Royaume Abron/Bini Kouassi ‘’Eléphant’’ (Fils de nanan Koffi Yeboua) formel : ‘’Le prince Kouamé Adjoumani tient la clef de la réconciliation des Brons’’
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 17-9-2016) Une cour quasi-déserte, Bentô (Ndlr : On n’achète pas), le tambour sacré trônant au milieu de plusieurs petits tambours sous un préau, le tout dominé par une grande peinture de nanan Koffi Yeboua. C’est ce qui reste de la cour royale des Abron depuis le décès du 16e roi des Abron le 10 août 1992. C’est Bini Kouassi dit ‘’Eléphant’’, l’un des fils du souverain défunt qui nous ouvre les portes de l’ancien palais royal.
Les échanges virent directement à la crise de succession à laquelle le royaume reste confronté depuis maintenant 24 ans. Sur cette question, Kouassi Bini ‘’Eléphant’’ et Kouamé Adjoumani regrettent que le royaume qui a fait la fierté du peuple Abron demeure jusqu’à ce jour sans véritable souverain, si ce ne sont des personnes que ces deux interlocuteurs qualifient de roitelets parce qu’ayant fait du forcing pour être intronisées à la tête de quelques villages.
Il s’agit notamment de Kouassi Appia de Sokouadou, Adingra Ababio d’Adania et Adingra Kouassi Adjoumani d’Amanvi. « Aucun de ces trois individus qui ont fortement contribué à émietter le pouvoir royal n’a respecté la procédure normale qui devait passer par l’organisation des funérailles du prédécesseur. Ils n’ont pas enterré Nanan Koffi Yeboua et prétendent être ses successeurs », dénonce l’héritier du prince Adingra selon qui, ces trois personnages sont à la base de la profonde crise de succession qui pèse sur le royaume.
Pour lui, en effet, ceux-ci ont tronqué l’histoire pour se faire introniser rois, alors qu’ils n’ont aucune ascendance royale. « Ils ont accepté d’être rois à cause des intérêts liés au titre. Malheureusement, cette façon de faire est à la base des malheurs du royaume », regrette Kouamé Adjoumani. Qui ajoute que toutes les autorités qui s’accoquinent avec ceux qu’il qualifie de roitelets, sont aussi guettés par le malheur.
« Kouamé Adjoumani tient la clef de la réconciliation des Brons », soutient Bini Eléphant selon qui, celui-ci est l’héritier du prince Adingra. A ce titre, il estime que sa seule parole peut contribuer à apaiser les conflits de succession. D’autant qu’après le règne dans le canton Akidom, le tour de règne du canton Yakassé duquel est issu le prince Adingra a été mis à mal par des usurpateurs avec à leur tête un certain K. Appia qui, plus est un Koulango qui a pratiquement grandi dans la cour du prince Adingra au point où il était confondu à un membre de sa famille.
Ainsi, sous leur houlette, les attributs royaux remis solennellement par les ayant-droits de feu nanan Koffi Yeboua ont été remis. Malheureusement, plutôt que d’aller les remettre à l’Angobia Hinin à Tiédjo pour une durée de 40 jours, en vue de la désignation de celui qui organiserait les funérailles du souverain défunt, de sorte que le pouvoir lui revienne, selon les règles de succession dans le royaume, les attributs royaux des Abron ont pris une autre destination.
Les limites du royaume Abron
Dans la foulée, les deux hommes se sont donné à cœur joie, à un véritable cours d’histoire qui retraçait les jalons de la création du royaume depuis l’exode massif du Ghana. Une conversation qui a permis de retracer les frontières du royaume. Selon les deux interlocuteurs, le royaume Abron se limite à l’Ouest par le fleuve Comoé qui le sépare de l’Anné et du royaume de Kong.
Ce royaume que Gustave Binger appelle pays d’Adjoumani dans son livre ‘’Du Niger au Golf de guinée’’, s’étend au Nord jusqu’au royaume Koulango, à l’Ouest jusqu’à la Volta pour toucher le royaume Ashanti au niveau de la rivière Tain. Au sud, le royaume Abron donne la main à son voisin de l’Indénié.
De la nécessité de restauration du royaume Abron
Au cours des échanges entre les deux princes Abron, Kouamé Adjoumani émet le vœu de recoller les morceaux émiettés du royaume. Pour ce faire, il préconise une vaste campagne de sensibilisation sur la nécessité de trouver un remplaçant au roi Nanan Koffi Yeboua. Ce qui, selon lui, doit se faire selon les règles de succession depuis la création du royaume.
« Dans le canton Yakassé, deux grandes familles ont droit ont au trône, il s’agit des Adingra Pahini qui s’étendent sur les villages d’Adania, Assuefry et Abokouman. Les Adingra Kouman, quant eux, se retrouvent à Tangamourou, Amanvi et Tehui », précise le prince Kouamé Adjoumani.
Qui poursuit pour dire qu’au niveau de la succession dans ce canton, seul l’un des prétendants issus de ces deux familles peut être désigné comme roi après un conclave pour déterminer avec minutie l’origine de chaque prétendant. « Désormais, puisque nous savons avec qui se trouvent les attributs, je voudrais inviter les Abrons à une grande réunion de concertation pour les récupérer, et enfin rétablir le royaume », propose-t-il.
Puis de rappeler son origine royale qui remonte à ses deux grand-pères Kouadio Adjoumani et Kouakou Adjoumani, créateur d’Amanvi tous deux rois des Abrons. « C’est maintenant qu’il faut régler la question de la restauration d’un puissant royaume Abron. Sinon, les enfants qui viendront après nous, ne sauront rien de notre histoire», prévient l’héritier du prince Adingra.
Idrissa Konaté, envoyé spécial dans le royaume Abron
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