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« On va se calmer dans ce pays », la chronique de Fernand Dédeh


Abidjan, 19-07-2021 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo : On va se calmer dans ce pays. Des jeunes ivoiriens projettent une marche pour protester contre l’envolée des prix sur le marché, le gouvernement à la bonne démarche, les écouter, expliquer calmement et sereinement la réalité qui s’impose à lui. C’est ainsi, dans un pays qui se veut démocratique…

“ Le gouvernement a le devoir d’explication. Les députés, représentants de la nation, devraient même inviter l’exécutif à donner les explications nécessaires, rendre publiques les dispositions prises et rassurer l’opinion… ’’

Les autorités publiques ne nient pas la réalité : les prix des produits ont augmenté sur le marché. Elles en sont conscientes et essaient depuis plusieurs mois, de juguler la tendance à la hausse. Les citoyens n’ont pas tort de lancer des cris de cœur, d’interpeller ton Camarade, d’attirer son attention sur la réduction drastique du panier de la ménagère, d’une manière ou d’une autre.

Le gouvernement a le devoir d’explication. Les députés, représentants de la nation, devraient même inviter l’exécutif à donner les explications nécessaires, rendre publiques les dispositions prises et rassurer l’opinion…

Des citoyens ivoiriens ont décidé de donner de la voix et projettent de marcher le mercredi 21 juillet 2021, de Cocody au Plateau pour protester d’une part contre la cherté de la vie en Côte d’Ivoire et d’autre part, remettre une motion au Premier ministre. Donc, par ricochet, à ton Camarade.

“ Je félicite les jeunes d’avoir pris leurs responsabilités de dire haut, ce que beaucoup en Côte d’Ivoire, murmurent. C’est leur part de contrôle citoyen de l’action gouvernementale. ’’

Je suis avec attention les débats en cours. Je félicite les jeunes d’avoir pris leurs responsabilités de dire haut, ce que beaucoup en Côte d’Ivoire, murmurent. C’est leur part de contrôle citoyen de l’action gouvernementale. Ils ont le droit de poser des questions. Les pouvoirs publics ont l’obligation de leur répondre. Ils ont le droit de manifester leur colère et frustration dans la rue ou dans les salles. Le gouvernement a le devoir d’encadrer leurs marches et surtout, de leur enlever les arguments qui fondent leur grogne. C’est ainsi, dans un Etat démocratique : la sérénité des débats.

La vraie politique, c’est savoir écouter les mécontentements qui montent du fond de la société. La mauvaise politique, c’est de paniquer, manquer de sérénité et nourrir les tensions pour ne pas résoudre les problèmes réels qui se posent aux citoyens et à la société.

“ Chaque pouvoir en Côte d’Ivoire a connu sa période de grogne annuelle pour la montée des prix. Cette année est particulière: il y a eu la Covid-19 et la crise énergétique. ’’

Le ministre du Commerce monte au créneau ce dimanche. Après la déclaration publique des initiateurs de la marche de protestation contre la cherté de la vie du mercredi 21 juillet 2021. Normal, il a le devoir d’explication. Le Premier ministre JPA reçoit les associations des consommateurs le lundi 19 juillet 2021. Il est en première ligne. Il avait déjà tâté le terrain. Il a été au marché d’Adjamé, lui-même pour constater la réalité des choses. Il avait annoncé l’activation du conseil national des consommateurs.

Se parler, toujours se parler. Ce pays ne peut pas faire l’économie du dialogue à chaque étape de sa vie ou chaque secousse ou surchauffe.

Ce n’est pas la première fois que les prix montent de façon incontrôlée ou même fantaisiste sur le marché. Chaque pouvoir en Côte d’Ivoire a connu ses moments de tension : en 1996, grosse pénurie de produits vivriers et de charbon sur le marché. Au cours d’une rencontre au palais présidentiel, le Président de la République d’alors, recevant les syndicats, avait alors lâché cette phrase qui me fait toujours marrer : « Est-ce que c’est moi qui produit le charbon » ?

En 2008, des femmes ont marché à Abidjan : le prix du riz avait grimpé sur le marché. Elles voulaient juste se faire entendre à la télévision nationale. La police les avait chargées.

Ton Camarade lui-même, en 2016, a pris à témoin, ma mère, Gnian Gougoussi sur « le prix de son alloco ».

“ Dire simplement la vérité aux citoyens sur les contraintes des dirigeants et les moyens déployés pour aider à maintenir le panier de la ménagère en équilibre, voilà ce qui est à faire. Se nourrir est un droit fondamental à satisfaire. Les raccourcis politiques sonnent faux ! ’’

Chaque pouvoir en Côte d’Ivoire a connu sa période de grogne annuelle pour la montée des prix. Cette année est particulière: il y a eu la Covid-19 et la crise énergétique. Il y a en plus, la pénurie saisonnière de certains produits courants. La loi du marché s’impose aux consommateurs, la loi de l’offre et de la demande. Le gouvernement a le devoir de vérité aux citoyens. Ce qui pose problème, en réalité, c’est le sentiment de double langage des autorités. Des décisions sont annoncées mais elles ne sont jamais suivies d’effets. Des arrêtés publiés pour le contrôle des prix et le terrain vit exactement le contraire. Dire simplement la vérité aux citoyens sur les contraintes des dirigeants et les moyens déployés pour aider à maintenir le panier de la ménagère en équilibre, voilà ce qui est à faire. Se nourrir est un droit fondamental à satisfaire. Les raccourcis politiques sonnent faux !

Fernand Dédeh

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