Régularisation des arriérés de solde des Frci : Une légèreté qui a fait trembler le sommet de l’Etat


Le Président de la République doit prendre toute la mesure de la situation et punir les officiers responsables du soulèvement des soldats.

Le Président de la République doit prendre toute la mesure de la situation et punir les officiers responsables du soulèvement des soldats.

Une fois encore, le peuple ivoirien a retenu son souffle, craignant une autre crise militaro-politique avec la vague de revendication qui s’est emparée de la soldatesque depuis Bouaké pour se répandre dans plusieurs villes du pays dont celle d’Abidjan.

Elle peut paraître banale, eu égard à la rapidité avec laquelle elle a pris fin, mais la grogne dans plusieurs camps militaires laissent encore planer le doute sur la gestion des affaires militaires.

C’est avec beaucoup de surprise que les populations ivoiriennes ont constaté des bruits de bottes en provenance de plusieurs camps militaires. Tout est parti de Bouaké pour se répandre dans les villes d’Abidjan, Korhogo, Ferkessédougou, Abengourou et Bondoukou.

Des militaires très en colère contre leur hiérarchie, ont bruyamment manifesté dans ces différentes localités pour réclamer le paiement de leurs arriérés de solde. Qui, selon eux, se situent entre le 1er janvier 2009 jusqu’au sixième mois de 2011.

A Abidjan, la situation a entraîné une psychose généralisée au sein des populations. Elle a créé un véritable branle-bas au niveau de tous les services administratifs.

Il n’en fallait pas plus, pour que les enseignants libèrent les élèves dans plusieurs communes. Dans le quartier des affaires au Plateau, les principales voies ont été prises d’assaut, créant ainsi un long bouchon sur des kilomètres.

Bien avant, un communiqué du gouvernement avait circulé sur les antennes de la télévision enjoignant les travailleurs du secteur public à rentrer à la maison. Cette injonction du ministre Paul Koffi Koffi était aussi émaillée d’une folle rumeur dans la rumeur.

Rumeur qui faisait état de ce que des tirs nourris étaient entendus de partout. Et que les sapeurs pompiers de Yopougon seraient entrés dans la danse, pour avoir obstrué le principal carrefour qui dessert plusieurs autres quartiers de la commune. Chacun contribuait, avec son grain de sel, à grossir la rumeur.

Une solution rapidement trouvée

Alors que l’inquiétude continuait de gagner les populations, une déclaration du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la sécurité est venue, comme de l’eau, pour éteindre les flammes de la revendication qui avait commencé à se développer.

Selon sa déclaration, en effet, le chef de l’Etat a pris bonne note de la situation et du dossier. Et qu’il s’engageait à réparer une telle injustice. « Le Président n’était pas très content de savoir que cette question qui était prévue par les accords de Ouagadougou depuis, 2009, n’ait pas été traitée et exécutée », a-t-il poursuivi.

Dans la foulée, il les a rassurés de la bonne foi du Président de la République en ces termes : « Je voudrais dire aux jeunes, vous vous êtes exprimés vous avez parlé, le Président a compris ».

Contrairement au communiqué du ministre délégué auprès du Président chargé de la Défense qui avait, semble-t-il jeté de l’huile sur le feu. D’autant que les militaires avaient rétorqué pour dire ne pas se reconnaître dans ce communiqué, la déclaration d’Hamed Bakayoko a, quant à elle fait baisser la tension.

Pour preuve, dans la commune d’Abobo, les contestataires s’étaient organisés en plusieurs groupes de sécurité pour éviter que certaines personnes de mauvaise intension ne profitent de la situation. Résultat, dans toute la ville d’Abidjan, aucun incident n’a été signalé.

Bien entendu, au regard de ce qui précède, il est clair que ce n’est pas une question de moyens qui a retardé la régularisation des 575 anciens éléments des Fafn (Forces armées des forces nouvelles) qui ont été intégrés dans l’Armée en 2011, qui demandaient la prise en compte de leurs arriérés de soldes à compter de 2009 et des 8.400 caporaux dont les arriérés de soldes court à compter de 2009.

Qui sont donc ceux qui se cachent derrière cette situation et qui ont laissé traîner ce dossier aussi sensible de 2009, au lendemain de l’accord politique de Ouagadougou entre les Fafn et le gouvernement ivoirien, à maintenant ? Quelles étaient les véritables intentions en agissant ainsi ?

Difficile de répondre à ces questions. Toutefois, la rapidité du dénouement du problème laisse entrevoir une certaine défaillance au niveau de la hiérarchie militaire, quant à la gestion des questions aussi sensibles que la régularisation des arriérés de soldes.

A bien décrypter la déclaration du ministre Hamed Bakayoko, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que ce dossier n’avait pas été suffisamment présenté au gouvernement, encore moins au Président de la République.

Des têtes doivent tomber

Bien entendu, une telle situation qui a profondément secoué le sommet de l’Etat et mis en branle la stabilité du pays, ne saurait rester impunie. Ainsi, pour que ce genre de légèreté ne prospère plus, il revient au Président de la République, ministre de la Défense, de prendre ses responsabilités et punir tous ceux qui avaient en charge ce dossier sensible.

Il ne s’agit pas de prendre des mesures contre les militaires qui ont revendiqué, mais plutôt contre leurs supérieurs pour avoir rompu la confiance, en jouant avec leur carrière. Toute chose qui contribuerait à ramener la quiétude et la sérénité au sein des troupes. La vie de la nation et la stabilité du pays en dépendent.

Idrissa Konaté

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