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[Musique tradi-moderne] Adeba Konan dénonce le silence des médias ivoiriens


Abidjan, le 06-09-2024 (lepointsur.com) Adeba Konan, figure incontournable de la musique tradi-moderne en Côte d’Ivoire, a récemment exprimé son désarroi face au manque de reconnaissance médiatique de ce genre musical. Lors d’une entrevue, l’artiste a dénoncé la marginalisation de cette expression culturelle, pourtant emblématique de l’identité ivoirienne. Selon lui, les médias nationaux ignorent délibérément un patrimoine riche en histoire et en signification sociale.

« Pourquoi la musique tradi-moderne n’est-elle pas mise en avant par les médias ivoiriens ? Moi, je dirais que ce sont les médias eux-mêmes qui refusent de la reconnaître », a lancé Adeba Konan, visiblement marqué par ce désintérêt. Ce style musical, qui marie avec finesse rythmes traditionnels et sonorités modernes, peine à trouver sa place sur les ondes nationales. Selon l’artiste, cette absence de visibilité nuit à sa promotion et, par conséquent, à sa transmission aux jeunes générations.

Un patrimoine culturel en quête de lumière

La musique tradi-moderne ne se limite pas à quelques cercles restreints. « Je représente aujourd’hui le V Baoulé, mais nous avons également nos maquis Baoulé, et des villages Gouro, Guéré, et bien d’autres », rappelle Adeba Konan. Dans les communautés rurales et urbaines, cette musique reste ancrée dans le quotidien des Ivoiriens. Pourtant, elle ne parvient pas à franchir le cap des médias traditionnels et numériques, qui préfèrent souvent diffuser des genres importés comme le coupé-décalé ou l’afrobeat.

Adeba Konan se désole de cette situation et pointe du doigt les médias qui, selon lui, ne valorisent pas suffisamment la diversité culturelle nationale. Ce manque d’exposition médiatique place la musique tradi-moderne en marge d’une scène musicale ivoirienne de plus en plus globalisée.

Modernité et rentabilité en question

L’absence de promotion de la musique tradi-moderne s’expliquerait par une logique économique, où les médias privilégient des contenus attractifs pour un public jeune et urbain, friand des tendances musicales mondiales. Cette dynamique pose un enjeu plus large : celui de la préservation et de la valorisation du patrimoine musical ivoirien, face à une industrie en quête de rentabilité immédiate.

Malgré les défis, Adeba Konan demeure confiant. Il appelle les artistes, les acteurs culturels et les médias à unir leurs forces pour promouvoir ce genre musical unique, miroir des réalités ivoiriennes. En attendant, la musique tradi-moderne continue de résonner dans les maquis et lors des festivités locales, signe de son enracinement dans le cœur des Ivoiriens.

Médard KOFFI

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