Reportage : Glissement de terrain/Encore un mort à Agban-Attié
Côte d’Ivoire-Abidjan, Vendredi 28 novembre 2014, (lepointsur.com)- Zone orageuse de Agban-Attié, une fois de plus en moins d’un mois nous nous y rendons. Cette fois-ci sur un coup de fil anonyme qui nous informe d’un glissement de terrain, un quartier précaire de la commune d’Attécoubé situé dans la zone de Yopougon-Andokoi. Ce dès suite à la grande pluie qui s’est abattue dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 novembre 2014.
Pas de temps à perdre. Nous nous rendons dans cette zone que nous maitrisons bien. D’autant que nous y avons plusieurs fois mené des investigations quant à son occupation. Difficile d’accéder à ce site très glissant. Aidée par des riverains, nous parvenons tant bien que mal à arriver sur les lieux, un véritable bassin orageux.
L’acte est à la fouille des décombres de bâtisses d’où les jeunes en sortent ou des ustensiles de cuisine, des matelas, des effets vestimentaires, des bouteilles de gaz qu’ils prennent soin de garder en lieu sûr. La tristesse mêlée à une sorte de mélancolie se lit sur leur visage. Lorsque nous nous approchons d’eux pour des informations, ils se font tout de suite méfiants. « Nous ne voulons pas être filmés », lancent-ils dans leur patois que nous parvenons à déchiffrer grâce à la petite connaissance de la langue malinké.
Mais une fois mis en confiance, ils s’ouvrent à nos préoccupations. « Tout s’est tellement vite passé. Mon jeune frère avec qui je travaillais est rentré à la maison se reposer. Aux environs de 22 heures, je reçois un coup de fil de mon voisin m’informant de l’effondrement de ma maison. Affolé, j’accours sur les lieux. Les dégâts sont énormes. Trois habitations dont la mienne totalement détruites. Sous les décombres gît mon frère. A peine apercevait-on sa tête, » explique entre deux sanglots, Maïga Abou, porte-parole des habitants de cette zone orageuse ajoutant par ailleurs, « C’est ainsi que les habitants et des riverains accourent nous prêter main forte ; mais malgré notre bonne foi pour sortir mon frère de ce tas de décombres nous n’y parvenons qu’ aux environs d’une heure du matin. Mais c’était trop tard. Il respirait à peine. On croyait toujours en ses chances de survie. Mais hélas, il décèdera sur le chemin de l’hôpital. Au niveau du Lycée moderne d’Andokoi, non loin de la Formation sanitaire dudit village, » a coupé court notre interlocuteur.
Concernant, les raisons de leur présence sur cette zone pourtant orageuse et donc interdite de construction, le porte-parole a tenu un discours pas trop convaincant. Selon lui : « Cela fait dix ans je j’habite ce quartier, qui était à l’époque un gros village. Avec la construction de l’autouroute du nord des propriétaires de maisons ont été relogés au quartier Banco II. Ce qui ne fut pas notre cas. Nous sommes conscients des dangers auxquels nous sommes exposés, mais nous ne savons pas où aller. Nous n’avons reçu aucune aide de l’Etat alors que des kits de relogement ont été distribués à plusieurs habitants de nombreux quartiers précaires. Que l’Etat nous aident à partir d’ici », plaide Maiga Abou.
A la question de savoir s’ils détiennent une autorisation leur permettant d’occuper cette zone, il est resté confondu. « Seul le chef de ce village est habileté à vous donner plus d’informations », coupe-t-il net.
Nos tentatives pour rentrer en contact avec ce dernier sont restées vaines. Aux dernières nouvelles on nous fera savoir que le chef est au commissariat des 23 arrondissements pour déclarer le décès de l’infortuné apprenti-Gbaka. Nous avons quitté les lieux aux environs de 10h30 mm, laissant la population toujours sous le choc. Encore un mort de trop qui doit interpeller les autorités en charge de la Construction et de l’Assainissement.
En effet, les habitants du bassin d’orage d’Agban- Attié sommés de déguerpir de ce site depuis 2013, opposent toujours un bras de fer avec le Ministère de la Construction et de l’Urbanisme. Cette zone à risques ayant déjà occasionné des pertes en vies humaines, selon une source bien introduite. Comme on le voit, la délocalisation de cette population est plus qu’urgente. Ce qui permettra de préserver à coup des vies humaines.
Opportune Bath/ lepointsur.com
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