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Ouréguékaha/ Sciages artisanaux de bois, utilisation des mineurs dans l’orpaillage


–         L’autre visage de la forêt classée du Kobo (Suite et Fin)

043La  forêt classée du Kobo de 16.000 hectares, pas si classée que cela ! Il s’y  déroule des activités pas si catholiques que cela illégales. Des zones détruites par des producteurs de charbon par les sciages artisanaux de bois, utilisation des mineurs dans l’orpaillage etc…   C’est le royaume des activitésillégales.

Une école délaissée dans la forêt, à 17 km  de Ouréguékaha

Kafiné, est un village situé  17 km de Ouréguékaha et à 1 km de l’ancien village ainsi que du barrage sur le fleuve Nion . Nous y avons  découvert une école primaire complètement abandonnée. Chose bizarrecet établissement de 6 classes, ne se situepas dans la forêt classée. La 6ème classe selon unenseignant rencontré sur place, était à l’origine un magasin. Malgré tout ces efforts, l’école a été abandonnée par l’Etat de Cote d’Ivoire. Pis, à Ouéréguékaha,  les enseignants affectés de l’Etat sont confrontés à de nombreuses difficultés. Entre autre, des problèmes de logements. Soit quatre habitations pour six enseignants. Des maisons qui ne paient pas de mine, la peinture date des années mathusalem. Conséquence : les  résultats catastrophiques, au cours de cette année scolaire ont été catastrophiques. Pas plus de  quatre (4) admis  à l’entrée en 6 ème. « Nos enfants n’ont même pas de cantine et l’IEP la plus proche est à Niakara , à 18 km d’ici« , a déploré l’instituteur de la classe préparatoire 1ère année (Cp1), Coulibaly Bamory .  En plus de voir l’avenir de leurs progénitures compromis, les  villageois, sont troublés par le  curage des digues du barrage. Bien que le village soit légèrement en hauteur, ils vivent, au quotidien dans la crainte. « Nous craignons  une inondation du village en cas de crue, » a révélé Silué Mamadou. Et pourtant, on leur avait fait des promesses en vue d’apporter une solution, aux préoccupations des villageois.  Où  sont passées les promesses de ces responsables du  Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (Bnetd), en visite, dans cette localité, il y’a plusieurs mois?

De plus, le village est envahi par des constructions anarchiques. Des habitations en baraques couvertes de bâches noires,  qui jouxtent des maisons construites en durs à Kafiné. « Ce sont des habitations construites par des étrangers qui sont venus dans ce village à la faveur de la longue crise qu’a connu  le pays » nous indique le porte-parole du chef du village. En effet, Diallo Sylla l’un des occupants qui s’est ouvert un petit commerce de vente de cigarettes made incertains pays limitrophes à la Côte d’Ivoire nous édifie. « Je vis très bien ici. Je suis venu du Mali depuis 2005, grâce à mon frère qui travaille où on extrait l’or de l’autre côté. » Le village deKafiné est situé à une dizaine de kilomètres de cette zone où le métal précieux est extrait de façon artisanale et dans des conditions clandestines. Il nous a fallut quarante minutes environ, pourconstater qu’il y a une forte communauté des populations de la Cedeao dans cette forêt de l’ancien village de Ouréguékaha. La zone qui ne fait pas de la forêt classée, nous avons pu constater sur les portes et vérifier auprès des riverains que les agents du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) ont fait un tour dans ces profondeurs de la forêt.

 

Tchuch !!! Ici on extrait de l’or

A quelques 5 km de Lofiênan, campement où l’or est extrait clandestinement, l’on peut apercevoir des puits profonds un peu partout. Signe que le lieu de l’extraction de l’or n’est pas loin. A première vue ces endroits ressemblent trait pour trait à des tombes délaissées. Ces  véritables profondeurs à ciel ouvert représentent un véritable danger pour les hommes et les animaux. En effet, au fur et à mesure que nous avançons à moto dans cette forêt, mon guide l’un des fils de terre de Ouréguékaha a du mal à se retrouver parmi les innombrables pistes, toutes perfides les unes que les autres. La peur commence à nous envahir. Laquelle des différentes pistes va-t-elle nous conduire directement à la zone la plus proche ? La question trottait encoredans mon esprit quand, nous sommes tombés sur un groupe de chasseurs traditionnels, plus connus sous l’appellation dozos.  Une dizaine de dozo, dans une posture assez inhabituelle, ils étaient en train d’extraire eux aussi de l’or. A  notre vue, ils ont brandi leurs armes. Tout tremblotant, j’ai levé mon mouchoir de poche (couleur du mouchoir si nécessaire) en guise de paix sur instruction de mon guide. C’est ainsi que le guide a pu échanger avec nos « dozos –chercheurs d’or« en malinké), (une langue principalement parlée au nord de la Cote d’Ivoire et dans les pays limitrophes),  non sans laisser la somme de 5.000 Fcfa. Notre générosité s’est avérée payante. Les dozos  nous confiéà leur tour, à un  guide qui nous conduitdirectement à Lofiênan. Ici, toujours la peur au ventre, nous faisons la connaissance du maitre des lieux, Yéo Tim. Après quelques échanges avec notre guide, nous sommes autorisés  à prendre quelques images. « Vous pouvez prendre des images, mais personne ne peut vous donner des informations ici. Nous avons notre grand chef au village« , a-t-il indiqué. C’est un groupe bien organisé qui est présent sur six sous-préfectures. Tafiré, Badikaha, Haricokaha, Niédiékaha, Tortiya et  Niakara.

