Pourquoi Sarkozy entretient le suspense.


Nicolas Sarkozy, qui s’apprête à replonger dans le bain politique, n’en revient pas. Le remaniement en urgence après les limogeages d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, la déliquescence du PS, la chute sans fin de François Hollande et le virage à droite de Manuel Valls sont autant d’événements qui ont poussé l’ancien président à attendre avant de lancer son offensive politique et médiatique.

Ses amis considèrent que « tout ça renforce son envie de revenir ». « Avant l’été, c’était du 50/50, relève un ancien collaborateur. Depuis son retour de Bali, c’est un petit peu plus, mais il n’est pas emballé et il aime sa vie actuelle. Il est toujours dans le « go, no go ». Mais c’est vrai que l’échec total de Hollande lui crée presque une obligation », estime ce très proche.

Une annonce dans un média ou sur Facebook
Ce « petit plus d’envie » se traduit concrètement par des signaux tangibles. L’ex-président affine son calendrier : « L’annonce de sa décision interviendra entre le 10 et 17 septembre », confie son entourage. L’idée de laisser passer la conférence de presse de François Hollande prévue le 18 n’est pas envisagée. « Il y a un moment où il faut aussi tenir compte du calendrier de l’UMP. Certaines conditions pour la candidature doivent être prises en compte. Il faut donc respecter un délai incompressible », ajoute un proche. La Droite forte vient de lancer cette semaine la collecte des parrainages. « On ne peut pas perdre de temps. Nous, on est là pour lui faciliter la tâche, et puis c’est une manière de le presser », admet Geoffroy Didier, cofondateur de ce mouvement ultrasarkozyste.

D’ici là, Nicolas Sarkozy, qui a rejoint son épouse Carla en Normandie après avoir passé la semaine à l’étranger pour des conférences, va beaucoup consulter la semaine prochaine. Luc Chatel, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Baroin et bien d’autres devraient se rendre dans ses ­bureaux de la rue de Miromesnil. La perspective d’un ticket NKM-Chatel fait son chemin. La cote de Laurent Wauquiez a pâli cet été. « Il nous avait promis une grande rentrée chez lui en Haute-Loire à la mi-août. Et finalement, il n’y avait pas grand monde. Il semble bien seul », constate un sarkozyste du premier cercle.

Nicolas Sarkozy, qui n’a fait part à personne de sa décision de revenir ou pas, pas même à ses plus proches, Brice Hortefeux et son conseiller Pierre ­Giacometti, réfléchit aussi à la forme que ­devrait prendre cette annonce. La piste d’une annonce à la télé n’est plus privilégiée, il penche plutôt pour un texte dans un média ou sur Facebook, qui serait couplé avec une prise de parole au milieu de militants. Mais la surprise pourrait être une conférence de presse. L’occasion de lever toutes les ambiguïtés autour de ce retour et de glisser quelques mea culpa sur son quinquennat ou des explications sur l’affaire Bygmalion, qui plombe l’UMP et jette un doute sur le financement de sa campagne.

Signe que son retour se précise, les proches de Nicolas Sarkozy surveillent toutes les initiatives des jeunes militants UMP. Ces mouvements fleurissent sur Internet et les réseaux sociaux (Génération Sarkozy, les Jeunes avec Sarkozy, NS 2017, Nicolas revient!…). « Il est très content de voir tout ça. C’est sûr que le moment venu, il faudra fédérer tout ça », avoue-t-on rue de Miromesnil.

« Beaucoup de supporters de Bruno Le Maire »
Les amis politiques de Sarkozy s’attellent depuis la rentrée à critiquer le tandem Juppé-Fillon, qui exaspèrent tant l’ex-président même si celui-ci s’en défend. « Fillon avait un coup à faire mercredi lors de sa rentrée. Il devait annoncer sa candidature à la présidence de l’UMP. Il aurait pris tout le monde de court. Or maintenant c’est trop tard », confie Brice Hortefeux au JDD. « Juppé n’a pas été correct avec Fillon en allant au 20 Heures de France 2 alors que Fillon était sur l’autre chaîne », ironise le meilleur ami de Sarkozy. Au passage, l’ancien ministre estime que « le désastre que connaît le pays rend encore plus nécessaire l’engagement de Nicolas Sarkozy. La France, c’est le désordre au gouvernement, en économie, dans les finances publiques et jusque dans l’opposition ».

Espéré samedi au Touquet, où le député sarkozyste Daniel Fasquelle organisait un campus de jeunes militants UMP, Nicolas Sarkozy n’est pas venu. Tout comme il ne devrait pas aller à Nice dimanche prochain, ni à La Baule plus tard. Hier au Touquet, l’ambiance n’était finalement pas « tant que ça sarkozyste », selon Geoffroy Didier, qui était présent. « Il y avait des supporters de Sarko, mais il y en avait beaucoup de Bruno Le Maire », raconte-t-il. Preuve que ce retour doit être préparé avec minutie. Si l’ancien chef de l’État fait figure d’archi-favori à une élection à la présidence de l’UMP, un scrutin n’est jamais gagné d’avance.

De notre correspondante Maty Gauthier Fanny

Commentaires

commentaires