La lettre à Colette /Quel RDR, après la marque déposée, Alassane Ouattara ?
-Comment vas-tu ma belle au teint de velours ?
Abidjan-30-05-16 (lepointsur.com) Comme nous le disions, il y’a une semaine, ils en étaient conscients, tellement conscients, qu’ils ont toujours refusé de présenter un autre candidat, chaque fois que sa candidature a été rejetée. Bien sûr que les cadres du RDR nous diront que la volonté du boycott était guidée par le fait qu’en partant avec un autre candidat, alors que celui de Ouattara était rejeté, cela conduirait l’adversaire à déduire que les reproches politico-judiciaires étaient fondés.
Mais à y fouiner en profondeur, nos cadres de la Case étaient conscients d’une chose. En créant une dissidence au sein du PDCI après le fameux congrès de 1994, où Djéni Kobena fut interdit de parole, autour de quel frustré, fallait-il bâtir un parti pour jouir de la sympathie d’une frange de la population ? Il fallait jeter le dévolu sur Ouattara. On se rappelle encore les défilés incessants des Gon Coulibaly au siège du FMI, situé à l’angle de la Pensylvania Avenue et de la rue 19 de Washington, pour convaincre le DGA. Et après moult tentatives, il accepta donc de se joindre au RDR. Il l’officialisera le 1er Aout 1999 au congrès du parti. Si l’immense foule du palais des sports de Treichville voyait en cette décision une opportunité de se venger de ce PDCI à l’ivoirité naissante, les néo-cadres du parti, eux sablaient le champagne.
Parce qu’ils savaient tous que l’élément catalyseur était enfin là, pour bénéficier de la sympathie des néo militants qui les vomissaient depuis des années dans leur région respective : le nom Ouattara. « … Ouattara me demande de vous dire qu’il est conscient de votre douleur, Ouattara me charge de vous dire qu’il a fait un rêve dans lequel vous étiez, Ouattara dit que s’il a accepté d’être membre, c’est à cause de vous. Ouattara vous souhaite la bonne année, la bonne fête des mères… » Bref, ce fut le fond de commerce parfait. Aux élections municipales de 2001, certains candidats n’ont même pas eu besoins de battre campagne. Les électeurs voyant en tous les candidats RDR Alassane Ouattara lui-même. Les injustices et les dénis liés à Ouattara ayant été placés au centre des campagnes.
Qui a oublié cette phrase d’un candidat RDR lors d’un meeting à Abidjan « … lorsque Faustin Kouamé dit que même si Ouattara produit 100 certificats de nationalité par jour, il ne sera jamais président de ce pays, pensez-vous que c’est à Ouattara qu’il s’adresse ? C’est de vous les militants RDR qu’il parle, c’est à vous les djoula (sic) qu’il s’adresse… ». Étaient-ils, derrière la rébellion ? Officiellement, l’homme n’a jamais indiqué une quelconque sympathie ou appartenance aux « combats » de Soro et ses hommes. D’ailleurs, jusqu’à ce jour, aucun service de renseignement n’a pu intercepter une seule communication entre Ouattara et Soro de 2002, jusqu’à la nomination de son premier gouvernement suite au Décret N°2007-456 du 07 avril 2007.
Cependant, pour être dans les bonnes grâces des populations à endoctriner, le médicament Ouattara sera prescrit à outrance aux nordistes… après la joute électorale de 2010, le rapport changea de camp, plus besoin de plaire aux populations, mais à Ouattara lui-même dans le but de jouir d’une tranche du gâteau à partager. On verra les uns avec leur mallette, d’autres tenant leurs sachets noirs, et une bonne partie portant leurs bagages rassemblés dans un morceau de pagne. Direction le camp de l’ONUCI, objectif, se faire larguer au Golf Hôtel via les hélicos de liaison, enjeu, plaire au nouveau messie, finalité devenir apôtre. Et avec la formation du premier gouvernement, beaucoup de ceux qui n’ont eu de mots que le nom Ouattara furent récompensés. Ils oublièrent ipso facto leurs bienfaiteurs de militants, et déclarèrent un véritable casus belli à ces derniers.
Oui, ce fut une guerre réelle entre les cadres RDR nommés et leurs militants locaux. Très peu, ont maintenu des contacts avec leurs bases. Ainsi, si certains retournent en cachette au bercail et évitent tout contact avec leur population, d’autres ont définitivement déménagé à Abidjan. C’est dans ce désamour qu’il fallu organiser les 20 ans du parti le 13 décembre 2014. Et les militants ne se firent pas priés pour boycotter l’événement. C’est dans un stade de Bouaké vide que ces cadres sont intervenus. Et plus grave, le 4 mars 2015, alors qu’il cherchait à jauger les futurs votants de la case, Sidiki Konaté fit incursion dans des « grins » d’Abobo.
