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Oumar Cheick Ouattara (Membre du bureau politique duRassemblement Pour le Mali) :« Ceux qui parlent de 2020 aujourd’hui, n’avaient pas le droit de le faire. » Oumar Cheick Ouattara (Membre du bureau politique du Rassemblement Pour le Mali) :« Ceux qui parlent de 2020 aujourd’hui, n’avaient pas le droit de le faire. »


Abidjan, 01-08-2017 (lepointsur.com) Oumar Cheick Ouattara dit Barou Ouattara est membre du bureau politique du Rassemblement Pour le Mali (RPM), par ailleurs, secrétaire chargé des Affaires juridiques et des Droits humains. Dans cette interview, il décortique l’actualité politique de son pays, le Mali et se prononce sur celle de la Côte d’Ivoire.

Quelle est la santé actuelle de votre parti politique ?

Mon parti se porte très-bien. Dans la mesure où la santé d’un parti repose sur le nombre de ses élus locaux. Nous avons la majorité à l’Assemblée nationale. Au sortir des municipales aussi, mon parti a raflé plus de conseillers et de mairies que tous les autres partis.

Vous avez tenu votre assemblée générale récemment. Quelles ont sont les orientations ?

Vous savez, nous au RPM avons pris le pouvoir dans des conditions très difficiles. La rébellion au nord, le djihadisme, les trafics d’armes dans le nord du Mali etc. Notre premier objectif était d’abord d’amener la sécurité au Mali, car le pays était divisé. Notre premier souhait était de le  ramener à son point initial. Finir avec l’insécurité, négocier avec les dissidents… A cela s’ajoute son développement. Aujourd’hui, les choses vont mieux par rapport en 2013, quand nous venions aux commandes. L’on peut quitter Bamako pour aller à Gao, à Tombouctou et à Kidal, même si le drapeau malien ne flotte pas à Kidal. C’est vrai que l’insécurité existe, mais elle connait une nette amélioration. Ce sont  ces deux projets qui ont meublé notre dernière Assemblée générale.

Comment le RPM prépare la prochaine présidentielle?

Préparer c’est trop dire. Nous ne sommes pas encore à ce niveau. Notre souhait, c’est que notre candidat brigue un second mandat.  Nous avons nos stratégies que je ne dévoilerai pas ici. Ce que vous devez savoir, c’est que dans l’ombre nous préparons activement cette réélection. Et au moment opportun vous verrez. Ce qui nous préoccupe actuellement, c’est la sécurité du pays, l’application des accords d‘Alger pour qu’en 2018, les maliens dans leur entièreté aillent aux élections dans la quiétude et la paix. Sachez que ce sont les résultats du premier quinquennat qui fait l’objet d’une bonne campagne un second mandat.

Merci de nous donner la position du RPM quant à la nouvelle constitution?

La réforme constitutionnelle ne concerne pas que le RPM. Vous savez, j’ai été député de Koutiala pendant 10 ans sous deux républiques différentes. Et tout le monde était d’accord pour une réforme constitutionnelle, car ils estimaient qu’il y avait des insuffisances et qu’il fallait réviser. Cette réforme constitutionnelle fait partie des points de l’accord d’Alger. Nous sommes  en train de prendre certaines décisions pour le pays. Et ces décisions ne seront pas totalement prises en compte si la constitution n’est pas encore votée. L’accord a demandé beaucoup de choses que seule la nouvelle constitution peut prendre en compte. On a rien changé sur le mandat du président de la république. Nous sommes  même allés plus loin en disant que tous les maliens ont droit à deux mandats. Nous avons décidé de créer un sénat, exigé par l’accord d’Alger. Quand nous entendons les gens dirent que cela vient renforcer les pouvoirs du président, nous disons non. Nous disons qu’il est normal que le  président nomme quelques membres du sénat. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire, où les autorités traditionnelles ont aujourd’hui une institution. Tout cela participe à l’essor du pays. Le Mali est entrain de régler ce problème en intégrant les autorités coutumières dans la gestion du pays. Puisse que ce sont des chefs traditionnels, et qu’ils ne peuvent pas se présenter, le président a plein pouvoir de les nommer. Nous au RPM, sommes favorables à cette révision constitutionnelle. L’opposition est également dans son droit. Mais ce qu’il faut noter, c’est qu’elle a participé à tous les débats à l’Assemblée nationale. Elle a émis des amendements, dont plus de 10 ont été pris en compte. Peut-être que l’information n’est pas passée, les tenants et les aboutissants de cette nouvelle constitution n’ont pas été suffisamment expliqués. Mais cette constitution prend en compte beaucoup de choses.

Votre avis à propos de la crise au Mali ? Quelles solutions préconisez-vous ?

Le RPM en tant que parti présidentiel se conforme aux orientations du Président de la République. Le RPM est certes, le parti au pouvoir, mais sachez qu’il a été soutenu pas beaucoup d’autres partis politiques. Notre rôle est de sensibiliser les populations pour la bonne marche de l’accord d’Alger. Le RPM est le seul parti qui possède en son sein, des députés à Kidal (Zone hostile où ne flotte plus le drapeau malien). Et cela s’explique par le fait que dans notre logique, Kidal est toujours dans le Mali. Mais étant donné que d’autres institutions  ont en charge la stabilité au Nord du Mali, le RPM se retrouve dans cette logique. Nous ne pouvons pas aller au-delà des accords d’Alger signés par le chef d’Etat.

