Pauvre Kaboré !
A peine installé dans le fauteuil présidentiel, que le nouveau pensionnaire du palais de Kosyan est déjà confronté à une kyrielle de difficultés, les unes aussi inquiétantes que les autres. Alors même que les observateurs pensaient que son élection ouvrait la voie à une nouvelle ère pour le Burkina Faso, ce pays pauvre de l’Afrique de l’ouest, réputé pour ses récurrents coups d’Etat, les derniers évènements qui s’y sont déroulés finissent par convaincre que la tâche ne sera pas facile pour Roch Christian Kaboré élu dès le premier tour de l’élection présidentielle.
De l’affaire des présumées écoutes téléphoniques entre Djibril Bassolé et Soro Guillaume, à l’attaque terroriste, en passant par l’inculpation de Gilbert Diendéré et du mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré, le nouvel homme fort du Burkina Faso semble être pris entre le marteau et l’enclume. Tant, ces différents dossiers qualifiés de brûlants par certains observateurs sont devenus un casse-tête chinois pour Roch Christian Kaboré. De fait, la question que l’on pourrait se poser est de savoir, qui veut saboter le travail de celui qui incarne désormais la jeune démocratie burkinabé ? Qui donc, a-t-il intérêt que celui qui a suscité beaucoup d’espoir pour un retour définitif du calme au Burkina échoue ?
Autant de questions que se posent certains analystes. Et pourtant, nul n’est besoin de souligner que les défis qui attendent le président burkinabé sont grands. Entre autres, repositionner son pays sur l’échiquier mondial. Cela passe nécessairement par le réchauffement des rapports avec des pays de la sous-région et même du monde entier. Christian Roch Kaboré qui veut donner un coup d’accélérateur au développement de son pays doit prendre son bâton de pèlerin pour sillonner le monde à la recherche d’éventuels investisseurs.
Malheureusement pour lui, à peine prend-t-il le pouvoir qu’il doit faire face à des problèmes, les uns aussi compliqués que les autres. D’une part, la société civile, celle-là même qui l’a aidé à accéder au pouvoir d’Etat l’attend sur plusieurs dossiers. Notamment, ceux liés à l’assassinat de Thomas Sankara, Norbert Zongo, le coup d’Etat de septembre 2015…et d’autre part, trouver des solutions au problème régalien de la sécurité. Car, le peuple burkinabé se remet difficilement de l’attaque terroriste de l’hôtel Spendid et du restaurant Cappucino de Ouaga qui a fait officiellement 30 morts et de nombreux blessés.
Roch Kaboré, aura-t-il le temps nécessaire pour faire face à toutes ces contraintes, quand on sait qu’un mandat présidentiel, c’est cinq (5) ans, pas plus. Pas si sûr. C’est un secret de polichinelle. Roch Kaboré a le sommeil troublé depuis que les rapports entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont devenus tendus à cause de l’affaire des présumées écoutes téléphones entre le PAN ivoirien Soro Guillaume et le général Djibril Bassolé et surtout du mandat d’arrêt des autorités judiciaires militaires burkinabé contre le numéro 2 du régime ivoirien.
S’il est vrai qu’officiellement le président burkinabé ne s’est pas encore prononcé sur cette affaire qui si l’on n’y prend garde, en dépit de l’assurance du président ivoirien, pourrait affecter les rapports fraternels des deux nations sœurs, force est cependant de reconnaître que les Ivoiriens ne sont pas du tout contents du frère Burkina. En tout cas, il faudra à Roch Christian Kaboré une bonne dose de courage politique, d’intelligence, de diplomatie, de tact…pour circonscrire tous ces dossiers, au risque d’emprunter la voie de l’échec. Pauvre Kaboré !
Par EKB