RFI/ RCA: l’ONU nomme un nouveau chef à la tête de la Minusca
Le secrétaire général de l’ONU a nommé Parfait Onanga-Anyanga, un Gabonais, à la tête de sa mission en Centrafrique, après la démission de Babacar Gaye suite au scandale de viols présumés par des Casques bleus. Ban Ki-moon a par ailleurs multiplié les gestes forts pour rappeler sa politique « tolérance zéro » en la matière, alors que les accusations de crimes sexuels à l’encontre des missions onusiennes sont devenues récurrentes ces dernières années.
Ban Ki-moon a informé les membres du Conseil de sécurité de son choix de remplacer le Sénégalais Babacar Gaye par Parfait Onanga-Anyanga lors d’une réunion à huis clos, pendant laquelle il a expliqué sa décision sans précédent de demander à Babacar Gaye sa démission. Ce départ est survenu après une série d’accusations d’abus sexuels contre des enfants commis par des Casques bleus de la mission de l’ONU en Centrafrique.
Parfait Onanga-Anyanga a récemment été l’envoyé spécial des Nations unies au Burundi. Il arrive à la tête d’une Minusca en plein scandale et qui fait face à 57 allégations de fautes, dont 11 concernant potentiellement des cas d’abus sexuels sur des enfants.
« Tolérance zéro »
Depuis, la révélation mardi par Amnesty International de nouvelles accusations de violportées contre des Casques bleus en Centrafrique, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon multiplie les gestes forts : un limogeage sans précédent, une visio-conférence en urgence avec l’ensemble des chefs de mission des Nations-Unis dans le monde pour les rappeler à l’ordre, une réunion spéciale à huis clos au Conseil de sécurité…
Tout cela avec pour objectif de rappeler ses troupes à l’ordre et marteler son message : responsabilité et « tolérance zéro ». Il faut dire que ces dernières années, les accusations de crimes sexuels sont devenues récurrentes au point de menacer la crédibilité de l’ONU, très critiquée pour sa mauvaise gestion de ces affaires, son incapacité à prévenir ces crimes et à en punir les auteurs, et à accompagner les victimes, y compris au sein de même de l’institution.
Accusations récurrentes
Entre 2008 et 2013, 480 cas d’abus ou d’exploitations sexuelles ont été recensés au sein de l’ONU. C’est ce que révélait en juin dernier un rapport du bureau d’enquête des Nations unies. Mais selon ses auteurs « les rapports sexuels en échange de nourriture, d’argent ou de tout autre bien matériel » bien que « fréquents » sont « rarement signalés ». Autrement dit, de nombreux cas, passent au travers des mailles.
Autre critique : les failles dans le système de sanction. Les procédures d’investigations prennent « beaucoup trop de temps », « seize mois en moyenne » et sont le plus souvent confiées aux pays d’origine des personnels mis en cause. Ce qui entraîne selon les enquêteurs onusiens un manque « d’indépendance » et « de très grandes disparités » selon les Etats. Ils parlent même de conflit d’intérêt, estimant que « les pays contributeurs sont fortement encouragés à exonérer leur personnel pour éviter la stigmatisation ». De fait, les missions de l’ONU sont très rarement informées sur le déroulement des enquêtes et les crimes restent le plus souvent impunis.