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Pèlerinage des chrétiens en Israël : Voici comment les pèlerins ivoiriens sont ‘’volés’’ #DGdesCultes


Plus de 10.000 pasteurs dans la rue en mars prochain

CIV-lepointsur.com (8-3-2018) Depuis maintenant plusieurs années, des leaders religieux chrétiens ne cessent de se plaindre sur l’organisation de leur pèlerinage aussi bien à Lourde qu’en Israël. Sans que la Direction des Cultes, le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité et même du gouvernement ivoirien ne bouge le petit doigt. Pire, toutes autorités continuent d’entretenir le flou sur cette question. Et pourtant, il est important de trouver des réponses aux doutes des leaders religieux qui ne demandent qu’à savoir combien ils bénéficient pour ce voyage en terre sainte. D’ailleurs une enquête que nous avoir pris soin de réaliser nous a permis de situer les responsabilités.

De l’origine de ce voyage en terre sainte

Preuve 1

D’après nos investigations, l’idée de regrouper les chrétiens catholiques et protestants évangéliques pour un pèlerinage à Lourde comme en Israël date de 2000, avec l’arrivée du Président Laurent Gbagbo au pouvoir. Ex-chrétien catholique, Laurent Gbagbo embrase la religion évangélique grâce à Feu le prophète Kacou Sévérin. L’ancien Chef de l’Etat se donne alors comme priorité, voir sa famille religieuse unie. Pour y arriver, il invite les différents leaders évangéliques à mettre en place une structure commune qui sera interlocutrice entre l’Etat et cette communauté. Naît ainsi, le Conseil National des Eglises Protestantes Evangéliques de Côte d’Ivoire (CNPECI). Un conseil dont la Fédération Evangéliques de Côte d’Ivoire (FECI) refuse de s’allier.

Sous prétexte que pour ses premiers responsables, un homme politique n’a pas le droit d’organiser l’Eglise. Toutefois, cette volonté du Président Laurent Gbagbo à vouloir aider la grande famille protestante évangélique suscite les appétits d’autres leaders. On assiste alors à la naissance du Conseil des Eglises Protestantes Missions Evangéliques de Côte d’Ivoire (CEPMECI) du Dr Dion Robert, du Conseil Evangéliques de Côte d’Ivoire (CECI) du Révérend Bouabré Janvier, de l’Ordre des Eglises de Côte d’Ivoire (ODECI) du Révérend Ablé GUY et plus tard de la Confédération des Eglises de Côte d’Ivoire (CONFECI) du Bishop Kassi d’Azito. Malgré la mise en place du Haut Conseil des Eglises Protestantes Evangéliques de Côte d’ivoire qui devait unir les protestants Evangéliques, l’échec fut total et la division devient encore plus grave avec l’arrestation du Révérend Camille Makosso taxé de Pro-Ouattara vu son opposition farouche aux pasteurs proches du Régime Gbagbo sur le dossier du pèlerinage.

Toujours selon nos sources, c’est sous la pression des Fédérations Evangéliques que le Président Gbagbo décide d’allouer un budget de deux (02) milliards F CFA aux Chrétiens Evangéliques afin de leur permettre de visiter chaque année la terre sainte. Ainsi, depuis 2007, ce sont au total 1.000 pèlerins qui visitent la terre sainte d’Israël et Lourde pour prier en faveur de la paix et de la réconciliation sous la supervision de la Direction des Cultes qui depuis le Ministre Yao Noël, premier Directeur des Cultes en passant par le Préfet Hors Grade N’Guessan Pascal présentait le budget alloué pour permettre aux leaders religieux de remercier l’Etat pour sa largesse. Cependant, avec l’accession du Président Alassane Ouattara au pouvoir, une grande crainte s’empare du monde chrétien en général mais en particulier, évangélique.

Pour la simple raison que c’est la première fois qu’un musulman accède au pouvoir en Côte d’Ivoire. En vue de renforcer leur unité, les leaders évangéliques en Juin 2011 décident de la mise en place de la Commission Protestante Evangélique de Côte d’Ivoire pour défendre les intérêts des Evangéliques face au nouveau pouvoir. Le Bishop Kassi d’Azito et le Révérend Camille Makosso que plusieurs présentaient comme le pasteur du Golf pour avoir été le seul religieux à intervenir sur la chaine TCI en faveur du Président Alassane Ouattara, prennent les commandes de l’Eglise Evangélique pour restaurer son image, sécuriser les églises et permettre aux pasteurs de rester neutres face au débat politique.

