que celle d’une torche. Ladite lumière provenait d’un campement à quelques mètres du lieu où on se trouvait. Nous sommes arrivés à Bouaké 9 jours après avoir fui le village», précise la dame. Avant d’ajouter qu’arriver à Bouaké n’a pas été de la sinécure. A cause des difficultés liées au déplacement.
Rallier Bouaké, le parcours du combattant
« Dans un campement, un jeune homme pour qui je continue de prier aujourd’hui, nous a offert l’hospitalité. Il vivait avec ses 3 épouses et ses enfants. En dépit des menaces des autorités et des gendarmes, il a accepté de nous aider. Ainsi, après nous avoir donné à manger, il a décidé contre vents et marées de nous permettre de rejoindre la ville de Bouaké où, je comptais rencontrer des parents. Pour être à l’abri des regards indiscrets, nous nous sommes déplacés de nuit. N’ayant d’autre choix, nous étions 4 personnes sur une moto pour arriver à la gare, où, nous devions emprunter un véhicule pour nous rendre à Bouaké. Aussi, les gendarmes et les forces de l’ordre avaient dressé des barricades un peu partout pour fouiller les véhicules. En dépit de toutes ces difficultés, nous avons pu arriver à Bouaké. Une fois là-bas, je n’avais plus d’argent, parce que mes 5000 FCFA d’économie avaient servi à approvisionner la moto en carburant. Je précise que nous sommes arrivés à Bouaké, une semaine avant la fête de l’indépendance du 07 août 2015. On m’a appelé pour me demander de quitter précipitamment Bouaké, parce que j’étais repéré par nos poursuivants. C’est ainsi qu’ayant eu de l’argent, j’ai pu regagner Abidjan, où je suis actuellement. Je rends grâce à Dieu, parce que c’est un miracle, si je suis encore vivante aujourd’hui. En tout cas, je remercie mon Dieu (elle fond en larmes), je ne peux plus rien dire. J’ai peur… » , a-t-elle conclu.
Au moment où l’entretien prenait fin, une source proche du dossier nous informe de la relaxe de 16 prisonniers qui étaient en détention préventive à la prison de M’Bahiakro avec le roi et la reine-mère. En effet, le nombre des détenus qualifiés d’ »arbitraires« , suite aux affrontements du 21 juillet 2015 est passé désormais à 59. Vendredi 4 septembre 2015, dix (10) des détenus sont passés devant le juge pour être entendus sur les faits qui leur sont reprochés. L’information est confirmée par le porte-parole du roi Nanan Akou Mourou II. Toutefois, il a précisé que ces relaxes se font contre espèces sonnantes et trébuchantes. C’est donc entre espoir et incertitude et surtout crainte d’être arrêtés (nos interlocuteurs) que nous avons pris congés de nos hôtes du jour. Tout en promettant de nous retrouver le plus tôt possible pour d’autres entretiens encore beaucoup plus croustillants et fructueux.
A toutes fins utiles, depuis septembre 2011, un litige foncier oppose des villages de la sous-préfecture de famienkro (Timbo, Koffesso-groumania et famienkro) à un opérateur économique privé, propriétaire de la compagnie hévéicole du cavally (CHC). Ce dernier, selon des indiscrétions serait appuyé par des responsables administratifs et des élus locaux. De sources proches de certains habitants du village de Famienkro, joints par téléphone, mercredi 22 juillet 2015 des affrontements violents entre villageois et gendarmes auraient fait 2 morts et de nombreux blessés du côté des habitants dudit village, ainsi que plusieurs déplacés. De peur d’être faits prisonniers comme le roi et 90 autres personnes, en détention préventive à la prison de M’Bahiakro, les villageois ont pris la poudre d’escampette pour se réfugier dans la brousse.
