Religion / Ces pasteurs qui ont contribué à la chute de Laurent Gbagbo en 2011
Ils ont hypnotisé l’ex chef de l’Etat sous l’influence de prédicateurs comme Moïse Koré, l’ancien président Laurent Gbagbo avait fini par croire que Dieu était de son côté.
Il a converti Laurent et Simone Gbagbo à l’évangélisme et prédit le destin présidentiel de celui qui n’était alors que « l’opposant historique ». Puis Moïse Loussouko Koré, alias Moïse Koré, a convaincu l’ex-chef de l’État ivoirien de sa destinée messianique : il devait rester au pouvoir pour parachever l’œuvre de libération de son pays contre la « domination » française. Fondateur de l’Église Shekinah Glory Ministries en 1998, Moïse Koré a même fait dresser une chapelle dans le palais présidentiel, juste après la défaite à l’élection de novembre 2010. Le pasteur, qui fut dans une autre vie une gloire du basket-ball ivoirien, y dirigeait lui-même les quatre prières quotidiennes (6 h 30, 12 heures, 18 h 30 et minuit), avec Laurent Gbagbo au premier rang des fidèles. Il n’hésitait pas, alors, à en appeler au Seigneur afin qu’il « garde le chef de l’État et sa femme ». Convaincu tout comme son auditoire qu’il était dans le vrai, le gourou souhaitait que « Dieu donne de longs jours au chef de l’État et à la première dame, afin qu’ils conduisent le pays non dans la voie des hommes mais dans la voie du Seigneur ». D’autres « Hommes de Dieu » se sont joints à la partie pour persuader Gbagbo que les résultats donnés par la Commission électorale indépendante et certifiés par l’ONU ne suffisaient pas pour qu’il quitte le pouvoir, sa mission n’étant pas achevée. Parmi ces « prophètes », Sébastien Zahiri Ziki, bombardé conseiller spirituel à la présidence de la République, et Robert Yayé Dion, l’un des dirigeants de l’Église protestante baptiste Œuvres et Mission internationales. Avec le pasteur Benjamin Boni, de l’Église méthodiste unie de Côte d’Ivoire, ils ont travaillé Gbagbo au corps : selon eux, Dieu l’avait établi « sur le trône » pour longtemps et il finirait par convaincre « les suppôts de Satan ». Mais lorsque, le 11 avril 2011, l’ancien chef de l’État est capturé après l’assaut contre sa résidence, il ne s’est trouvé aucun de ces « prophètes » pour expliquer cette issue qu’ils n’avaient pas vu venir.
Enquête exclusive de Jeune Afrique
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