Combien de partis comptent l’international socialiste au Mali et comment travaillez-vous ?

Ce sont trois partis qui en sont membres. Le président de notre parti Tereka vient d’être nommé premier vice-président de l’international socialiste. Et nous travaillons dans la bonne marche de notre pays. L’ADMA est dans la mouvance présidentielle avec nous. Ce sont nos alliés et tout se passe bien.

Etant donné que le capitalisme domine le monde actuel, pensez-vous que le socialisme a longue vie ?

Nous avons choisi d’être socialiste. Bien que le capitalisme domine le monde, nous socialistes disons que le capitalisme a aussi ses faiblesses. Nous croyons que ces deux entités ont leurs points positifs et négatifs. Le capitalisme aujourd’hui avec la mondialisation, avec cette tendance de libéraliser l’économie et c’est là que le capitalisme tire sa prédominance. Mais, il faut dire que nous africains aimons profiter du côté positif de la chose. S’il y a un côté positif que nous socialistes africains pouvons prendre, nous ne pouvons qu’en profiter (rires). C’est ce qui fait que libéraux et socialistes sont ensembles. En Afrique, nous avons notre démocratie à nous  qui est différente de celle des européens.

Vous avez été aperçu aux côtés du RDR en 2015 lors des présidentielles, vous avez même envoyé une délégation d’artistes de renoms maliens à Kong et à Ferkessédougou. Quelles étaient vos  motivations ?

La politique ivoirienne nous intéresse tous. Il faut reconnaitre que la Côte d’Ivoire est la locomotive de l’UEMOA, de la CEDEAO. Il y a près de 3 millions de maliens qui résident en Côte d’Ivoire. Nous suivons bien la politique ivoirienne. Le candidat d’alors Alassane Ouattara était une chance pour toute la sous-région. Nous nous reconnaissions en l’homme. Son programme de politique générale nous a impressionnés.  Nous nous sommes dit qu’avec lui, la sous-région sortira de l’ornière. Et nous ne nous sommes pas trompés. Son mandat à la tête de la CEDEAO a été bénéfique pour beaucoup de pays. Notamment pour le Mali, car la CEDEAO a géré la transition malienne avec maestria sous son impulsion.

Un appel aux maliens de Côte d’Ivoire et au reste du monde ?

Aux maliens résidents de la Côte d’Ivoire, je leur demande de se conformer aux lois qui régissent ce pays. En Côte d’Ivoire, quand tu respectes les lois, les us et coutumes tu n’as aucun problème. La politique malienne se traite au Mali,  et non en Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas le droit de s’immiscer dans les problèmes des ivoiriens.  Ils ont été bien accueillis, bien intégrés. Aux maliens du Mali partout dans le monde, qu’ils sachent que le Mali est un grand pays. Avant l’arrivée du RPM, les maliens avaient pratiquement hontes de s’appeler maliens, leur dignité était pratiquement bafouée. Notre fierté de dire le Maliba (le grand Mali en langue bambara) avait disparu. Tout cela à cause de la division. Mais aujourd’hui, il faut que le Mali revienne.  Il faut que chaque malien aime le Mali et le mette au-dessus de tout. Il faut que nous  aidions le Président Ibrahim Boubacar Keita. Plusieurs pays ont eu des périodes difficiles comme le Mali, mais n’ont pas réussi à atteindre le niveau où le Mali est actuellement. Parce que l’esprit du malien est fort, nous avons nos valeurs et notre ‘’Sinangouya’’ (alliance) dans laquelle nous nous tolérons. Nombreux sont les soldats des pays de l’Afrique qui sont tombés pour le Mali. Cela doit servir de leçon pour le peuple malien.

 Votre regard sur l’actualité en Côte d’Ivoire ?

Aujourd’hui la Côte d’Ivoire est notre fierté à nous tous. Elle a un  excellent Président. Son objectif est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Aujourd’hui, elle est en train d’aller progressivement à cette émergence. Malheureusement, dans tous pays il y a des brebis galeuses des nostalgiques qui veulent toujours revenir en arrière et mettre le pays en retard. C’est vraiment dommage que les gens arrivent à cette extrême, prendre des armes et faire des soulèvements çà et là et troubler la quiétude des ivoiriens. La Côte d’Ivoire n’a plus besoin de ça. Il est vrai que le Président Alassane est à son dernier mandat. Nous pensons que ceux qui parlent de 2020 aujourd’hui, n’avaient pas le droit de le faire. 2020 est dans encore trois ans. Il faut que ces différents protagonistes s’assaillent et discutent pour voir comment continuer l’œuvre du Président Alassane Ouattara. Le pouvoir, c’est Dieu qui le donne, on ne force pas. Il faut que les protagonistes se ressaisissent. Les querelles de pouvoir ou de succession ne développeront pas la Côte d’Ivoire. Ils se réclament tous de Houphouët-Boigny et qu’ils rentrent dans sa vision. La Côte d’Ivoire est un beau pays, il ne faut pas que les ambitions de certaines gens sèment la division dans le cœur des ivoiriens. Il faut plutôt que ces protagonistes aident le Président à atteindre l’émergence tant souhaitée.

Réalisée à Bamako par Doumbia Balla Moise

 

 

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