Et là encore, les militants l’attendaient de pied ferme. « Allez dire aux autres cadres que nous ne sommes pas des buveurs de chaud-blanc et ils comprendront. » pourquoi, les prendre au sérieux ? Le produit Ouattara, joker parfait, l’opium des « djoula » n’est-il pas encore candidat en 2015 ? C’est ainsi qu’avec toujours l’intervention « ouattariste », certains candidats RDR sans bilan, franchirent le parcours d’obstacle avec la même posologie. Et cette fois-ci, avec un cynisme inouïe. « Voter Morif’ing Djan Djabagatè, c’est voter ADO », « Vadjiguiba Diaby, le choix de Alassane » la palme d’or de la honte a été attribuée à ce candidat qui fit ses T-shirt de campagne en prenant soin de mettre la photo de Ouattara à l’avant, et le sien à l’arrière….
Le 17 septembre 2014, à la fin de sa visite officielle dans l’IFOU, le président répondant à un journaliste affirma qu’il ne sera pas candidat pour un 3ème mandat. Et, il le réaffirmera le 19 janvier 2016, lors de sa rencontre avec Helène Johnson Sirleaf. Sonnant, le glas et mettant fin aux rêves des apôtres en déphasage avec leur base, leurs militants, et annonçant une fermeture prochaine des robinets. Mais pourquoi ont-ils peur ? Les cadres PDCI se sont-ils, un seul jour chagriné, suite à la mise en berne de Bédié ? Malgré le départ de Gbagbo, les durs du FPI n’affichent-ils pas la même sérénité ? Mais pourquoi, ont-ils donc perdu le sommeil dans la case verte ?
Parce que tout simplement, lorsqu’un garçon se met debout pour uriner, la dernière goutte tombe toujours à ses pieds. Tous les cadres du parti savent que plus des 2/3 des membres du parti sont plus « alassanistes » que RDR. Ils savent aussi qu’ils se sont mis dos à dos pendant plus de 15 ans avec leurs électeurs, brandissant chaque fois le produit ADO. Alors sur quoi, miseront-ils en 2020 ? D’abord, un probable et miracle de la part de Ouattara. Il faut un troisième mandat. Et voyant que l’homme n’a pas réagi favorablement, la loi fondamentale du pays paraîtra caduque pour l’un. Le principe de la limitation des mandats doit être abrogé, car, il met fin aux activités d’un président compétent, qui souvent n’a pas terminé ses travaux en cours, dira-t-il.
Et comme avec le temps, l’horizon s’assombrit à ce niveau, ils ont entrepris à coup de publicité, la création d’une banque pour leurs militants. Ces derniers, répondront comme les algériens face à De Gaulle : Trop beau, mais trop tard. Enfin, une catégorie a opté pour le dénigrement et le mensonge de l’un ou de l’autre cadre. « … c’est à cause de lui ou d’elle que j’ai pas pu mener à bien tel projet… ». Enfin, la dernière vague a décidé de sauver le peu qui peut l’être de l’incendie. Ils sont visibles aux baptêmes, aux sacrifices de 7ème jour, aux distributions de prix en fin d’année aux plus méritants des écoles….
Réussiront-ils à s’imposer via la nouvelle opération de charme ? N’est-il pas trop tard pour espérer conquérir le cœur des sympathisants blessés ? Après la carte Ouattara, sur quoi compteront-ils en 2020 ? L’avenir nous le dira. Dans l’espoir que Ouattara lui-même ne change pas de décision en se représentant en 2020. Tenez, Guillaume Soro a eu l’ingénieuse idée de voler au secours des jeunes du parti. Dans la forme, quelle action louable ! Quel geste fort ! Qui veut aller loin, ménage sa monture et il vaut mieux tard que jamais. Mais ce geste du PAN aurait pu sortir de la banalité, si effectivement les cadres du RDR avait la culture du retour à la base, s’ils prenaient quelquefois du coton mouillé pour soulager les blessures de cette « main d’œuvre qualifiée bon marché, qu’est la jeunesse du RDR ». Hélas, 1000 fois hélas, des cadres qui ont usé du pion Ouattara pour s’offrir une popularité illusoire n’ont pas eu le temps pour ce genre d’acte.
Et c’es Dah Sansan qui enfoncera le clou « C’est la première fois que nous recevons un don d’un cadre du parti. ». Cette phrase résume à elle seule, toute la lettre de cette semaine.
Par Omar Samson
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.