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[Levée des mesures restrictives contre la Covid-19] Le Grand-Abidjan affronte la pandémie dans la joie


Le campus prêt à accueillir sa clientèle

Abidjan, 18-05-2020 (lepointsur.comC’est dans la liesse populaire que le Grand-Abidjan a accueilli l’annonce de l’ouverture des maquis et restaurants, la levée du couvre-feu et  la limitation des rassemblements  à 200 personnes etc., lors du dernier Conseil national de sécurité.

Dispositif de lavage des mains, tables et chaises nettoyées et bien disposées, la musique urbaine à vous casser les tympans. Le maquis ‘’Campus du Zouglou’’, situé au quartier Maroc, dans la commune de Yopougon, réputé pour ses soirées chaudes signait ainsi son retour le samedi 16 mai 2020, après avoir subi la rigueur des mesures restrictives pendant plusieurs semaines.

De l’espace ‘’Maquis Baoulé ‘’ en plein travaux de réhabilitation, chez Kouassi Lucien, le tenancier, à la Rue princesse, au feu sapeur-pompier du quartier Toit-Rouge, en passant par le camp militaire, la joie est à son comble et la boisson coule à flot, même en plein air.

On a l’impression qu’on sort d’une guerre vainqueur, alors que la Covid-19 est là, mais le gouvernement a décidé de la reprise partielle de certaines activités. Un véritable ouf de soulagement pour Boga Sylvestre, tenancier d’une cave à Yopougon-Toit Rouge. « Il le fallait, car nous avons eu du mal à joindre les deux bouts lorsque nos activités se sont arrêtées à cause de la pandémie. Cela a joué sur la famille et les enfants. Mais, nous devons toujours rester vigilants face à la menace de la pandémie de coronavirus et respecter les mesures barrières », conseille-t-il.

Un avis partagé par Charly Djebotaud, propriétaire de ‘’Campus du Zouglou’’, qui se satisfait de l’ouverture des maquis : « C’est vrai que cela nous a fait perdre assez d’argent, mais nous sommes très contents. Nous avons connu d’énormes difficultés. Nous étions obligés de tout supporter. Car, un est mieux que zéro ».

« Il le fallait, car nous avons eu du mal à joindre les deux bouts lorsque nos activités se sont arrêtées à cause de la pandémie. Cela a joué sur la famille et les enfants. Mais, nous devons toujours rester vigilants face à la menace de la pandémie de coronavirus et respecter les mesures barrières»

Saint Elie Bogui, agent de développement, président de coopérative et acteur dans le domaine de la pêche artisanale, se réjouit des décisions pour des raisons de sécurité. « La levée du couvre-feu nous arrange. Nous qui exerçons dans le domaine de la pêche, sortons de la maison à 4h du matin ; des fois à 3h. Le couvre-feu impactait négativement nos activités. Maintenant qu’il est levé, nos pêcheurs n’auront plus de difficultés à aller en mer très tôt, et nous ramener de bons poissons pour nos populations »indique-t-il.

Les populations en joie, la Covid-19 aussi

Les gérantes et les serveuses des maquis et bars affichent la joie parce qu’elles avaient du mal à joindre les deux bouts. « C’était très difficile de s’occuper des enfants et de nous-mêmes, alors qu’il n’y a pas d’argent, plus de salaire non plus. Il fallait faire un calcul chinois », confie Mlle Koble gérante d’un espace, celle-là même dont la fermeture des débits de boissons a joué négativement sur son bien-être se réjouie de la décision du Chef de l’Etat. Bérenger Koffi, comptable d’un maquis avait du mal à affronter son locataire. « Il n’y avait aucune entrée d’argent et nos petites économies avaient subi un coup. Les propriétaires de maisons étaient à nos trousses. Nous ne vivons que de la nuit. Donc, c’était très difficile », renchérit-il.

Si les noceurs, les belles de nuit, les tenanciers de maquis et bars ainsi que les fêtards s’adonnent à cœur joie sans le minimum respect de la distanciation sociale et du port de cache-nez, certains craignent la propagation de la pandémie.

Sylvie N’guessan, monitrice à l’Église des Assemblées de Dieu de Williamsvilledans la commune d’Adjamé, craint un revirement de la situation. « C’est vrai que le président Alassane Ouattara a allégé les mesures de restrictions à travers l’ouverture des maquis et autres lieux de rassemblements.  C’est donc avec une grande joie que nous les chrétiens de Côte d’Ivoire, avons accueilli cette nouvelle. Surtout que nous n’avons pas célébré la résurrection de Christ pendant la Pâques. Toutefois, il nous faut être prudents pour éviter le pire », conseille-t-elle.

Difficile reprise…

Des abidjanais saluent, certes la réouverture des maquis et autres commerces, mais dénoncent le non-respect des mesures barrières, qui, selon eux, pourrait en danger leur vie. « Le message de notre culte du dimanche a porté essentiellement sur la mesure de prudence que doivent observer le peuple, se réjouie la monitrice, ajoutant par ailleurs que le pasteur nous a instruits à travers différents passages bibliques et nous a exhortés à ne pas baisser la garde. Nous avons en outre, respecté la distanciation sociale en organisant deux cultes. Nous étions assis deux par banc » pour saluer l’ouverture des lieux de culte, après environ un mois de fermeture.

Hervé Mambo, tenancier de maquis à Gabriel-Gare, dont la majorité des clients sont des voyageurs, souhaite l’ouverture des voies terrestres. « À l’annonce de l’ouverture des maquis, nous avons fait la toilette de nos établissements et effectué de grosses commandes, tout en espérant rattraper l’argent perdu. Malheureusement, aucune affluence. Nous n’avons même pas pu écouler, ne serait-ce que le tiers de notre commande », regrette-t-il.

La ténancière heureuse de recevoir bientôt ses clients

Dame Roseline Kacou, coiffeuse de profession se plaint du manque criant de clientes. « Toutes mes clientes ont afflué chez ma voisine qui n’a pas fermé son salon durant cette crise sanitaire. Depuis 6 heures, je suis sur les lieux, mais aucune cliente. J’espère qu’elles reviendront chez moi les jours à venir », espère-t-elle.

Cette pandémie a fait prendre conscience à Sévérin Zouzou, étudiant à l’université Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody. Il a décidé de mettre fin à la consommation de l’alcool. « La maladie liée à la Covid-19 m’a permis de faire un examen de conscience au sortir duquel, j’ai pris la décision d’arrêter la consommation de l’alcool », confie-t-il.

Ce qui n’est pas le cas de son ami, Christ Allan, qui avoue n’avoir aucun sou pour fréquenter son petit bistrot où il prenait souvent plaisir à perdre le temps devant une bouteille d’alcool.À certains lieux de réjouissance, le respect des mesures barrières s’imposent parce qu’ils ont eu du mal à faire le plein.

« La maladie liée à la Covid-19 m’a permis de faire un examen de conscience au sortir duquel, j’ai pris la décision d’arrêter la consommation de l’alcool »

Avec 2119 cas confirmés, 1040 guéris, 28 décès et 1051 cas actifs comme point de la situation le lundi 18 mai, le respect des mesures barrières doit s’imposer à tous afin de gagner la bataille sanitaire contre cette pandémie. Réalisé par Opportune Bath, Georges Kouamé et Médard Koffi

 

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