Des conséquences politiques…
De sources concordantes, proches de certaines données administratives, le département de Prikro en général et particulièrement, la sous-préfecture de Famienkro (Koffesso-Groumania, Famienkro et Timbo) est un bastion imprenable du Rassemblement des Républicains (RDR). Pour preuve, lesdites données révèlent que le recensement de la population de 1998, et les estimations montrent que le nombre d’habitants de Famienkro était évalué à environ 3000 âmes, tandis que celui de Koffesso-Groumania et de Timbo, respectivement à 2000 et 2500. Au demeurant, ces 3 villages ont enregistrés chacun deux bureaux de vote à majorité RDR. D’ailleurs, Koffesso-Groumania est le village du département où le candidat Alassane Ouattara a eu 96% des voix dans les deux bureaux de vote pendant le scrutin présidentiel de 2010. C’est un secret de polichinelle. L’élection présidentielle du 25 octobre 2015, est on ne peut plus déterminante pour la Côte d’Ivoire, d’une part et pour le candidat du RHDP, d’autre part. Raison pour laquelle, l’entourage du candidat Alassane Ouattara a le devoir de fédérer toutes les forces de son côté. Telles celles que constituent les populations de la sous-préfecture de Famienkro (Koffesso-Groumania, Famienkro et Timbo).
EKB
Encadré 1 :
Les précisions de l’avocat du roi de Famienkro…
Suite aux violences qui ont éclaté entre les populations de la sous-préfecture de Famienkro (Timbo-Koffesso-groumania et Famienkro), le roi des anoh Nanan Akou Morou II, la reine-mère, les notables, ainsi que plusieurs autres villageois, soit un total de 91 personnes étaient en détention préventive à la prison de M’Bahiakro. Après les révélations troublantes de 2 rescapés des persécutions qui ont lieu dans les villages susmentionnés, joint par téléphone, l’avocat du roi Nanan Akou Morou II a fait certaines précisions.
« Effectivement, le roi Nanan Akou MorouII est à la prison de M’Bahiakro en détention préventive. Il est poursuivi pour des faits de violences qui ont lieu à Famienkro. Le 4 août 2015, nous avons introduit une requête pour une mise en liberté provisoire. Notre requête a été rejetée par le juge d’instruction de M’Bahiakro. C’est au regard de la qualité du roi, de son âge, de celui de la reine-mère et de la majorité des détenus que nous avons introduit cette requête de liberté provisoire. C’est la première fois qu’on constate qu’on arrête un roi comme ça. Pour nous, la garantie de la requête de la mise en liberté provisoire, c’est la qualité de roi et l’âge, parce qu’avec cette qualité, le roi ne peur aller nulle part. Si, un statut des rois et chefs traditionnels a été pris, c’est qu’on peut leur accorder ce statut. Toutefois, il convient de retenir que le roi n’a pas été jugé au fond. Il fait l’objet d’une détention préventive. Le juge d’instruction est souverain. On peut donc dire que la détention du roi était importante pour permettre au juge d’instruction de bien instruire le dossier», dixit l’avocat.
Pour mémoire, la loi N°2014-428 du 14 juillet 2014, portant statut des rois et chefs traditionnels, stipule en ses articles 5 et 6 « l’Etat assure la protection des Rois et chefs traditionnels contre les menaces, outrages, violences, injures ou diffamations dont ils pourraient être l’objet dans l’exercice de leurs fonctions » (article 5) « Les Rois et Chefs traditionnels sont soumis aux obligations de neutralité, d’impartialité et de réserve. Ils doivent s’abstenir d’afficher leur appartenance politique » (article 6). D’où vient-il donc que dans le cas des évènements de Famienkro, le Roi Nanan Akou MorouII ne puisse pas jouir de tous ces avantages, liés à la fonction de Roi. La qualité du Roi des Anoh, ne serait-il pas reconnue ? Telle est la question que se pose nombre d’observateurs qui suivent attentivement le dossier.
EKB
Encadré2/
Que de zones d’ombre !
