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[Reprise des cours en Côte d’Ivoire] Entre angoisse, hésitation et peur, les parents déconfinent leurs enfants face à la Covid-19


Abidjan, 25-05-2020 (lepointsur.com) Après deux mois de confinement partiel à la maison, certains élèves ont repris les cours  en Côte d’Ivoire ce 25 mai 2020, selon le programme du ministère de l’Éducation nationale de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Reportage…

Tôt ce lundi matin, les élèves des classes de Cm2, troisième, terminale, première et deuxième année du Brevet de Technicien Supérieur ont revêtu leur uniforme pour la reprise des cours.  Sacs à dos ou en bandoulière, ils luttaient les premières occasions (bus et taxis) qui s’offraient à eux pour emprunter le chemin de l’école.

M. Adja, directeur des études au Collège privé,  »Harmonie » des Vainqueurs 2 de williamsville, plaide pour une dotation de son établissements en kits sanitaires (PH/LPS)

De l’Institut LKM situé à Yopougon Ananeraie, au Groupe scolaire ‘’La Sorbonne’’, en passant par le Collège André Latrille de Gesco, les responsables de ces établissements ont renforcé le dispositif de lutte contre la Covid-19 : le lavage des mains installé à l’entrée de chaque établissement et à plusieurs autres endroits.

‘’Concernant les cache-nez, les élèves doivent s’en munir et avoir également leurs gels mains’’

Une reprise qui allie joie et hésitation des apprenants et enseignants, mais aussi angoisse et peur des responsables et éducateurs. Adja Assi, directeur des études du Collège privé ‘’Harmonie des vainqueurs 2’’  de Williamsville, dans la commune d’Adjamé ne cache pas sa joie quant à la réouverture des établissements du Grand-Abidjan, mais émet des réserves dû au manque de matériels de protection des élèves. « Nous ne pouvons pas admettre que les enfants aient accès à l’établissement sans leurs matériels de protection. Concernant les cache-nez, les élèves doivent s’en munir et avoir également leurs gels mains. Certaines DREN (Ndlr : direction régionale de l’éducation nationale), notamment à  Abobo  sont dotées en matériels sanitaires. Nous espérons avoir nos kits sanitaires de l’État », plaide le directeur. `

Le port de masques est obligatoire dans tous les établissements (PH/LPS)

Par ailleurs, il invite les parents d’élèves à préparer des sandwichs et des bouteilles d’eau pour leurs enfants pendant la récréation, ‘’pour éviter le maximum de contact’’. « Il n’y aura pas de récréation pendant cette reprise », avertit-il.

Une crainte à peine voilée que partage, Alexandre B. élève en classe de 3e, même si elle manifeste sa joie de reprendre le chemin de l’école. « Nous n’avons pas le choix. Nous remettons tout dans la main de Dieu, car c’est lui seul qui pourra nous aider en cette période de crise sanitaire »,s’inquiète-t-elle.

Les emplois du temps ont été réaménagés dans tous ces établissements, notamment à l’Institut LKM où Mme Bambara de la direction de cet établissement y veille. Elle insiste sur le port ‘’obligatoire’’ du masque au respect scrupuleux des différentes mesures barrières, tout comme au Collège privé ‘’Harmonie’’ 2 de Williamsville. « Chez nous, le port de masque est obligatoire. Il est de notre devoir de nous assurer du bon déroulement de cette réouverture en veillant au respect scrupuleux de ces mesures barrières. Car, ces enfants sont sous notre responsabilité, une fois qu’ils mettent pieds dans notre établissement », renchérit-elle.

Certains collégiens donnent déjà le mauvais exemple

Pour Kriza Hyppolite, Conseiller d’éducation au Groupe Scolaire ‘’La Sorbonne’’ à Yopougon Ananeraie, l’accent est mis sur les classes d’examen, notamment les classes de troisième, terminale et celles de la 1ère et 2e année de BTS.« Nous avons demandé aux professeurs de faire des révisions. Nous avons travaillé en amont pour mettre les petits plats dans les grands », soutient-il. Pour respecter les mesures barrières, afin que la mesure de distanciation soit respectée, ils ont scindé les classes en deux groupes.« Par exemple, les classes de 50 élèves en deux, celles de 30 élèves en deux de sorte à respecter la distanciation sociale »,ajoute-il.

À l’en croire, l’établissement à de grandes classes qui peuvent contenir jusqu’à 40 élèves, soit un élève par banc. « Environ 20 à 25 élèves par salle », indique Adja Assi, directeur des études du Collège privé Harmonie des Vainqueurs 2 de Williamsville.

Au collège Ségbé, quartier Toit-rouge de Yopougon, certains collégiens donnent déjà le mauvais exemple en s’adonnant aux embrassades et à des salutations par des poignées de mains comme si la pandémie à Covid-19 était derrière nous. Sans cache-nez, ce groupe d’élèves raconte comment il a passé les mois de confinement partiel. « Nous sommes venus nous rendre compte de la reprise effective des cours comme annoncée par le gouvernement »,indique Yapi Charles, élève en classe de terminale.

Des écoliers arborant leur cache-nez (PH/LPS)

Les éducateurs sont obligés de redoubler d’effort face à ces cas d’indiscipline et rassurer les parents d’élèves.Après l’intérieur du pays, c’est le Grand-Abidjan, épicentre de la Covid-19 en Côte d’Ivoire qui effectue la rentrée des classes dans un contexte peu rassurant : « Il faut que les parents nous fassent confiance. Ils peuvent venir voir. Tous les dispositifs sont en place et le port de masque est obligatoire pour tout élève ou étudiant », se défendent des fondateurs d’écoles.

En revanche, d’autres sollicitent le soutien du gouvernement pour leur dotation en kits sanitaires. « Il faut que le gouvernement nous soutienne.  La distribution des kits sanitaires se fait un peu partout. Nous souhaitons que le gouvernement nous aide. Il faut que les parents s’impliquent également dans cette sensibilisation », plaide M. Adja Assi.

Entre le non-respect des mesures barrières, le manque de dotation de masques de l’État, les établissements accueillent leurs premiers élèves, la peur au ventre, face au tableau sombre de la pandémie à Covid-19, dans le Grand-Abidjan.

Réalisé par Opportune BATH, Médard KOFFI et Georges KOUAME

 

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