SUR LE POINT..

Référendum constitutionnel/Que faut-il réviser au juste ? Par EKB


-Et si Affi avait raison

Le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué...

Le secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué…

Abidjan-09-05-16 (lepointsur.com)La réforme de la Constitution en Côte d’Ivoire, est on ne peut plus d’actualité. Seulement, en attendant la divulgation de la date exacte de la tenue de ladite réforme,  les Ivoiriens s’interrogent quant à la mouture  et la teneur des modifications constitutionnelles de cette délicate entreprise.

« S’il est vrai que nous ne sommes pas contre la réforme constitutionnelle annoncée par le chef de l’Etat, nous voulons seulement qu’on nous dise au moins, les différents points sur lesquels nous serons appelés à nous prononcer. Parce qu’après ce qui s’est passé en 2000 avec ses conséquences que nous continuons de payer jusqu’à ce jour, nous voulons pour cette fois, savoir à quelle sauce, nous serons mangés… » Tels sont,  entre autres  propos d’un citoyen au lendemain de la volonté du chef de l’Etat de réformer la loi fondamentale de la Côte d’Ivoire. Comme lui, ils sont nombreux, les Ivoiriens qui veulent de la part des autorités ivoiriennes des éclaircissements.  D’ailleurs, la classe politique ivoirienne n’est pas restée insensible à cette décision du Président de la République  et au débat en cours.

...Joel n'guessan, porte-parole du RDR...

…Joel n’guessan, porte-parole du RDR…

En effet, si pour Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du PDCI, allié au pouvoir, cette réforme de la Constitution est nécessaire, raison pour laquelle, il apporte son soutien, Pascal Affi  N’Guessan (président statutaire du FPI), lui défend la nécessité d’un grand débat national sur la nouvelle constitution annoncée. « Jusqu’à présent, aucune date ni projet n’a été rendu public par le président ivoirien qui souhaite soumettre la révision constitutionnelle à un référendum.  Il ne faut pas penser que nous tolérerons qu’on nous impose une Constitution qui sera taillée sur mesure pour arranger des partis politiques », a indiqué l’ex-premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Déjà, au cours des discussions de sortie de crise de Linas-Marcoussis, indique  Maurice Kakou Guikahué, il avait été décidé de réviser la Constitution, ne serait-ce que son article 35, qui fixe les conditions d’éligibilité du président de la République. Et le texte à soumettre à la révision a même été rédigé à Linas-Marcoussis. Il nous appartenait de le voter par référendum. Mais vu la situation de crise du pays, les outils juridiques n’étaient pas réunis pour aller à un référendum. Donc pour cela seulement, la révision de la Constitution est utile. Maintenant, on peut améliorer la Constitution, il y a des éléments qu’on peut ajouter, mais, et c’est au cours du débat qu’on verra jusqu’où on peut aller. Mais ce que je peux dire déjà, c’est que la priorité, c’est l’article 35 ». Soutient pour sa part Maurice Kacou Guikahué. La création d’un poste de vice-présidence annoncée à cet effet ne manque non plus pas

et Pascal Affi n'guessan, favorables pour le référendum, mais...

et Pascal Affi n’guessan, favorables pour le référendum, mais…

d’intérêt pour les Ivoiriens et les observateurs. Surtout, ceux qui pensent qu’il a pour vocation d’écarter l’actuel  président de l’Assemblée nationale  Guillaume Soro qui incarne le dauphin constitutionnel du Président de la République. « Sachez que l’idée de poste de vice-président n’est pas nouvelle. Au temps du président Félix Houphouët-Boigny, en 80 et 85, voire même en 90, il avait institué ce poste de vice-président pour éviter le vide constitutionnel ».Rétorque Joël  N’Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel. Qui estime qu’il faut laisser le peuple décider.

« Les Constitutions sont là pour être votées par le peuple. Si le peuple ivoirien estime qu’aujourd’hui, il est nécessaire d’avoir un vice-président pour pouvoir suppléer au président Ouattara qui a annoncé à tout le monde que son désir, ce n’est pas de briguer un deuxième mandat ou même de ne pas terminer son mandat, j’ai dit qu’on laisse le soin au peuple d’apprécier. Pourquoi ne pas envisager un poste de vice-président où le président et le vice-président sont élus au même moment, dans une forme de ticket comme aux Etats-Unis. C’est des choses qui sont possibles. En quoi cela gêne-t-il ? Aux Etats-Unis, ça marche très bien. Pourquoi cela n’est-il possible chez nous ? ». A renchéri le cadre du RDR.

Francis Wodié, lui a des doutes...Ph. Dr

Francis Wodié, lui a des doutes…Ph. Dr

A l’instar des autres acteurs politiques ivoiriens, l’ancien président du conseil constitutionnel,  Francis Wodié est sorti de son mutisme pour se prononcer sur le référendum à venir. Selon lui,  l’initiative de l’élaboration de la constitution n’étant pas prévue par la constitution, la question reste donc politique. Pour autant, s’interroge t-il. « Le président de la République peut prendre l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle constitution. Mais comment va-t-il engager cette initiative, tout seul, élaborer un texte selon les formes, sollicitant l’avis de l’Assemblé nationale, réunissant un collectif de parti politique. Les problèmes de la société civile etc. La question reste ouverte. » A-t-il fait observer relevant que la révision de la constitution ou l’élaboration d’une nouvelle constitution pourrait faire le sujet d’un référendum.

Avec l’adoption de ce projet de loi le 06 avril dernier, reste encore des interrogations majeures. On peut le dire. La révision de la constitution est une entreprise délicate dans un pays qui se remet progressivement d’une crise qui l’a divisé pendant de longues années, mais qui n’en demeure pas moins nécessaire. Mais, de fait. Que faut-il réviser ?

 

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