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Prix Nobel 2015 : La Biélorusse Svetlana Alexievitch sur la plus haute marche #Littérature


Archi-favorite chez les parieurs, le prix Nobel de littérature 2015 a été attribué le jeudi 8 octobre 2015 à la Biélorusse Svetlana Alexievitch. Après l’énorme surprise de l’année dernière avec le Français Patrick Modiano, l’Académie suédoise a couronné, cette fois-ci une écrivaine prolifique et une journaliste combattante qui écrit aussi bien sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl que sur les traces cachées des guerres.

A 67 ans, la Bielorusse Svetlana devient la 14e femme et la première femme de langue russe à remporter le prestigieux prix littéraire. Dissidente, elle a écrit sans faire des concessions au pouvoir sur l’histoire de l’Armée rouge, Tchernobyl, la chute du communisme, les dégâts provoqués par l’empire soviétique chez les gens. En 2013, lors de la publication de son livre, La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement.

Les visages de la guerre

Pour La Supplication–Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, publié en 1997, elle avait emporté le Prix de la paix Erich-Maria-Remarque. Dans beaucoup d’autres écrits, elle manifeste sa volonté de soutenir les victimes dans leur travail de deuil et dans leur recherche de la vérité. La Guerre n’a pas un visage de femme, publié en 1985, fait écho aux expériences vécues par des femmes soldats de l’Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est suivi en 1990 de Cercueils de zinc qui fait le sinistre bilan des soldats envoyés à la guerre en Afghanistan. Avec Derniers témoins, elle revient en 2005 sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour sauver les témoignages des enfants d’alors de la disparition.

Née le 31 mai 1948 à Stanislas, dans l’ouest de l’Ukraine, au sein d’une famille d’instituteurs de campagne, elle choisit de devenir journaliste. Après des études à l’Université de Minsk, elle est engagée à la rubrique courrier de Selskaïa Gazeta, le journal des kolkhoziens soviétiques. C’est à ce moment qu’elle commence à s’intéresser au sort souvent tragique des femmes et publie La Guerre n’a pas un visage de femme. Ce premier roman est à contrecourant de la propagande soviétique sur le rôle héroïque des femmes dans la guerre. Entamé dans les années 1970, le livre n’est publié qu’en 1985 rendant célèbre son auteure en URSS et à l’étranger.

« Sculpter l’image d’une époque »

Son style fusionne les meilleurs côtés de ses deux activités en tant que journaliste et romancière : être à la fois proche de la réalité et des gens et pénétrer avec la force de l’imaginaire et l’âme des mots les endroits interdits et occultés. Elaborés minutieusement à travers de centaines d’interviews pendant une très longue période, ses écrits dérangent au plus haut point les autorités et sont jusqu’à aujourd’hui introuvables dans les librairies en Biélorussie, gouvernée par un des derniers régimes autoritaires d’Europe. Dans un entretien qui vient d’être publié lors de la sortie en France de trois de ses œuvres majeures dans la collection Thesaurus chez Actes Sud, Svetlana Alexievitch définit sa façon de travailler ainsi : « Je ne cherche pas à produire un document, mais à sculpter l’image d’une époque. »

Source : Rfi

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