Dr Dao Aminata et la Direction générale des Cultes

Preuve 2

En 2012, le Préfet N’Guessan Pascal est débarqué de la Direction générale des Cultes pour avoir été accusé d’aider le Ministre Désiré Tagro dans l’affaire de faux extraits de naissance. Il est remplacé à ce poste par  l’épouse du médecin particulier du Président Ouattara, Dr Dao Aminata. Une arrivée qui ouvre également les portes de la crise avec le pouvoir. En effet, plusieurs de ses actes sont à l’origine de ce conflit. Parce qu’elle a mis fin à l’officialisation du budget du Pèlerinage en Israël. Puisque désormais seule la Direction générale des Cultes a le droit de connaître le montant alloué pour ce voyage en terre sainte.

Et ce, malgré l’insistance des associations chrétiennes d’en savoir aussi. Drôle de façon de procéder selon les leaders évangéliques ! Pire, en lieu et place de 1000 places, c’est un quota de 100 places que doivent bénéficier l’ensemble des différents présidents de fédérations au même titre que des partis politiques membres du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), des fonctionnaires de plusieurs cabinets et la société dite civile. Des pratiques qui malheureusement continuent encore, selon nos sources. Aussi, Dr Dao Amina qui ne fit pas long feu à la tête de la Direction générale des Cultes est-elle mutée à Alépé comme Préfet.

Et c’est sous le régime Ouattara, que la Direction des Cultes décide de violer correctement le décret de création de la Direction en son article 29 paragraphe 6 il est clairement stipulé que : « la Direction des Cultes est chargé d’encadrer l’organisation du Pèlerinage en Israël ». Mais sous Ouattara la Direction des Cultes sans l’accord des guides religieux décide de tout et impose tout. Notamment, les dates de la période du Pèlerinages. C’est le plus souvent le mois de Décembre qui est choisi par la Direction générale des cultes pour les voyages. Une période pluvieuse, avec une fraîcheur, qualifiée de sans précédent.

L’arrivée surprise de Bamba Messamba 

L’arrivée de Koné Messamba, proche du Ministre d’Etat Hamed Bakayoko que plusieurs présentent comme un parent à lui, à la tête de la direction générale des cultes a été perçue comme une énorme surprise pour tous les hauts fonctionnaires de l’administration ivoirienne, du fait qu’il n’est pas issu de l’Ecole Nationale de l’Administration (ENA). Cela a même suscité à l’époque  au sein de l’administration de grandes frustrations. En effet, professeur d’art plastique de son état, plusieurs religieux étaient très sceptiques quant à ses capacités à gérer une administration aussi sensible qui regroupe tous les religieux. « On se demandait ce que venait faire un professeur à la tête de notre direction. C’était pour nous un manque de respect de la part de l’Etat. Car il existe au sein du Ministère de l’intérieur plusieurs hauts cadres et préfets hors grades qui sont aujourd’hui sans poste », avait dénoncé à l’époque de sa nomination le Père Stéphane Kouamé.

Ces trois erreurs du DG Bamba Messamba 

Depuis sa prise de pouvoir à la tête de la Direction générale des cultes, Bamba Messamba, a selon plusieurs leaders religieux commis trois erreurs, qui pour eux risquent de le couler. D’abord, en lieu et place de permettre à ses sous-directeurs en charge de la laïcité et de la liberté des cultes de gérer certains dossiers, Bamba Messemba, sans régler le conflit qui oppose les chefs religieux chrétiens à son prédécesseur, va plus loin en introduisant dans les listes des organisations bénéficiant d’un quota de places déjà ‘’braqué’’, des Fédérations et associations existant seulement depuis six mois et créées de toutes pièces pour seulement accéder à des places pour le voyage sans rapport d’activité. Faute qu’un administrateur sorti de l’ENA n’aurait jamais dû commettre.

Car selon la procédure administrative « toute organisation bénéficiant d’un arrêté ou récépissé doit fournir un rapport de ses activités à l’administration faute de quoi celle-ci peu suspendre son droit d’activité ». Cette légèreté de la part de Mr Bamba Messemba va d’ailleurs amener plusieurs leaders évangéliques à ne plus répondre à ses convocations pour les réunions qu’il organise. Il s’agit entre autre du Révérend Kpangui Bernard, de Dr Dion Robert, du Bishop Kassi d’Azito.

