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Nouvel accès de fièvre à Hongkong


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Lâchés par l’opinion publique et par leurs mentors du mouvement Occupy Central, les étudiants de Hong Kong défient une fois encore les pronostics en relançant leur combat pour la démocratie dans les rues de l’ancienne colonie britannique. Après l’évacuation forcée de leurs dernières barricades, la semaine passée, et la fin programmée de leur mouvement, ils livrent un impressionnant baroud d’honneur face à Pékin.

Plusieurs milliers de manifestants prodémocrates ont ainsi provoqué la fermeture temporaire du siège de l’exécutif de Hongkong, lundi, après une nuit de violents affrontements avec les forces de police. Défiant les ordres d’évacuation, les protestataires coiffés de casques de chantier et munis de masques pour affronter les gaz lacrymogènes et les matraques des policiers, ont investi dans la matinée le quartier d’Admiralty, où se trouve le bâtiment officiel qu’ils ont encerclé en ignorant les mises en garde des forces de l’ordre.

Outre le siège du gouvernement de la «région administrative spéciale» de Hongkong, le bâtiment du Conseil législatif et des dizaines de boutiques sont restés fermés lundi matin. Dans la nuit, les forces de police anti-émeutes avaient chargé à plusieurs reprises les manifestants, procédant à une quarantaine d’interpellations. Des dizaines de volontaires ont pris en charge les nombreux blessés. Les manifestants, mobilisés depuis plus de deux mois, réclament la tenue d’une élection libre en 2017 pour choisir le prochain chef de l’exécutif, et refusent de choisir parmi des candidats présélectionnés par Pékin.

Les professeurs appellent à la poursuite du combat par d’autres moyens

Descendus dans la rue par dizaine de milliers fin septembre et début octobre, les manifestants étaient à peine quelques centaines à se rassembler encore sur les trois principaux sites de protestation à Hongkong la semaine passée. Une majorité écrasante de hongkongais réclame la fin de leur mouvement et soutient le démantèlement des barricades par les forces de l’ordre.

Les professeurs, qui ont lancé la vague de protestation pour réclamer un scrutin libre en 2017, appellent aussi à la fin du mouvement d’occupation et à la poursuite du combat démocratique par d’autres moyens. Cependant, le démantèlement musclé de leurs campements et les interpellations de centaines de manifestants, dont les leader du mouvement étudiants, ont provoqué un électrochoc.

Le chef de l’exécutif hongkongais, Leung Chun-ying, a prévenu, lundi, que la police s’était montrée très «tolérante» et qu’elle allait maintenant «agir avec résolution». «Certains ont pris la tolérance pour de la faiblesse, a dit CY Leung. J’appelle les étudiants qui ont prévu de revenir sur les sites d’occupation ce soir à ne pas le faire». Obéissant aux ordres du pouvoir chinois de ne rien céder sur le fond aux étudiants et de ne pas provoquer d’effusion de violence, l’exécutif hongkongais a fait preuve d’une relative retenue jusqu’à présent.

Les prochains jours diront si les étudiants ont changé de stratégie, abandonnant la lutte pacifique pour un combat plus offensif. Ont-ils choisi l’escalade, pour pousser le pouvoir à la faute, espérant ainsi créer un nouvel élan de mobilisation? Ou ont-ils choisi de marquer les esprits pour la fin de leur mouvement dans la rue, afin de prendre date pour poursuivre leur lutte sous une autre forme?

Le Figaro

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