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Plus d’un an après la démolition de la cité RAN PK6/ Les responsables des résidents fondent en larmes devant le cardinal Kutwan #injustice


-Les ministres Gnénéma, Anne Ouloto interpellés

Abidjan, 29-12-15 (lepointsur.com)-L’Archevêque d’Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwan a reçu mardi 29 décembre 2015, en audience à l’église Saint-Paul du Plateau les responsables des victimes de la démolition de la cité RAN PK6 sis à Marcory Rue Paul Langevin et le président des résidents des cité RAN, Gontrand Guéi.

Mgr Jean-Pierre Kutwan a reçu mardi 29 décembre 2015, en audience à l’église Saint-Paul du Plateau les responsables des victimes de la démolition de la cité RAN PK6 sis à Marcory Rue Paul Langevin et le président des résidents des cité RAN, Gontrand Guéi

Mgr Jean-Pierre Kutwan a reçu mardi 29 décembre 2015, en audience à l’église Saint-Paul du Plateau les responsables des victimes de la démolition de la cité RAN PK6 sis à Marcory Rue Paul Langevin et le président des résidents des cité RAN, Gontrand Guéi

Quelques responsables des victimes de la cité RAN PK6

Quelques responsables des victimes de la cité RAN PK6

Il était question pour le président du comité des résidents des cités RAN, Gontrand Guéi d’expliquer à Mgr Jean-Pierre Kutwan, archevêché métropolitain et cardinal d’Abidjan, les déboires des victimes des cités RAN du Plateau et PK6.

En effet,  le 11 avril 2014, l’opérateur économique Fouad Omaïs réquisitionnait les forces de l’ordre avec « 11 cargos » accompagnés de deux engins de démolitions, « sans une mise en demeure » préalable, pour raser la cité RAN PK6. De 4heures à 6 heures GMT du matin, au moment où certains loubards défenestraient les bâtiments de la cité, d’autres aidaient les forces de l’ordre à violenter les habitants qui voulaient opposer un refus. Cette opération, selon les riverains et les victimes « s’est faite sous haute escorte de la gendarmerie et des loubards« .

Après l’enquête de la Brigade de recherche de la gendarmerie et l’ouverture du procès, lundi 2 juin 2014, « rien ne semble bouger » soutiennent les victimes. Un argument partagé par les riverains de la cité RAN du Plateau menacé d’expulsion dont l’affaire est pendante devant la Cour suprême que les victimes des 41 maisons des cités RAN PK6 rasées.  

« C’est pourquoi nous sommes ici afin que vous nous aidiez en prière, et pourquoi pas,  auprès du chef de l’Etat afin qu’il soit mieux imprégné du dossier et que les victimes soient rétablis dans leurs droits« , a soutenu d’entrée Gontrand Guéi après avoir fait la genèse de l’affaire.

« Mgr, nous ne comprenons pas pourquoi, conformément à la note de présentation du décret de dévolution du patrimoine à la SIPF dans laquelle l’Etat « a donné son accord de céder les logements aux occupants, les riverains sont toujours victimes d’injustice », a ajouté le président des résidents des cité RAN.

Mgr Jean-Pierre Kutwan jetant un coup d'oeil sur le mémorandum de l'affaiare

Mgr Jean-Pierre Kutwan jetant un coup d’oeil sur le dossier redigé à cet effet

En effet, poursuit-il « quand la société RAN  a été dissoute en 1989 avec la compression de 1024 agents entraînant le déboire de ceux-ci, et que la société ne pouvait pas indemniser les agents, il y a eu des brouilles entre les cheminots et l’administrateur. C’est la raison pour laquelle, lors de la privatisation en 1995, les respnsables syndicaux ont négocié avec l’Etat deux mesures sociales. La première concernait le bénéfice de la ponction proportionnelle avec dérogation de la conditionnalité d’âge, et la seconde, la cession des logements occupés par les agents de l’ex-SIPF. »

Non sans préciser, » Mgr les cités RAN du Plateau et PK6 en zone 4c ont été pris en otage par la SIFP, en dépit de la mise en oeuvre de la de la décision de cession desdits logements. L’affaire a été renvoyée à maintes reprises devant les tribunaux, mais la société a été déboutée parce que n’ayant pas de titre foncier. Donc, ces cités restent des domaines de l’Etat. Il est donc, clair que ce que l’Etat décide,  c’est ce qui doit être mis à exécution et non le contraire. »

A sa suite, l’Archevêque d’Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwan a conseillé à ses hôtes de « laisser la justice faire son travail« . »Le Président de la République a toujours voulu la séparation des pouvoirs, c’est pourquoi,  je vous conseille cela », a-t-il renchéri.

L’émotion était vive, les pleurs aussi

Gontrand Guéi entouré de quelques membres de la cité RAN du Plateau

Gontrand Guéi entouré de quelques membres de la cité RAN du Plateau.

Il n’en fallait pas plus pour que les victimes abordent avec  forts détails les raisons de leur audience.« Bien au contraire, après six mois de procès à notre dernier passage au tribunal du Plateau, le juge n’est pas revenu sur l’affaire. On nous a fait entendre que le dossier est perdu« ,  a indiqué Vanga Paul Patrice Wognin, l’un des jeunes qui suit de près le dossier avec les résidents.

La présidente des femmes victimes de la cité RAN, Mme Gayé Jeanne D’Arc a dépeint le triste tableau des différentes rencontres, sans succès, avec les autorités, avant  d’éclater en sanglots en évoquant la galère et la misère des victimes. « La ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Anne Ouloto a demandé de faire la liste des victimes. Ce que nous avons fait, et après plus rien. Après quelques vivres dès les premières semaines, à ce jour nous n’avons plus rien. Pis, ces services ont même fait croire dans certaines institutions que nous avons été dédommagés. Ce fut le cas au service social de l’Assemblée nationale où le monsieur que nous avons rencontré a appelé devant nous un proche du ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant qui,  séance tenante a tenu des propos faisant  état de ce que nous avons été dédommagés. »

C’est en larmes qu’elle a expliqué ses déboires, ainsi que ceux des autres femmes. »J’étais tenancière de plusieurs restaurants et maquis, aujourd’hui je suis obligée d’être servante pour subvenir aux besoins de mon fils de 24 ans qui avait sa chambre, mais pour des raisons évoquées plus haut, je suis obligée de partager la même natte que lui. Souvent,  nous sommes victimes de viol par des passants, vu que nous dormons entassés sous une bâche sur les lieux démolis.  »

C’est en sanglots que chef de quartier, non voyant et porte-parole des victimes, Allah Kouadio a fait le bilan macabre de six décès, après un an et sept mois sans issue. « Monseigneur, nous venons à vous parce que nous avons tout perdu, nous sommes devenus des mendiants. Vous êtes un homme de Dieu et vous vous battez pour que justice soit rendue à ceux qui ont raison. Nous avons besoin de retrouver le sourire et la joie de vivre comme les autres. Il s’agit de l’avenir de nos enfants que nous ne pouvons plus scolariser« , a terminé en larmes le non voyant.

Par ailleurs, le président des résidents des cités RAN, Gontrand Guéi a renchéri en ces termes : »Mon père, nous souffrons dans notre chair. C’est vrai que nous leur venons en aide de temps en temps, mais nous sommes des retraités, et aussi menacés d’expulsion ». Après les échanges, le président des résidents des cités RAN a remis le dossier concernant l’affaire depuis sa genèse, à l’archevêque.

Sériba Koné

 

 

 

 

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