[Prime Covid-19 des pompiers civils, le lieutenant Baba Claude (porte-parole de l’intersyndicale)] Dit toute la “vérité’’ et fait de graves révélations
Abidjan, 14-10-2021 (lepointsur.com) Depuis plusieurs mois maintenant, les différents syndicats des pompiers professionnels ou civils de Côte d’Ivoire (SAAPC-CI/UNAPC-CI) sont engagés dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de leur corporation.
“ Tous les pompiers civils de Côte d’Ivoire doivent fermer les 30 centres de secours d’urgence à partir du lundi 18 octobre pour manifester leur mécontentement face au mépris des autorités devant nos misères et souffrances. ’’
Paradoxalement, bien que reconnues par la direction générale de l’Office nationale de la protection civile (ONPC) et le ministère de la Sécurité et de l’Intérieur, leurs revendications peinent à être traitées. Devant les rumeurs relatives au détournement de leurs primes de Covid-19 et autres, le Lieutenant Baba Claude, le bouillant porte-parole de l’intersyndicale des pompiers civils de Côte d’Ivoire a tenu à faire une mise au point, dans un style ferme, digne d’un syndicaliste. In fine, il a aussi dressé un tableau très sombre des maux qui minent leur corporation. Entretien.
Bonjour Lieutenant Baba Claude. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez déposé un préavis de grève le jeudi 07 octobre 2021, alors que tout semblait aller de mieux en mieux dans la corporation des Pompiers civils ou professionnels de Côte d’Ivoire ?
Merci Monsieur le journaliste de l’intérêt que vous et votre hiérarchie ne cessez d’accorder à tous ceux qui souffrent et plus particulièrement aux pompiers professionnels ou civils de Côte d’Ivoire. Merci une fois de plus, de l’occasion que vous nous offrez de dire la vérité sur cette crise qui mine notre corporation. Ce lieu est pour nous l’occasion de notifier que l’intersyndicale UNAPCCI/SAAPCCI a d’abord déposé un préavis de Grève le mardi 10 août 2021. Mais, dans l’optique de donner une chance à la négociation et au dialogue, nous avons dû suspendre le processus de déclenchement de la grève. Toutefois, les raisons de ce préavis de grève demeurent encore aujourd’hui.
Ensuite, dans la même veine du dialogue, nous avons eu une rencontre avec monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité à son cabinet. Mais, malgré notre bonne foi en raison de l’espoir que nous avions placé à cette rencontre, nous n’avons rien obtenu. Cette montagne a donc accouché d’une souris, comme on le dit. Cependant, à la fin de la réunion, monsieur le Ministre a instruit le directeur général de mettre en place un cadre de concertation permanent. Mais en lieu et place de cette “trêve’’, nous avons assisté à des sanctions et punitions de nos responsables syndicaux caractérisées par des mutations abusives et des ponctions arbitraires.
C’est donc à la suite de tout ceci, que les pompiers civils se sont retrouvés le 29 septembre 2021 au CSU d’Abengourou pour décider du dépôt d’un autre préavis de grève.
Quelles ont été les réactions des autorités après le dépôt de votre préavis de grève ?
A des fins de médiation, nous avons été approchés par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) pour une rencontre le lundi 11 octobre dernier. Mais avant le dépôt du préavis, le DG de l’ONPC nous a convié à une séance de travail le mercredi 06 octobre 2021, qui n’a en aucun cas pu nous satisfaire, une fois de plus.
Nous avons appris que la direction de l’ONPC fait beaucoup pour les pompiers civils ou professionnels. Et que d’ailleurs, lors de la rencontre à 7 avec votre tutelle, un syndicat a reconnu 13 revendications satisfaites sur 17. De quoi s’agit-il au juste ?
Oui, il faut humblement reconnaître que le DG de l’ONPC, depuis qu’il est arrivé à la tête de l’ONPC, a résolu quelques-unes de nos difficultés. Mais, 13 revendications satisfaites sur 17, c’est vraiment excessif. Nous ne savons pas la source de cette information mais, je puis vous affirmer que c’est juste de la manipulation dont nous ignorons les motivations.
Sinon en l’état actuel des choses, les pompiers civils ou professionnels n’ont que 3 revendications principales. Pas plus ni moins.
Lesquelles ?
Ce sont : le rappel de 19 mois de la Prime Covid-19, l’homologation de nos galons puis les indemnités de risque, d’astreinte et de sujétion. C’est tout !
D’ailleurs, il faut rappeler à toutes fins utiles, que nos revendications sont légitimes, fondées et reconnues de facto par les autorités, elles-mêmes.
Alors, d’où vient la difficulté à les solutionner ?
C’est là tout le fondement de notre grève.
D’aucuns ne cessent de dire que vos primes Covid-19 seraient détournées.
Agir ainsi, c’est avoir du mépris pour les pompiers civils ou pompiers professionnels de Côte d’Ivoire qui risquent leur vie chaque jour et à chaque instant. Nous comptabilisons à ce jour, une quarantaine de pompiers civils contaminés par cette pandémie. Et je vous apprends, qu’a l’instant, 3 de nos collègues viennent d’être victimes d’un accident pendant qu’ils transportaient un blessé dans leur ambulance à l’hôpital général de Grand-Bassam. Ça aurait pu être pire comme ça l’a été pour le sergent Ismaëla à Ferkessédougou.
Peut-on dire avec aisance que la totalité des pompiers civils soutient les actions de l’intersyndicale étant donné qu’un troisième syndicat est très en phase avec la direction de l’ONPC ?
Nulle ne peut faire l’unanimité. Mais, cette grève est un élément catalyseur qui a permis à l’intersyndicale de peser sa popularité auprès des pompiers. La quasi-majorité des pompiers civils épouse aujourd’hui l’idéologie qui sous-tend les actions de l’intersyndicale. Nous sommes en démocratie et vous savez bien que celle-ci admet la différence de points de vue et le respect des minorités. En ce qui concerne le troisième syndicat, il est très minoritaire. D’ailleurs, ce syndicat s’émiette en ce moment et je vous apprends que son célèbre Commissaire aux comptes, le national Ba Bemba, a démissionné pour créer une structure dénommée “Syndicat national pour la renaissance des pompiers civils de Côte d’Ivoire’’ (SYNARPC-CI). Et, il compte rejoindre d’ici peu l’intersyndicale avec son organisation.
Quelles lignes de conduite vos syndiqués doivent-ils adopter in fine ?
Tous les pompiers civils de Côte d’Ivoire doivent fermer les 30 centres de secours d’urgence à partir du lundi 18 octobre pour manifester leur mécontentement face au mépris des autorités devant nos misères et souffrances. Mais tout ceci dans le calme et la discipline.
Interview réalisée par Laine Gonkanou, à Ouragahio