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Refus du référendum/ Geoffroy-Julien Kouao (Juriste-écrivain et Analyste politique) : « l’opposition politique commet une double erreur »


-La classe politique ivoirienne et la passion de l’erreur.

Abidjan-17-10-16 (lepointsur.com) A l’observation, après l’exécutif, c’est au tour de l’opposition de faire sienne la culture de l’erreur politique. En effet, en réaction contre les maladresses formelles et factuelles du pouvoir relativement au référendum constituant, l’opposition politique a appelé au boycott du scrutin du 30 octobre 2016.

Pour le constitutionnaliste G kOUAO jULIEN Affi et l'opposition ivoirienne sont dans un faux combat en appelant à voter "NON" au référendum

Pour le constitutionnaliste G kOUAO jULIEN Affi et l’opposition ivoirienne sont dans un faux combat en appelant à voter « NON » au référendum

En agissant ainsi, l’opposition politique commet une double erreur : juridique et politique. Juridiquement, le taux de participation à un scrutin n’a pas de valeur juridique. Autrement dit, le taux de participation, dans notre droit positif,  n’est pas une condition de validité des résultats du scrutin référendaire. Même, avec un taux de participation de 1%, les résultats du référendum du 30 octobre 2016 n’en demeurent pas moins valables et validés. Peut-être, il se  posera un problème de légitimité, encore faudrait-il que la légitimité soit un critère objectif de gouvernance chez nous.

Politiquement, si l’opposition ne participe pas au référendum du 30 octobre prochain, pourrait-elle, valablement, sans se discréditer, participer aux prochaines législatives ? Les élections des députés se feront sous l’empire de la nouvelle Constitution, si celle-ci était adoptée. L’opposition politique peut-elle se payer le luxe, d’être encore absente des cadres institutionnels de gouvernance et d’expression politique, deux quinquennats de suite ? A l’évidence non.

Autre chose, la neutralité partisane, pierre cardinale de la campagne référendaire, est malmenée par la coalition au pouvoir et par des partis de l’opposition. A longueur de journée et de tournées, sans même attendre la période légale de campagne, les états-majors des formations politiques  appellent leurs partisans à voter oui ou non selon les camps. Nous sommes à l’apogée des temps impolitiques. Non, dans un référendum, les partis politiques, les chapelles politiques disparaissent. Nous sommes dans l’exercice de la démocratie directe. Pour faire simple, relativement au référendum du 30 octobre 2016, le PDCI, le FPI, le RDR, Lider et autres  n’ont pas de consigne à donner à leurs militants et sympathisants. Chaque citoyen est libre de son choix. Exemple concret. Par exemple, au PDCI, le président du parti Henri Konan Bédié peut être pour le « oui », à l’inverse, le secrétaire exécutif, Maurice Kakou Guikahué peut être pour le « non ». Au RDR, Amadou Soumahoro, pour le « oui », Joël N’Guessan pour le « non ». Au niveau du gouvernement, certains ministres peuvent faire campagne pour le « oui », d’autres pour le « non ». Le référendum n’est pas une affaire de parti ou d’un individu. En cas de victoire du « oui » ou du « non », aucun parti ne gagne, aucun parti ne perd. C’est la Côte d’ivoire qui gagne. Tout récemment, en Grande-Bretagne, lors du Brexit, dans le même parti conservateur, il y avait  des partisans du « oui » et du « non », il en était ainsi au sein du parti travailliste. Au sein du gouvernement, des ministres n’étaient pas d’accord avec le premier ministre. De ce qui précède, il est incorrect de dire que voter « oui », c’est être avec le president Ouattara et voter « non » ,c’est être contre le président Ouattara. Chaque citoyen doit user de droit de vote en toute liberté de conscience.

Geoffroy-Julien KOUAO

Juriste-écrivain et Analyste politique.

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