Les évènements relatifs aux violences et affrontements qui ont entrainé la détention préventive de Roi et de 90 villageois de la sous-préfecture de Famienkro (Timbo-Koffesso-groumania et Famienkro) est devenu un vrai labyrinthe dont l’exploration est devenue un véritable casse-tête chinois pour tous ceux qui s’y aventurent. Du porte-canne du chef des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire Nanan Agnini Bilé II au porte-parole du roi des Andoh, en passant par des témoignages de sachant, la résonnance de sons discordants finissent par convaincre de la complexité du dossier du litige foncier de Famienkro.
Pour plus d’informations, joint par téléphone vendredi 4 septembre dans la matinée, le porte-parole du Roi Nanan Akou Morou II, a révélé « sur les 91 personnes arrêtées, 16 ont été libérées. L’avocat qui a été commis pour la libération provisoire a vu sa requête rejetée. Le roi et les autres prisonniers sont encore en prison à M’Bahiakro. Désormais, les gendarmes se sont attaché les services de supplétifs dozos (chasseurs traditionnels) pour traquer les villageois qui se sont réfugiés dans la brousse. Je vous apprends aussi que les autorités en charge de l’ordre ont trouvé un fonds de commerce. Pour libérer les villageois qui ont été arrêtés, elles leur réclament de l’argent. Leur chef a libéré 3 personnes récemment. A ces villageois, il a réclamé la somme de 400. 000 FCFA. En effet, il les a libérés moyennant respectivement 100.000 FCFA, 200.000FCFA et 100.000FCFA. Ce qui fait la coquette somme de 400.000FCFA qu’il a extorqué à ces pauvres villageois. » Ces propos sont du porte-parole du Roi de Famienkro et ont été confirmés par des cadres de la région que nous avons également joints par téléphone. « Les villageois qui sont mis aux arrêts et qui ne sont pas encore en prison à M’Bahiakro et qui sont aux mains de la gendarmerie peuvent recouvrer la liberté, s’ils disposent d’espèces sonnantes et trébuchantes pour le Commandant de la gendarmerie Ladji», ont-ils dit.
Par ailleurs, pour conclure, le porte-parole de Nanan Akou Morou II a précisé ceci: « un membre de la Cour suprême est informé de notre problème de terre et on dit que ce n’est pas l’Etat, mais sept soi-disant cadres du département de Prikro, dont le député, son suppléant, le conseiller régional et son adjoint de Famienkro, le maire et son adjoint et, un collaborateur d’Ado. C’est eux qui ont comploté avec le ministre, sans associer les propriétaires terriens à qui ils ont fait croire que les terres appartiennent à l’Etat. A ces cadres, on leur a promis 140 millions. Ils auraient déjà perçu 60 comme avance. »
Nos tentatives pour avoir la version des autorités en charge de l’ordre, avec qui nous avons pourtant des communications téléphoniques régulières sont restées vaines, vendredi 4 septembre 2015 dans l’après-midi. Tout comme, la version des autorités politiques. Quant au porte-canne du Roi Nanan Agnini Bilé II, avec qui nous avons échangé par téléphone, tout en refusant de répondre à nos préoccupations, il n’a pas nié être informé de la détention préventive du Roi des Anoh Nanan Akou Morou II.
« Je ne peux pas vous répondre sans l’autorisation du Roi. Je ne sais pas qui vous êtes ; vous me dites que vous êtes à Abidjan et que vous êtes des journalistes, et puis, vous voulez que je vous donne des informations. Si, vous voulez des informations, il faut venir à Agnibilékro. »
Nous a-t-il répondu quand nous l’avons joint pour savoir si oui ou non, le président des Rois et chefs traditionnels de Côté d’Ivoire avait été saisi de la détention préventive de son collègue de Famienkro.