Car pour eux c’est une faute grave de mettre à la même table des Fédérations regroupant plus de 500 églises avec des organisations qui ne regroupent que trois pasteurs. Ensuite, durant ses quatre années à la tête de la Direction des Cultes, Bamba Messemba n’a jamais réclamé de rapport d’activité des Fédérations et Groupement religieux, ni de rapports des assemblées générales avec les listes de présence permettant d’évaluer le poids de chaque organisation pour une bonne répartition des places du pèlerinage en Israël. « A plusieurs reprises nous avons demandé au DG des cultes d’appliquer la procédure en matière concernant les rapports d’activité. Car plusieurs Fédérations existent que de nom, mais n’ont plus de membres. Proposition qu’il a toujours refusée. Selon lui, il ne veut pas créer de frustration. Mais quand une fédération sans membre bénéficie de plus de places qu’une fédération qui chaque jour a des adhésions, cela créer de grave frustration », s’est toujours plaint le pasteur Konan Ariel, membre de la Commission Evangélique.

Enfin depuis son arrivée à la tête de la Direction générale des Cultes, le pèlerinage en Israël est devenu un mythe pour les ayants droit. Aucune réunion préparatoire avec les Fédérations, juste des réunions d’informations. Souvent les Leaders évangéliques sont convoqués par voie de ‘’sms’’ deux heures avant la tenue de la réunion, juste pour venir écouter mais ne peuvent pas faire de propositions. « Mme Dao Aminata avait tous les défauts, mais en matière d’administration, elle maitrisait son sujet. Nous recevions des courriers 72h avant car nous sommes aussi hyper occupés à gérer des vies et des pasteurs. Mais sous cette direction nous sommes traités comme des moins que rien, aucun respect de nos titres et rangs de Guide religieux. L’on nous convoque comme des enfants pour nous imposer des choses comme si nous étions sous une dictature. Pour nous c’est clair. Que le Président nomme un administrateur à notre direction. Parce que plus personne ne veut de lui, mais comme c’est un parent du Ministre d’Etat Hamed Bakayoko les religieux ont peur de se faire arrêter, car le Révérend Makosso a déjà été détenu 02 jours au renseignement Généraux sur une note du DG des Cultes », a déclaré le Révérend José de l’Eglise Soldat de Dieu.

Incroyable mais vrai, mais selon nos informations toutes les questions sur le budget du pèlerinage, le choix des agences de voyages, les périodes des pèlerinages et le mode de répartition des places entres organisations fissent par phrase du GD des Cultes  « Ne cherchez pas à regarder dans la marmite contenter vous de ce que l’Etat vous donne, car l’Etat n’a aucune obligation de le faire » Comme si les fonds allouée au pèlerinage était la chasse gardé de mains obscure au sein du Ministère de l’Intérieur. Plusieurs proches du Ministre d’Etat Hamed Bakayoko sont étonnés du changement de Bamba Messemba qui selon plusieurs langue se voit intouchable car se voyant déjà en 2020 ministre de l’intérieur.

Les preuves d’une suspicion de détournement organisé

Depuis la plainte portée par la Commission Protestante Evangélique auprès de la haute autorité de la bonne gouvernance dirigée par le premier Ministre Seydou Elimane Diarra, plusieurs langues se délient au niveau du ministère du budget et du ministère de l’intérieur, car cacher le budget aux ayants droits est déjà une grave violation aux droits des religieux dans la mesure où les fonds sortent du budget de l’Etat dont le peuple est le propriétaire. Personnes au sein du Ministère du Budget ne comprend pourquoi le budget du pèlerinage musulman est connu et celui des chrétiens est tenu secret sous un régime prônant la bonne gouvernance.

Et pourtant, selon les documents du ministère de l’intérieur en notre possession, nous avons la preuve indélébile que c’est un budget de 2.000.000F CFA alloué pour chaque pèlerin. Aussi, un rapport en date de 2013 fait par M. Bamba Messemba montre que ce sont 1.000 pèlerins depuis 2013 sous sa direction qui voyagent en Israël et a Lourde avec un budget de 2.000.000F CFA par pèlerins dont un budget de 2 milliard F CFA seulement pour le pèlerinage soit 400 à lourde et 600 en Israël sans compter celui des chrétiens d’obédience africaines (Harristes, Christianisme Céleste, Dehima etc…) Selon l’Eglise Catholique, cette communauté n’a jamais reçu un budget pour 400 pèlerins soit 800 millions F CFA pour l’organisation de pèlerinage à Lourde.

