Politique

Renégats malgré eux ou ambitieux étouffés (Simple avis)


Ils veulent briguer la magistrature suprême, mais ils ne peuvent le faire. Ils sont contraints de renoncer, de renier leur force, de se renier. Ils n’ont pas le courage. Car ils ne sont pas suivis. S’ils se lancent dans ce qui pourrait être considéré comme un défi, ils vont tout perdre. Ils savent qu’ils ne seront pas suivis car ceux qui peuvent les soutenir n’ont pas le courage de se désolidariser du clan. Eux aussi veulent préserver leur privilège. Les tenants du pouvoir, quel que soit leur bord, sont rancuniers, très rancuniers. Il n’y a que des étiquettes comme les mange-mil. Sinon, ils sont pareils; ils ne pardonnent pas à ceux qui osent les défier, disputer leur pouvoir. Des emprisonnements, des mandats d’arrêt sont brandis. Alors, ils sont obligés d’être hypocrites, de soutenir au lieu de se soutenir. Les paroles hypocrites sont débitées: les traits du visage traduisent la sincérité, le cœur traduit autre chose : leurs ambitions. Ambitions qu’ils sont obligés de taire, d’étouffer, de tuer.

Sinon, comment peut-on aujourd’hui débiter des propos du genre : « C’est vous seul qui êtes capable de garantir la paix, la stabilité, le développement du pays ou de ramener le pouvoir et redonner le sourire aux Ivoiriens? » Comment peut-on ramasser les garants des us et coutumes qui ‘’sont soumis au devoir de neutralité, d’impartialité et de réserve’’ de tordre le cou de leur statut et venir choisir un candidat au nom de toutes leurs populations ? « Monsieur le Président, poursuivez ce que vous avez commencé. On veut la paix, la stabilité, le développement. » N’est-ce pas se renier ou de s’insulter quand on prend le micro pour dire qu’il y a une seule intelligence dans un parti? Et si le démiurge venait à mourir, le parti et les autres militants mourraient-ils avec lui ?

‘’Les paroles hypocrites sont débitées: les traits du visage traduisent la sincérité, le cœur traduit autre chose : leurs ambitions. Ambitions qu’ils sont obligés de taire, d’étouffer, de tuer’’.

Que l’on sache, le programme qu’un président conduit n’est-il pas le fruit de réflexion des leaders du parti élaboré selon l’idéologie du parti ? Un président à la retraite ne peut-il pas être le conseiller du nouveau président, lui prodiguer des conseils et lui permettre de faire rayonner davantage ce que lui, devancier, a entamé? Ne peut-il pas l’aider dans sa tâche, l’aider à conduire le gouvernement avec son expérience?

Je loue l’œuvre d’un bâtisseur. Tout le monde, adversaire ou partenaire, parle de lui. Je l’ai entendu se dédire honteusement. Homme de droit émérite qu’il est a renié ses propos d’il y a quelques années. Il s’est même renié en abandonnant son droit. Il n’a pas le courage de se déclarer candidat, on le comprend. Sinon, ses parents vont le renier, constituer des délégations avec à leur tête des têtes couronnées (qui ont perdu leur rôle originel et leur originalité), pour aller le renier. Il est égaré. Et il veut les perdre aussi. Alors, il faut qu’il soit renié publiquement avant que la colère du chef omniscient, omnipotent, chef garant de paix et de stabilité, ne s’abatte sur toute la région et freiner son développement.

Ils sont ambitieux, mais leurs ambitions sont étouffées. Ils doivent évoluer dans les sillages, jouer des rôles de valets pour plaire au chef qui distribue les privilèges et les infrastructures. Les meilleurs laudateurs sont les premiers bénéficiaires. Alors, les régions qui ont compris cela ne veulent pas de rebelles et de trouble-fête. Du moins, n’en veulent plus.

Les loups doivent alors avoir des dents courtes, se contenter de ce qu’on leur sert. Leurs propres parents les jugent incapables de fournir des routes, ponts, hôpitaux, eau, électricité, emplois. Alors, ils sont obligés de renier leur intelligence et leur compétence.

Ici, dans ces démocraties monarchisées, il n’y a pas d’âmes bien nées. Les jeunes générations deviennent des renégats à leur corps défendant.

Par Pascal Kouassi

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