Une réponse lapidaire qui traduit la volonté de notre interlocuteur de s’inscrire dans une logique de fuite en avant. Surtout qu’interrogé sur le sujet, plusieurs sources, proches du dossier ont soutenu mordicus que depuis 2013, par le biais de Nanan Tréi-Dê, roi des Berbô (région du Zanzan), le président des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire a été saisi de la situation qui prévalait à Famienkro. « Nous sortons d’une réunion que nous avons eu avec le Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Nous ne sommes pas informés de la détention préventive du Roi de Famienkro… », a précisé pour sa part, le porte-parole des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire Nanan N’Dépo Didas, joint par téléphone jeudi 3 septembre 2015 dans l’après-midi. Autant de réactions qui créent la confusion et un flou artistique autour de cette affaire dont les contours cachent bien des zones d’ombre.
EKB
Encadré 3/
Une affaire de « Oui » et de « Non »
Comment une affaire de litige foncier entre un opérateur économique hévéicole et des populations peut-elle entrainer une telle escalade de violence avec son corollaire de morts et de réfugiés ? Telle est la question que se posent de nombreux observateurs qui peine à cerner encore les contours du dossier Famienkro. Approchés pour être au fait des vraies raisons de cette barbarie, certaines sources ont fait des révélations suivantes :« ce qui se passe aujourd’hui dans notre région est une honte pour le peuple Anoh. Comment pouvez-vous comprendre que des frères puissent se dresser les uns contre les autres ? Si ce n’est les effets des espèces sonnantes et trébuchantes distribuées à certains élus locaux et cadres pour semer la zizanie au sein de cette famille qui était jusque-là très soudée. Notre société est endogamique (une même famille). A la vérité, suite à la volonté d’expropriation des terres au peuple Anôh, les populations dans leur grande majorité ont opposé un refus catégorique. Evidemment, cela a créé une scission au sein de la population. Il y’a un groupe minoritaire qui a donné son approbation, tandis que la majorité s’est énergiquement opposée. Naît ce qu’on peut désormais qualifié de deux clans. Celui des « OUI » et l’autre des « NON » qui sont les plus nombreux. Depuis, celles des populations qui ont eu le courage de refuser de brader leurs terres sont considérées comme des rebelles, voire des pestiférées. Pour mieux réussir la mayonnaise, les adversaires des vrais Anôh ont déroulé le rouleau compresseur en diabolisant le roi des Anôh Nanan Akou Morou II. Certains de nos frères ont fait comprendre aux autorités que Nanan Akou Morou II n’était pas le vrai roi, mettant ainsi en doute sa qualité et son autorité. Et pourtant, il est reconnu par tous comme le vrai roi des Anôh. Au total, c’est la division des populations en deux blocs antagonistes en « OUI » et « NON » qui a provoqué cette escalade de la violence. C’est vraiment dommage pour le peuple Anôh. En tout état de cause, nous avons foi que la vérité finira par triompher tôt ou tard, Inch Hallah», a confié un cadre de la région présent lors de l’entretien que nous avons eu avec les 2 rescapés mercredi 2 septembre 2015 dans un quartier du District d’Abidjan, loin de tous les regards indiscrets.
Pour mémoire, le 15 août 2011, il a été annoncé l’occupation des terres du site de l’ex-sodesucre par la Compagnie hévéicole du cavally (CHC). Evidemment, cette situation va provoquer le courroux des populations, en dépit de l’intervention de certains élus locaux. Entre autres raisons du refus de céder leurs terres, les villageois évoquent le fait que la culture de l’Hévéa indispose le sol pendant plusieurs décennies ; étant une culture arbustive, elle défriche les arbres centenaires et bouleverse tout l’écosystème de la forêt, non sans profiter qu’à la seule société privée, au détriment de la royauté. Pour toutes ces raisons, pour n’avoir pas été consultée, coutumièrement maître des terres et les principaux propriétaires terriens opposent un refus et préconisent la culture vivrière et maraichère. En sus, la royauté et les populations soutiennent non seulement qu’aucun projet d’une telle envergure n’est envisageable, parce que cette forêt abrite le patrimoine ancestral des forêts sacrées, mais aussi et surtout parce que la présidence de la République n’a publié aucun décret signé, initiant un tel projet dans le journal officiel.
EKB
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