Alors question : Pourquoi refuse-t-on alors d’informer les guides religieux chrétiens sur le montant qui leur est alloué ? Et ce, vu que le courrier administratif du Ministre stipule que les fonds sont décaissés non pas sur la demande de la direction des cultes, mais précisément sur la demande des groupements religieux. Qui sont ces groupements religieux si ce ne sont que les fédérations et association évangéliques qui ont été à la base de cette manne étatique sous le régime Gbagbo ?

Le coût véritable d’un pèlerinage en Israël pour un pèlerin

S’appuyant sur les documents des agences de voyages et des tours Opérator d’Israël, force est de reconnaitre que le vol aller et retour en haute saison de décembre est à 600.000 F CFA maximum voir 480.000F CFA avec d’autre compagnie. Le séjour en pension complète par personne comprenant le visa et les visites des sites touristiques est à 600.000 F CFA maximum en haute saison pour un séjour de 10 jours donc un voyage en Israël comme à Lourde quand on sait que le billet d’avion en France est encore moins cher tourne maximum à 1.200.000F CFA par pèlerin sur un budget de 2.000.000F CFA décaissé par pèlerin. Voici certainement ce que la Direction des cultes refuse que les pasteurs découvrent.

En effet, selon plusieurs agences de voyage contactés exécutant les marchées de la Direction générale des cultes dans le cadre de l’organisation des pèlerinages souhaitant parler sous anonymat de peur de voir leur contrat rompu, c’est un budget de 1.750.000F CFA qui leur est imposé sans compter les ristournes par pèlerins pour obtenir des quotas. Donc un total de 250 millions F CFA dans la nature depuis 2013. Ce qui revient à 1.250.000.000 F CFA sur les cinq ans de présence à la tête de cette administration. Sans compter que l’on impose à chaque pèlerin le paiement obligatoire de plus de 80.000F CFA pour les bilans de santé et assurance dans des lieux bien choisis par la Direction générale des cultes.

Répartition des places, une autre paire de manche

Jusqu’à ce jour la Direction des Cultes et le Ministère de l’intérieur n’arrivent pas à définir clairement qui sont les bénéficiaires des places. Par conséquent ils se réservent le droit de gérer le quota des places. Selon toute logique raisonnable seule les Fédérations, intermédiaires entre l’Etat et l’Eglise doivent bénéficier des quotas et procéder en leur sein à une répartition des places comme cela se fait dans la communauté musulmane où le COSIM est le seul interlocuteur. Hélas pour le pèlerinage chrétiens en Israël, la Direction des Cultes sur plus de 1.000 places réserve que 200 places à plus de 15 organisations et se réserve le droit de gérer les 800 autres places, ce qui sous-entend que les religieux demandeurs et bénéficiaires obtiennent et gèrent que 20% de leur argent sollicité. Pire selon nos sources un quota de 100 places est réservé au RHDP.

Aussi, d’après nos investigations, il se dégage que plusieurs pasteurs suspectent des membres de la Direction des Cultes de vendre les places des voyages à hauteur de 500.000F CFA. Vrai ou faux ? La vérité se saura parce que nous continuons notre investigation sur cette accusation. Du côté de la Direction générale des cultes, l’on soutient que toutes ces accusations sont sans fondements. « A la veille de chaque voyage, ce sont les mêmes qui se défoulent dans la presse pour dire des choses qu’ils ne maîtrisent pas. Sinon que gagnerait des cadres de l’Administration de se mettre à dos les guides religieux ? », nous a confié un membre de la direction de la communication de la Direction générale des cultes avant de poursuivre en ces termes : « tous les archives sont là et peuvent être consultés. Avant, pendant et après les voyages, les leaders religieux protestants évangéliques sont informés de bout en bout ».

Cependant, nous continuons de nous interroger pourquoi le Chef de l’Etat et son gouvernement refusent la mise en place d’un Haut-commissariat à l’organisation du pèlerinage en Israël ? Pourquoi le Ministre de l’Intérieur refuse de se saisir de ce dossier pour une réunion avec les Fédérations Evangélique quand on sait que les pasteurs dans les secrets préparent une grande marche de protestation devant la Direction des Cultes dans le mois de Mars ?

Une correspondance particulière de ADA

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