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Protection de l’environnement : Des experts invitent les bailleurs de fonds à augmenter le contenu de leurs enveloppes #Agriculture


CIV lepointsur.com (Abidjan, le 29-9-2015) La ‘’Semaine du climat de New York’’ 2015 a servi de prétexte pour les experts en Agriculture et développement du Panel de Montpellier de produire un rapport intitulé ‘’Les exploitations agricoles au cœur du changement : Comment les petits exploitants africains font face à un avenir climatique incertain’’. Celui-ci dénonce en effet, le manque de financement comme principale limite à la mise en œuvre des projets d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets en Afrique.

Changement climatique, un danger pour le développement de l’Afrique

Selon ce rapport, «les fonds que touchent actuellement les pays africains sont d’un montant dérisoire, d’autant plus que le coût annuel de l’adaptation au changement climatique pour la période 2010 à 2050 est estimé à au moins 18 millions de $US rien que pour l’Afrique subsaharienne et pourrait atteindre 50 milliards de $US pour le continent dans son ensemble ».

Si rien n'est fait, les espaces ne seront plus disponibles pour les petits exploitants africains.

Si rien n’est fait, les espaces ne seront plus disponibles pour les petits exploitants africains.

Malheureusement, entre 2003 et 2013, l’Afrique subsaharienne a reçu à peine 2,3 milliards de $US sur les 34 milliards de $US promis à travers différents fonds pour le climat. Sur cette somme, seuls 45% ont été alloués à des projets d’adaptation. A juste titre, les bailleurs de fonds et les gouvernements sont invités à augmenter leurs investissements, afin d’éviter des problèmes qui auraient des conséquences désastreuses sur le développement du continent africain.

Il s’agit notamment de graves pénuries alimentaires dues à l’élévation drastique des températures avec pour conséquences, plusieurs pertes agricoles qui pourraient atteindre 2 à 7% du PIB à l’orée 2100 et une hausse de la malnutrition infantile prévue pour atteindre 20% sous l’effet du changement climatique. Des migrations non planifiées ont été constatées en 2012. Au cours de cette année, en effet, le nombre de personnes déplacées dans le monde en raison de catastrophes soudaines dues au climat se chiffrait à 32 millions. A cela s’ajoute une flambée des prix alimentaires et l’exacerbation de la pauvreté.

« Les progrès réalisés dans la lutte contre la faim et la pauvreté en Afrique ces vingt dernières années n’auront servi à rien si on n’agit pas pour contrer les effets du changement climatique », estime le professeur Sir Gordon Conway, directeur du groupe Agriculture for Impact, basé à Londres, et coordinateur du Panel de Montpellier. Ajoutant que les petits agriculteurs africains ne peuvent sortir de la pauvreté que s’ils ont les moyens de s’adapter à un climat changeant, et cela exige des investissements importants, à grande échelle.

Si le rapport plaide aussi pour l’adoption généralisée des pratiques d’Intensification durable visant à accroître la production alimentaire tout en préservant la base de ressources naturelles dont dépend l’agriculture, il maintient que les petits exploitants agricoles peuvent aussi être des acteurs du changement, et participer à la diminution des émissions globales de carbone à l’origine du changement climatique.

La mise à contribution des petits exploitants est souhaitée pour la préservation de l'environnement.

La mise à contribution des petits exploitants est souhaitée pour la préservation de l’environnement.

Pour ce faire, les pratiques d’intensification durable préconisent l’introduction de cultures qui fixent l’azote et améliorent la qualité des sols, ou encore celle de variétés de maïs résistantes à la sécheresse. Le document précise que certaines interventions nécessitent un investissement de la part du secteur privé, par exemple pour la mise en place de systèmes d’irrigation à petite et à grande échelle.

Ainsi, pour Dr Camilla Toulmin, ancienne directrice de l’Institut international pour l’Environnement, et du développement et co-présidente du Panel de Montpellier, « le changement climatique représente une opportunité économique en termes de techniques innovantes et de création d’emplois dans les secteurs sensibles aux variations du climat, c’est-à-dire non seulement l’agriculture, mais aussi les secteurs de l’eau et de l’énergie ».

C’est d’ailleurs pourquoi Dr Ousmane Badiane, directeur Afrique de l’Institut international de recherches sur les politiques alimentaires propose que l’on offre aux agriculteurs les possibilités et les incitations adéquates, de sorte qu’ils puissent jouer un rôle moteur dans le développement agricole durable, qui renforce la résilience et contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Voici les recommandations du Panel de Montpellier

A l’endroit des bailleurs de fonds et aux gouvernants, le Panel de Montpellier a fait des recommandations contenues dans ce nouveau rapport publié à New York. Dans ce rapport en effet, les experts proposent entre autres, des investissements pour améliorer la surveillance météorologique, mais aussi dans la recherche afin de comprendre les réactions des différentes cultures et races de bétail aux inondations, à la sécheresse et au stress thermique.

Ils mettent en avant l’amélioration des estimations du nombre de personnes qui souffriront d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, afin d’élaborer des stratégies de renforcement des capacités de résilience et un franc soutien aux efforts des petits exploitants agricoles pour réduire et compenser les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des investissements dans les interventions qui favorisent la capture du carbone dans les sols, entre autres l’agroforesterie et les bonnes pratiques de gestion relatives à l’utilisation des sols.

L’amélioration des mécanismes de financement du climat afin de faciliter l’accès des gouvernements africains à des fonds qui profitent largement aux petits agriculteurs. Dans cet élan, le rapport recommande le renforcement du leadership politique, du fonctionnement des marchés et des instruments réglementaires, afin de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation et d’atténuation qui profitent aux petits agriculteurs.

Faut-il le rappeler, le Panel de Montpellier réunit des experts européens et africains des domaines de l’agriculture, du commerce, de l’écologie et du développement mondial. Son président est le professeur Sir Gordon Conway, directeur d’Agriculture for Impact, une initiative de plaidoyer qui coordonne le Panel.

Depuis mars 2010, il travaille à l’élaboration de recommandations pour permettre aux gouvernements européens de mieux soutenir les priorités nationales et régionales en termes de développement agricole et de sécurité alimentaire sur le continent africain.

Idrissa Konaté

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