« Les tensions en Côte d’Ivoire inquiètent la communauté internationale » [La chronique de Fernand Dédeh]
Abidjan, 05-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo : Disons les choses comme elles sont : les tensions en Côte d’Ivoire inquiètent la communauté internationale. La communauté nationale est déjà dans le marigot.
L’ONU revient à Abidjan. La délégation qui démarre ses consultations à Abidjan ce lundi 5 octobre 2020, est renforcée. Elle est avec l’UA et la CEDEAO. Elle va rencontrer toutes les parties ivoiriennes, notamment ton camarade (17 h, ce lundi), des membres du gouvernement, le Conseil constitutionnel, la CEI, les candidats à la présidentielle 2020, les diplomates africains, les diplomates les diplomates occidentaux, les ONG internationales, les principales organisations de la société civile, les partis politiques de l’opposition et la majorité présidentielle… Deux jours pour recoller les morceaux de tissus déchirés depuis 2016 au moins.
Deux tendances s’opposent sur la question de la présidentielle du 31 octobre.
1- Le parti au pouvoir est formel : rien ne s’oppose à l’organisation de l’élection. « Elle va se dérouler dans la paix et la transparence », répète à l’envie ton camarade et ses lieutenants.
2- L’opposition continue de s’opposer à la candidature même de ton camarade. Elle a lancé un mot d’ordre de désobéissance civile dont les contours seront probablement définis au cours du meeting projeté le 10 octobre 2020.
3- Entre les deux blocs opposés, une troisième voix celle qui appelle au dialogue, à un consensus minimal pour éviter à la Côte d’Ivoire, une crise pré ou postélectorale. Au moins, que ton camarade et son grand-frère, le Bombardier 86, se rencontrent et abordent les questions qui fâchent. Tôt ou tard, ils vont finir par s’asseoir autour d’une table. Pourquoi ne pas commencer plus tôt ?
Une troisième voix bien timide et inaudible pour l’instant.
Le communiqué rendu public le 27 septembre 2020, par la mission de l’ONU après son séjour d’une semaine en Côte d’Ivoire « réitérait l’appel du Représentant spécial aux acteurs politiques pour qu’ils poursuivent leurs engagements pour l’organisation d’une élection pacifique et inclusive, dans le respect des droits de l’homme ».
Un geste d’apaisement, après le passage du Représentant spécial, la libération provisoire des détenus du 23 décembre 2019. Certains sont encore en détention.
La montagne des dissensions est encore bien plantée. Les commissaires de l’opposition à la commission électorale indépendante ont suspendu leurs participations aux travaux. À la Villa Angoua Koffi, la sérénité est de mise. Elle est peut-être de façade. « Le retrait des représentants de l’opposition n’a aucune conséquence légale et technique. Leurs zones de supervision ont été redistribuées à d’autres commissaires », me dit-on. Avec l’assurance que les commissions électorales locales fonctionnent correctement. « Elles s’apprêtent pour la distribution des cartes d’électeurs ».
Quelles perspectives s’offrent donc à délégation conjointe de l’ONU, l’UA et la CEDEAO en mission « de diplomatie préventive » ? Peut-elle obtenir de ton camarade, le report de quelques mois, de la présidentielle le temps d’aplanir les différends ? Peut-elle obtenir de l’opposition, la renonciation au mot d’ordre de désobéissance civile et des candidats retenus, la participation au scrutin du 31 octobre 2020 ?
Une chose est au moins sûre : au niveau du groupement de ton camarade, la question du report de la présidentielle n’est pas à l’ordre du jour. Ton camarade est sûr de sa capacité à maîtriser la situation et prévenir les troubles.
Le problème, la Paix se construit à deux. Et l’opposition est un maillon essentiel. Pour reprendre le slogan d’un internaute dans un groupe de discussion
Par Fernand Dédeh