Monsieur le Président, mettez de la rectitude dans votre gouvernance ! #civ
Abidjan, 28-07-16 (lepointsur.com) Monsieur le Président Alassane Ouattara, vous savez mieux que quiconque mon affection pudique pour vous-même et pour votre généreuse épouse.
Vous savez également que je suis un intellectuel libre, tenace, un patriote convaincu et très attaché aux valeurs de la république.
Parce que je vous aime et que je veux vous voir entrer honorablement dans l’histoire, je vous dois la vérité continue et même acerbe. Les latins disaient : Bene amat, bene castigat, littéralement, « qui aime bien, châtie bien« .
Certes, des choses exceptionnelles ont été faites depuis votre accession à la magistrature suprême et on ne peut nier des avancées et des succès notables. Mais vous pouvez faire mieux et plus si vous savez faire des réglages incontournables.
Nous sommes en droit d’attendre plus de vous, Monsieur Alassane Ouattara, au regard de vos talents, des espoirs suscités et de vos promesses politiques. On ne peut pas faire une quinzaine d’années aux Etats-Unis, une vingtaine d’années en France et gérer la Côte d’Ivoire de cette façon en donnant l’impression d’une chèvre qui, parce que faisant des croques en forme de gélules, veut qu’on l’appelle pharmacien.
Malgré vos qualités technocratiques incontestées, monsieur le président Ouattara, on ne peut pas être efficace dans une salle de conseil des ministres bondée et surchargée de chaises de récompenses et d’incompétences. La salle du conseil des ministres n’est pas un amphithéâtre.
Et un ministre me confiait dernièrement dans un vol Air France: ‘’nous nous trompons souvent de stylos, comme chez les écoliers à l’époque des recrutements parallèles, quand le classeur de ma collègue ne rentre pas dans mon costume en m’étirant quelques fils de tissu’’.
Le conseil des ministres est une séance de travaux pratiques et dirigés. Et vous avez confessé l’inefficacité de ce gouvernement Duncan le 1er mai 2016 à l’occasion de la fête du travail en ces termes : ‘’après enquête, nous nous sommes rendus compte que des décisions du conseil des ministres n’ont pas été bien appliquées’’, faisant allusion aux contestations concernant la réforme du permis et la facturation de l’électricité, sans prendre de sanctions. Cette inefficacité de votre équipe, vous venez encore de la souligner en nommant un nouveau ministre en la personne de Beugré Mambé pour compenser les insuffisances de rendements des ministères en charge de l’organisation des jeux de la francophonie pour des retards accusés dans les travaux.
Ce qui confirme le sentiment du peuple comme quoi il y a un problème d’école et de classe en conseil des ministres. Il faut une équipe gouvernementale réduite, rajeunie et corsée en talents et compétences. Vous ne pourrez pas réussir le service du peuple avec quasiment une cinquantaine de vauriens. Regardez ce qui se passe ailleurs: Benin (21 ministres), Centrafrique (24 ministres), France: 18 ministres et 20 secrétaires d’état, Etats-Unis: le gouvernement fédéral compte une quinzaine de secrétaires d’état, Chine (le pays le plus peuplé du monde) : 25 ministres soit une trentaine de membres en conseil des ministres si on tient compte des vice-présidents et vice-premiers ministres.
Vous aimez bien dire ceci: « on ne change pas une équipe qui gagne« .
Oui Monsieur le Président, votre équipe gagne et gagne mais le peuple perd. Oui votre équipe gouvernementale gagne en enrichissements illicites, en cupidité, en arrogance, en médiocrité, en inefficacité et en illégitimité.
Mais que fait-on alors quand une équipe qui a l’illusion de gagner perd, en réalité, en légitimité de façon drastique…? La bonne réponse à cette question, peut vous sortir d’engrenage ! En attendant, je vous invite à méditer Victor Hugo dans « Choses vues »:
« Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On marche dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête« .
« Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux« .
Monsieur le Président Alassane Ouattara, mettez de la rectitude dans votre gouvernance et vous retrouverez l’affection de vos militants, les premiers meurtris de chagrin, et celle du peuple. Votre peuple grogne mais il croit encore en vous. Remettez-vous rapidement à la hauteur des attentes de vos compatriotes, car vous en avez les capacités.
Respectueusement,
Docteur Pascal Roy : Philosophe–Juriste–Politiste–Coach politique–Analyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crises–Médiateur dans les Organisations–Enseignant des Universités–Consultant en RH–Écrivain-Chroniqueur.
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