Actualite, Contribution

[Lutte contre le terrorisme] « Aider un frère, un pays-frère, c’est se protéger soi-même, protéger son propre pays »


Abidjan, 26-01-2021 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo: Grande peine pour la nation, pour l’armée et pour les parents des militaires tués au Mali, sur le champ d’honneur le 13 janvier 2021. Le monstre a arraché des jeunes gens, à notre affection. Ils étaient conscients des risques, mais ils ont choisi de protéger nos frontières, d’assurer notre sécurité. Avec la nouvelle donne sécuritaire, les militaires n’attendent plus, le tueur froid et inconnu aux portes des frontières nationales. Ils vont les chercher ou les contrer, là où il pousse ses tentacules. Aider un frère, un pays-frère, c’est se protéger soi-même, protéger son propre pays. L’Armée ivoirienne participe à l’effort de solidarité et de sécurité sous-régionale. Elle a perdu quatre éléments à Tombouctou, au Mali. Adjudant Doumbia Yacouba, Adjudant Bakayoko Adama, Sergent-chef Guigui Amian Jean-Baptiste, Caporal-chef Bamba Moustapha. Ils méritent de la nation. Et la nation leur a rendu hommage ce lundi 25 janvier 2021 au camp Gallieni.

Pendant que la nation pleurait ses fils, ses valeureux soldats, le marigot politique bouillonnait. Je le dis et le répète toujours, en politique, comme dans la vie, il faut agir en pensant à demain. Quelque soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par arriver. J’ai lu la sortie de l’ancien ministre des affaires étrangères de ton camarade. Comme le mouton qui ingurgite une touffe d’herbes puis rote, il est revenu sur ses propos tenu en octobre 2020, au stade Felix Houphouët-Boigny, parlant de ton camarade. « J’ai conscience d’avoir profondément heurté le chef de l’Etat, à qui je tiens à présenter publiquement mes excuses et à exprimer mes regrets aux Ivoiriens ».

“ Qui sont ces Ivoiriens qui appellent à la réconciliation nationale mais qui s’offusquent qu’un Ivoirien reconnaisse sont tort et demande pardon ? ’’

C’est moi ou mon pays qui est décalé ! J’ai trouvé la sortie élégante. Reconnaître avoir mal agi et dit un mot de trop et présenter des excuses publiques est une preuve de courage et de grandeur d’esprit. Je salue la sortie de celui qui fut pendant trente ans, un très proche collaborateur de ton camarade et qui a voulu s’émanciper. Ou qui veut voler de ses propres ailes.

Des #AmonTanoh, il en faut beaucoup en Côte d’Ivoire. Des hommes et des femmes capables de reconnaître leurs fautes et demander pardon. S’incliner. Sincèrement. Refuser d’insister dans la bêtise.

La politique doit pouvoir se faire autrement dans ce pays. Exprimer sa différence, sa vision de la société, dans le respect des aînés, des autorités, des valeurs sociales, de la dignité de l’autre. Convaincre par son projet, son programme et non se montrer vindicatif, exubérant, creux dans le fond, injures à la bouche.

“ La réconciliation est un panier du donner et du recevoir. Chaque partie fait un effort de ravaler ses meurtrissures et ses ressentiments pour regarder l’avenir commun. ’’

J’en vois qui le charcutent. C’est leurs droits. Je vois les courageux et autres haineux du Net, qui reprennent du poil de la bête. Ils ont leurs raisons.

Qui sont ces Ivoiriens qui appellent à la réconciliation nationale mais qui s’offusquent qu’un Ivoirien reconnaisse sont tort et demande pardon ?

Je note que des ivoiriens en exil dans la sous-région et ailleurs dans le monde se préparent à revenir au pays. Pour ceux du Ghana, une dernière réunion prévue ce mardi 26 janvier 2021, avec le Haut-commissariat aux réfugiés et la date de retour sera définitivement fixée. La réconciliation est un panier du donner et du recevoir. Chaque partie fait un effort de ravaler ses meurtrissures et ses ressentiments pour regarder l’avenir commun.

Je le dis, ça aussi, très souvent : dans ce pays, personne ne demande de nous aimer. Mais respectons-nous et travaillons ensemble, pour la grandeur de la nation.

Que mille #AmonTanoh poussent dans le jardin politique ivoirien. Que les politiciens ivoiriens sortent des émotions et des colères passagères et trompeuses ! La sortie de l’ancien ministre des Affaires étrangères est un enseignement de la vie, un cours de sciences politiques à l’ivoirienne.

Fernand Dédeh

Commentaires

commentaires