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Mutineries, grèves… : Ne pas oublier d’où nous venons


Pourquoi il faut privilégier le dialogue

Les Ivoiriens auront finalement compris que la réclamation des primes  par les 8400 militaires ex-membres des ex- Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) était fondée. Et donc, le gouvernement de Côte d’Ivoire, tenu par le principe de la continuité de l’administration, avait le devoir de trouver une solution appropriée. C’est donc à juste titre et en toute responsabilité que le Président de la République, Alassane Ouattara, a décidé de solutionner définitivement ce problème maintenant.

La décision a pu choquer certains parce qu’aux premières heures de leur mouvement, des mutins avaient présenté les choses comme s’il s’agissait de récompenses liées à leur action pendant la crise post-électorale. On se souvient que quand ils ont déclenché leur mouvement, le 6 janvier 2016 des soldats, apparemment, les plus excités, qui, semble-t-il, n’avaient pas une idée claire de leurs revendications, ont parlé de primes « Ecomog ».

Les Ivoiriens doivent donc retenir que l’argent que les soldats ont commencé à percevoir, est une dette du gouvernement à leur endroit. Ceci étant il faut déplorer vraiment la mauvaise méthode utilisée par les soldats car le dialogue a toujours prévalu en Côte d’Ivoire, pays de Paix. Dans son communiqué, produit, le 18 janvier 2017 les autorités l’expliquent clairement.

Il s’agit bien des soldats, issus des Ex-Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), qui dans le cadre du Centre de commandement intégré (CCI), avaient été sélectionnés pour la sécurisation du processus de sortie de crise, de 2007 à 2011 aux côtés des ex-Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDS). Ils ont assumé cette mission pendant cinq années sans percevoir le moindre sou. Alors que l’Accord Politique de Ouagadougou l’avait prévu.

Qui ne se souvient des militaires aux brassards, patrouillant partout sur l’ensemble du territoire lors de l’élection présidentielle d’octobre 2010 ? Eh bien, ces soldats en faisaient bien partie.

De la responsabilité de la hiérarchie militaire

Comment une affaire bien connue de la hiérarchie militaire, n’a pu être traitée pendant toutes ces années ?  Voici la question essentielle que tout le monde se pose depuis le déclenchement des mouvements d’humeur des militaires. C’est clair. Le problème a été mal géré. Selon des sources bien introduites au Palais présidentiel, des sommes ont été dégagées. Mais le mode opérateurs d’apurement n’a pas été opérant. Conséquence : les paiements n’ont pas été faits convenablement.

Il est donc bon que les autres militaires, les gendarmes, les policiers, les agents des Eaux et Forêts, etc., le comprennent bien. Ce n’est pas un bonus ou toute autre libéralité que le gouvernement est en train d’octroyer à leurs frères d’arme. Il s’agit d’un droit. Et cela ne saurait justifier ces perturbations auxquelles quelques-uns d’entre eux se sont livrés avec ce mot d’ordre : « comme le Gouvernement a accepté de leur payer des primes, il faut qu’il nous en donne aussi ». Non.

Les primes doivent toujours avoir une base juridique. Si on vous doit, vous devez être payés. Or dans le cas d’espèce l’Etat ne vous doit, ni arriérés de salaire, ni arriérés de primes. Ce qu’il vous doit, ce sont de bonnes conditions de vie et d’exercice de votre mission. Sur ce point, le gouvernement a donné toutes les assurances que les choses seront améliorées.

Donc il faut savoir raison garder. Il ne faut pas prendre cette affaire comme une occasion pour réclamer une distribution d’argent. Les « Haut les cœurs » (primes que l’ensemble des forces de l’ordre ont perçues pendant près de dix ans du temps de la crise), c’est fini ! L’heure est à la reconstruction du pays vers son émergence. L’argent public est désormais uniquement destiné à cet objectif.

Cette émergence planifiée par le Président de la République aura pour principaux bénéfices, de meilleures conditions de vie pour l’ensemble de la population ivoirienne vivant sur le territoire de la Côte d’Ivoire. Quand, au lieu de dépenser des centaines de millions de francs pour entretenir des groupes de soutien, les autorités choisissent d’investir dans l’adduction d’eau, la construction d’établissements scolaires, la réalisation et l’équipement de centres de santé, la construction de routes et ponts, c’est pour atteindre l’émergence. Et les Ivoiriens devraient le comprendre.

