Blodé Ziakon Alvares, président de la jeunesse départementale de Taï très remonté contre les occupants illégaux de la forêt classée du Cavally. (Ph: Le Point) Sur

CIV-lepointsur.com (Ziagné, le 04-11-2016) Ils étaient environ une quarantaine, ces jeunes et filles du département de Taï à se donner rendez-vous le jeudi 3 novembre 2016, à plus de 80 kilomètres de Zagné, en pleine forêt, à l’intersection des pistes qui mènent dans la forêt classée du Goin-Débé et celle du Cavally. Arborant des banderoles qui exprimaient aisément l’objet de leur présence dans ces profondeurs de la nature, ils ont emprunté la voie qui conduit à la forêt classée du Cavally.

Sur ces banderoles, l’on pouvait distinguer des messages aussi expressifs les uns que les autres. « Déguerpissement de la forêt classée du Cavally : un impératif avant toute négociation sur la forêt classée du Goin-Débé ». « Sauver la forêt classée du Cavally, c’est assurer la protection durable du parc national de TaÏ » ou encore « Ensemble, mettons fin à l’invasion et à l’occupation illégale de la forêt classée du Cavally et du Goin-Débé ».

Bien entendu, ces différents messages expriment clairement le désespoir de l’ensemble des populations riveraines impuissantes face à la récurrente destruction du massif forestier qu’ils ont jusque-là respecté du fait de son caractère d’espace protégé par l’Etat ivoirien. « Cette forêt que vous voyez est bien la forêt classée du Cavally qui s’étend jusqu’à la localité de Daobli, frontière avec le Libéria. Elle est présentement l’objet d’une infiltration par des populations venues d’ailleurs », indique Blodé Ziakon Alvares.

Biéou Valery, le président de l’Ong Oprft, lui s’en remet au Président de la République.

Il ne manque pas de préciser que le lieu choisi pour la protestation se situe à 500 mètres de Galilée et à 800 mètres de Koffikro, deux gros campements situés dans la forêt classée du Goin-Débé. Pour le président de la jeunesse départementale de Taï, la planification de la pénétration de la classée du Cavally se fait à partir de ces deux localités. A juste titre, il préconise leur destruction pure et simple. « Pendant qu’on nous demande de ne pas occuper ces espaces, nous assistons à son occupation sauvage par des personnes étrangères à notre région », s’étonne-t-il.

Les propos de Blodé Ziakon Alvares ont été appuyés par Biéou Valery président de l’Ong Oprft (Observatoire pour la protection et la reconstitution de la faune et de la flore tropicale) et Tiéssé Apollinaire de l’Ong Nofna (Notre forêt, notre avenir). Tous deux ont reconnu que la forêt primaire du Cavally est en train de disparaître avec la complicité passive des autorités ivoiriennes.

Selon eux, l’infiltration de ces forêts est le fait des personnes qu’ils qualifient d’éco-destructeurs « qui ont pris prétexte du conflit ivoiro-ivoirien pour infiltrer ces patrimoines conservés pendant si longtemps par nos ancêtres ». Ils n’ont pas manqué de dénoncer le contrat que la Sodefor souhaite passer avec les occupants de la forêt classée du Goin-Débé. Ils ne sont pas d’accord avec une telle mesure et ne souhaite pas qu’elle se fasse dans le Cavally, dernier véritable massif forestier dont peut encore s’enorgueillir la Côte d’Ivoire.

Dans la foulée, ils lancent un cri de cœur à l’endroit du Président Alassane Ouattara, de sorte que celui-ci prenne des mesures appropriées pour la mise en application de sa politique d’émergence verte. Mieux, qu’il assure la sécurisation de cette dernière forêt et des animaux qu’elle abrite. De sorte que la forêt classée du Cavally soit sauvée pour que demeure le parc national de Taï. Rappelons que ce rassemblement de protestation est une initiative des Ong Oprft et Nofna.

Idrissa Konaté, envoyé spécial dans la forêt classée du Cavally 

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