Politique Ivoirienne/ Pascal Affi N’Guessan, ange ou démon au FPI?


Pascal Affi N'Guessan, président du FPI (ph: archives)

Pascal Affi N’Guessan, président du FPI (ph: archives)

Qui en veut au président du Front Populaire Ivoirien Pascal Affi N’Guessan ? La question mérite d’être posée. Tant ses ambitions politiques sont ruées dans les brancards. C’est un secret de l’allure de Polichinelle.

Mais au fait, qu’est donc le Front Populaire Ivoirien (FPI)? Un parti politique ? Le culte d’une personne, fusse-t-elle de Laurent Gbagbo ? Le FPI a certes eu le mérite de commencer, de faire naitre la véritable vie politique en Côte d’Ivoire de par son forçat pour le multipartisme, mais à qui profitera la victoire ?

Sacko contre Sarko, vive Gbagbo ! Au paroxysme de la crise qui secouait Dame Côte d’Ivoire le refrain de la chanson disait : « …tuez nous, on est beaucoup… ». Pat Sacko, lead vocal du groupe Espoir 2000, dans un rythme plein de cadence, propageait du haut du micro ce que beaucoup de pro-Gbagbo pensaient. Pour eux, tout en touchant du bois, leur champion socialiste allait avoir ses idéaux pérennisés même s’il venait à ne plus être des leurs. Parce que désormais il y aurait plus d’un Gbagbo sur le chemin de la France de Sarkozy. Une révolution de bas en haut. Profonde vocation qui allait faire sortir la Côte d’Ivoire de l’emprise de cette France. Une nouvelle Afrique dépourvue du joug colonial… Gbagbo n’étant plus là, comment expliquer la désuétude conséquente de ses idéaux, de son parti ?

Les vestes se sont retournées. Les rythmes aussi. A croire que tous ces artistes de la scène musicale ivoirienne ne sont en fait que griots à la main tendue. On chante à tue-tête pour la démesure d’éloge d’un Président on ne peut plus parfait. Bien sûr aussi longtemps qu’il tiendra les rênes du pouvoir et l’argent. Les Galliets ne sauront dire le contraire eux qui ont changé, réadapté les paroles de leur si belle balade patriotique, le slogan même de la campagne de Laurent Gbagbo en 2010 : « …il n’y a rien en face, c’est maïs… »

Ainsi le chat n’étant plus là, les souris dansent déjà sous un autre rythme. Mais, le FPI se doit d’être l’élan de son fondateur. Alors pourquoi en vouloir à son actuel président ? D’aucun  dans cet échiquier politique ivoirien n’a point d’ambition personnelle ? Si tel est le cas soyons donc humblement honnête de reconnaitre  que l’on s’est trompé de vocation. Qui dit politique dit ambition. Aspiration peut être sociale pour le peuple endormi mais surtout et essentiellement cupidité personnelle.

Du Trône à l’amnésie. Combien désormais élus n’en sont pas allé à l’encontre de leurs promesses de campagne ? Les peuples, suivistes toujours à la merci de leurs rêves judicieusement mis à profit d’intérêts personnels. Tout pour être élu et une fois élu, tout pour y demeurer… Affi, l’exception ? Pardonnez-nous d’avoir attelé la charrue avant les bœufs.

La coïncidence. Alors tout se jouera dans la forme… Nous comprenons bien que des ficelles sont tirées du sommet… Konaté Navigué soudain n’a plus sa vie en danger mais rentre tout de même au bercail en catimini. La farine est en train d’être pétrie. Dans  ce vaste brouhaha, certains ont compris que rien ne s’obtient par la force. Le roseau se plie, mais résiste à la tempête qui par contre déracine le plus gigantesque baobab. Affi N’Guessan doit sa liberté de prison grâce à la négociation et le compromis loin de la force et des ultimatums.

Cependant, Alassane Ouattara a urgemment besoin de légitimité d’autant plus que sa question de légalité n’est que formalité. Il contrôle l’Assemblé Nationale, un acquis. Mais plus aux yeux de François Hollande que ceux des Ivoiriens, il a besoin d’être au moins légitime et seul le FPI a les clefs.

La fameuse date du 5 juin 2014 arrivera aussi vite qu’elle sera oubliée. Les « colombes » sont en phase de phagocyter les « faucons » de leur parti de rapace. Tant de nouveaux riches en dix ans seulement…Dommage, l’élu Koua Justin ne pourra plus établir les bases de son match retour. Il est renversé in extremis par un président affuté au profit d’un vaillant serviteur, nous avons nommé Monsieur Konaté Navigué. L’enjeu politique en vaut bien la chandelle.

La pierre à plusieurs coups… Le FPI qui jusqu’ici a tout boycotté : les législatives de 2011, Les municipalités et régionales de 2013, le recensement de 2014 soudain trouve « le must » de s’asseoir à la table de négociation. Négociation ou diktat du pouvoir ? Au risque de se perdre d’avantage sur le plan identitaire et idéologique, l’urgence de la candidature d’Affi N’Guessan en 2015 coïncide naturellement avec celle de la victoire incontestée du candidat unique du RHDP. Le PDCI, qui estime être un grand parti manque de mécanisme et d’une réelle capacité politique quant à la mise à l’écart du Président Bédié qui représente en son sein l’inertie politique. Ainsi, le PDCI conquis, le LIDER, pseudo-FPI en plein essor, seul le FPI saura offrir de la légitimité à la victoire oh que certaine d’Alassane Ouattara… Initialement Le Messie économique qui pense déjà à un  « énième » mandat… nous, attendons toujours ce miracle qui a nécessité et justifié sa venue…

L’affront ! Il est là : afin de mieux gérer et garder la main mise sur le parti de Laurent Gbagbo en chute libre institutionnelle depuis 2011, Affi N’Guessan veut subitement dire oui à Alassane. Oui à quelques postes seconds du gouvernement. De cette pierre-là plusieurs coups seront atteints dont la légitimité d’un Alassane que les FPIstes du haut de leur orthodoxie n’ont jamais reconnu comme Président légitime et légal de leur Côte d’Ivoire.

Affi N’Guessan  saurait-il ouvertement afficher ses intentions ? Et tirer son épingle du jeu face à l’épineux problème de crise identitaire en politique ivoirienne ? Le FPI a déjà prouvé à plus d’un qu’en Côte d’Ivoire il n’est l’exception.

Alea jacta es !

EYANN

 

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