Pour combattre cette activité illégale, le capitaine des eaux et forêts de Niakara Zikobouo Cécileet ses éléments multiplient des actions de sensibilisation. Et pour cause. « A la faveur de la crise, il y a eu la dégradation de la forêt« , révèle-t-elle. Et d’ajouter ce qui suit : « Quand un domaine est décrété forêt classée, tout ce qui est illégal concernant l’extraction clandestine de l’or, le déboisement ne doit pas se faire« . Selon elle, en 2012, ce sont 32 hectares de reboisement qui ont  pu être réalisés (effectués) en milieu rural. Ce qui a valu à ce cantonnement les « félicitations » du ministre de l’Environnement, se réjouit-elle. »Cette année, nous sommes en train de prendre des dispositions pour faire mieux que l’année précédente« , assure-t-elle. Pour cela, le cantonnement  a lancé le projet « une école 5 ha ». « Soit environ une superficie de 60 hectares« , prédit l’officier avec un brin d’optimisme. Une mission que Zikobouo Cécile et ses hommes souhaitent mener à bien grâce à l’appui du ministère de tutelle. En attendant,ce qui choque dans ces forêts éloignées, c’est  le nombre d’enfants de moins de six ans qui travaillent aux côtés de leurs mères, et des  hommes dans ces mines aurifères.

 

Des enfants « perdus » en zone clandestin

008C’est connu de tous. Le travail des enfants dans l’orpaillage est fréquent dans de nombreux pays à travers le monde, en particulier dans la ceinture aurifère de l’Afrique de l’ouest. Il s’étend aux pays suivants : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Niger, le Nigeria et le Sénégal. La communauté la plus importante à Lofiênan vient du Mali le troisième plus grand producteur d’or d’Afrique. C’est ce que nous a été révélé Cissé Bakary. Il s’agit du responsable du comité des orpailleurs Lofiênan. « C’est vrai que la plus grande population, ici est malienne. Mais, nous travaillons aussi avec des filles et fils de la région « , a-t-il indiqué, ajoutant par ailleurs, « pour d’autres informations attendez notre chef qui est allé à Katiola« . A coté de ces hommes robustes , de nombreux enfants , encore frêles. Ils travaillent et côtoient le  mercure, cette substance toxique, qui est utilisée pour séparer l’or du minerai.  Or, selon des experts, « le mercure attaque le système nerveux central et s’avère particulièrement nocif pour les enfants« . Toute chose qui « met en péril la vie de ces enfants« . L’Organisation internationale du Travail devrait réactiver l’initiative mondiale « Minors out of Mining » (Les mineurs d’âge hors des mines) ? Le  programme avait  été lancé en 2005 pour éradiquer le travail des enfants dans  l’industrie minière.

 

C’est aux environs de 16 GMT que, mon guide et moi sommes sortis de la zone . Il a fallut au préalable , nous acquitter de la somme de 5.000 FCFA au poste de contrôle tenu de main maître par les dozos à la sortie du campement de la zone aurifère. Ce, après une fouille corporelle de fond en comble. Comme quoi c’est eux qui font la loi dans ce no man’s land.

Sériba Koné, envoyé spécial dans la forêt classée duKobo

Encadre1

La compagnie qui fait la fierté de la région

A côté de la dégradation de la nature, il y a dans cette forêt classée du Kobo, une plantation industrielle dénommée Ackess-ci compagnie dont l’usine est à Katiola. Le Directeur Général de cette unité, Jacques NGuessabe que nous avons rencontré a indiqué qu’il emploie 536 travailleurs, tous des jeunes de Katiola issu du Département de Niakara. Créée en mars 1996, la plantation occupe 70 hectares sur les 100 déjà réglés « aux chefs terriens » de Ouréguékaha. « Outre, la production des fruits de la plantation de Ouréguékaha, nous en achetons, transformons et exportons vers le produit mis en boîte vers les pays comme le Canada, l’Angletterre et certains pays d’Europe« , a soutenu notre interlocuteur. Cependant, Jacques NGuessabe est préoccupé par le déguerpissement des populations de Ouréguékaha. Un acte qui risque de beaucoup jouer sur sa production et le travail des jeunes du département. « Ackess se positionne parmi les trois sociétés d’emploi du Nord. Si l’Etat décide de tout détruire, ce sont des jeunes qui se retrouveront à la rue. » L’Ackess est plus connu dans la Région du Hambol et « est consommé facilement par les populations. Les femmes font de la sauce, comme on fait la sauce arachide. Cette population fait beaucoup la promotion de cet arbre qui ne pousse pas partout en Côte d’Ivoire« , a révélé Directeur Général de cette unité. Qui envisage cultiver les 30 hectares restant dans quelques années, si les discussions entreprise par les autorités villageoises de Ouréguékaha trouve une solution durale.

S. Koné, envoyé spécial dans la forêt classée du Kobo

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Des populations sensibilisées à la culture du bois de teck

A côté des grandes plantations d’anacardiers, il y a la culture du bois de tecks.

En témoigne les 25 hectares de cette production créée ces deux dernières années à Ouréguékaha par Simon Coulibaly, président national de l’Association des producteurs de Tecks de Côte d’Ivoire, ci-devant fils dudit village. Ces plantations de bois ajoutées aux anacardiers  donnent bon visage à l’environnement forestier de la forêt classée du kobo. Mais, pour combien de temps ? A cette interrogation, Simon Coulibaly est optimiste : »Nous faisons confiance à l’Etat de Côte d’Ivoire. Il y a eu certes des erreurs qui font que selon la loi, nous devons déguerpir, mais il y a solution à tous les problèmes ici bas« , a soutenu le président national de l’Association des producteurs de Tecks de Côte d’Ivoire.  Qui ne voudrais pas s’arrêter en si bon chemin quant à la culture du bois de teck.

S. K., envoyé spécial dans la forêt classée du Kobo

 

 

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