Ne pas oublier les souffrances endurées

Les Ivoiriens ne doivent pas oublier les souffrances qu’ils ont endurées pendant plus d’une décennie, du fait de la quasi-absence de l’Etat dans bien de secteurs relevant pourtant de ses obligations et prérogatives régaliennes. Le cas de l’eau par exemple. Les Ivoiriens ont souffert de la pénurie de cette denrée pendant longtemps, à plusieurs endroits du pays.

Les habitants des quartiers Maroc et Gesco dans la commune de Yopougon en savent quelque chose. Et pendant tout ce temps, aucun plan de règlement de ce grave problème n’était esquissé. Il a fallu l’arrivée d’Alassane Ouattara à la tête du pays pour que ce problème d’eau soit enfin une priorité. Dès le premier Programme présidentiel d’urgence (PPU), la question a été prise en compte. De gros investissements ont permis d’aller chercher l’eau à Bonoua et d’étendre les réseaux de distribution. En 2015, ce sont plus de 100 milliards FCFA qui ont été engagés pour améliorer la desserte en eau potable du pays.

Nous insistons sur la question de l’eau, pour que les uns et aux autres mesurent bien la situation de non investissement public qui a caractérisé la Côte d’Ivoire pendant plus d’une décennie. Les nombreux problèmes qui en découlent ne peuvent pas tous disparaître en cinq ans. Les Ivoiriens, quel que soit leur appartenance politique, devraient faire preuve de lucidité dans leurs plaintes et complaintes. Et reconnaître que beaucoup a été fait. Même si beaucoup reste à faire.

On entend souvent dire « c’est dur. L’argent ne circule pas ».En fait, il s’agit de quel argent. C’est bien de l’argent du Trésor public qu’il s’agit. Cet argent n’est plus objet de gabegie. Il n’est plus distribué à tour de bras dans les agoras, les meetings politiques, les hôtels, les supermarchés, les maquis, etc. L’argent travaille, comme l’a déjà fait savoir le Chef de l’Etat. A ce que nous sachions, le Président de la République n’a jamais pris la décision d’interdire aux Ivoiriens de dépenser leur argent (privé) ?

Encore une fois, retenons que l’argent public sert à combler le déficit en infrastructures socio-économiques, pour le bien de tous. Essayons une petite comparaison entre la Côte d’Ivoire physique d’hier et d’aujourd’hui. On verra bien l’évidence des choses.

La négociation, vraie sortie de la crise

Vous fonctionnaires, ou plutôt, vous responsables des syndicats de fonctionnaires, à force de tirer sur la corde, vous risquez de la casser. Quatre revendications sur six ont été acceptées par le gouvernement. Vous devriez montrer votre bonne foi en suspendant votre mouvement de grève et poursuivre les négociations. Mais en lieu et place d’une telle attitude plus responsable, vous avez choisi de poursuivre la grève comme si rien n’avait bougé. Votre manière de faire commence à ressembler à du chantage.

Et ça, à la longue, soyez-en sûrs, risque d’effriter votre solidarité. Parce que petit à petit les fonctionnaires qui ont encore le sens du devoir et du discernement, comprendront qu’il y a quelque chose qui cloche. Ils se rappelleront que même si les revendications sont « légitimes », c’est incivique et immoral de ne pas travailler et continuer à percevoir sa solde.

Vous qui n’êtes mus par aucune raison politique, mais juste, par la solidarité syndicale, ouvrez bien les yeux, vous comprendrez qu’il y a quelque chose de pas nette qui se trame. Revoyez comment certains journaux de la place ont traité les récentes mutineries militaires. C’est, à la limite, des appels à un coup d’Etat qu’ils ont exprimés. Idem sur les réseaux sociaux. Croyez-vous que si ces Ivoiriens avaient obtenu le renversement du régime, vous auriez eu des interlocuteurs qui répondraient, dans l’immédiat, à la totalité de vos revendications ? Il est temps que vous réagissiez. Reprenez le chemin du travail. Et poursuivez vos revendications.

Cela fera bientôt un mois que vous avez déserté vos bureaux et salles de classes. Les élèves des établissements sont livrés à eux-mêmes. Cela est-il bon pour les familles et la nation ?  Militaires, fonctionnaires… Ivoiriens, tout court, il ne faut pas demander au bon Dieu, sa barbe… Ne tuer pas la poule aux œufs d’or. Ressaisissez-vous, car  « Le temps du sursaut national est arrivé. »

Une contribution d’Alain Kouamé Kouassi, un citoyen ivoirien qui tient à la paix en Côte d’Ivoire

 

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