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Protestation contre l’occupation de la forêt classée du Cavally : Les populations riveraines empêchent la commercialisation du cacao #Environnement


Ces planteurs clandestins dans la forêt classée du Cavally ont été saisis avec le chargement alors qu'ils essayaient de contourner le barrage. (Ph: Le Point Sur)

Ces planteurs clandestins dans la forêt classée du Cavally ont été saisis avec le chargement alors qu’ils essayaient de contourner le barrage. (Ph: Le Point Sur)

CIV-lepointsur.com (Zagné, le 6-11-2016) Las d’attendre une opération d’envergure qui viendrait libérer définitivement la forêt classée du Cavally, plusieurs jeunes des villages de Taï et de Zagné ont dressé des barricades sur les principales voies d’accès aux forêts classées du Cavally et du Goin-Débé pour empêcher la sortie du cacao produit dans ces espaces protégés.

Plusieurs véhicules de pisteurs ont ainsi été bloqués à ces endroits par les protestataires qui estiment que la seule alternative qui reste pour déguerpir leurs patrimoines illégalement occupés par des personnes étrangères à leur communauté, est de prendre le taureau par les cornes en empêchant ainsi la commercialisation du cacao.

« Après avoir infiltré et parsemé les quelques 230 000 ha du Goin-Débé  avec les plantations de cacao, nous n’accepterons pas que la forêt classée du Cavally, soigneusement conservée par nos parents, subissent le même sort », indique Téré Fidèle, le chef de file de l’opération. Pour lui, en effet, c’est par ce type d’actions qu’ils amèneront les autorités à, enfin se décider, à libérer et à sauvegarder cette forêt classée.

Téhé Doubahoulou, point focal de l'Ong Nofna.

Téhé Doubahoulou, point focal de l’Ong Nofna.

Ce sont plusieurs sacs de cacao saisis qui étaient entreposés sur le barrage de fortune érigé au carrefour entre le  Goin-Débé et le Cavally. Après trois jours de poste, les protestataires ont pris la sage décision de libérer le cacao saisi et lever le barrage. Toutefois, ils ont mis en garde les pisteurs qui se hasarderaient à continuer de payer le cacao dans les forêts classées. Mieux, ils ont pris le soin de relever les adresses de leurs coopératives.

« Nous avons été obligés de relâcher le cacao saisi, faute de moyens pour le stocker et encore moins le convoyer jusqu’à  Zagné qui est à 83 kilomètres d’ici. Nous sommes tout de même satisfaits de cette action spontanée qui a permis aux occupants illégaux de comprendre que les forêts classées du Cavally et du Goin-Débé ont des propriétaires », note Téhé Doubahoulou, point focal de l’Ong ‘’Notre forêt, notre avenir’’.

Dans la foulée, il regrette que leur action ne soit pas appuyée par la Sodefor, dont des agents en patrouille sur les lieux où se dressaient les barrages ont feint ne rien voir et ont poursuivi leur route. « L’attitude des agents de la Sodefor est à la fois curieuse et suspecte dans les forêts dont la garde leur incombe pourtant », regrette-t-il.  Téhé Doubahoulou ne manque pas d’ajouter que les populations riveraines prendront leur responsabilité pour sauver l’une des dernières forêts noires du pays.

Il indique que la prochaine action sera bien menée et toutes les saisies de cacao seront convoyées chez le chef du village de Zagné. Notons que le député Déhé Paul a joint Téré Fidèle par téléphone pour avoir des informations précises sur ce qui se passait sur place en forêt. Et a souhaité être désormais informé avant d’engager une quelconque action.

Idrissa Konaté, envoyé spécial dans la forêt classée du Cavally

 

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