Les médias français et nous (simple observation)
-Médias français à la fois menteurs et diseurs de vérité
Lorsque le dimanche 5 août 1990, Robert Minanguoy a été conduit à l’aéroport par des policiers sur instruction du président Houphouët-Boigny, c’était l’émoi et l’abattement chez l’opposition et ses partisans. Le lundi 6 août, c’était le principal sujet au Plateau. Des fonctionnaires mêmes n’ont pas travaillé, ils ont délaissé les bureaux pour se joindre aux discussions et aux palabres. ‘’Le petit blanc qui disait la vérité a été chassé par Houphouët.’’ Eh oui ! C’est de son micro que fusaient les injures à l’encontre de Houphouët et à jamais gravées dans la mémoire de certains Ivoiriens.
En mars de la même année 1990, une télévision française avait même servi à ses téléspectateurs les funérailles grandioses de Roger Fulgence Kassi pour leur dire qu’Abidjan était à feu et à sang.
Robert Minanguoy renvoyé en France manu militari, arrive Jean Karim Fall (paix à son âme !) pour le bureau permanent de Rfi. (À l’époque, Rfi avait seulement trois bureaux permanents dans le monde : Abidjan, Washington et Budapest)
Jean Karim Fall, il était le journaliste de l’opposition, en général, et en particulier de Laurent Gbagbo. En 1995, lors des législatives, le président Gbagbo s’est rendu à Bouaké pour soutenir le candidat Amani N’Guessan Michel car le vote à Ouragahio avait été reporté. J K Fall était avec lui à Bouaké. Quand les journaux bleus escamotaient l’ivoirité, c’était lui le puissant correspondant de la radio mondiale chargé de l’envoyer au monde entier. Les autochtones de Tabou chassent les Burkinabès après l’assassinat d’un des leurs, c’est l’ivoirité. Les populations d’Ayamé chassent les Bossos pour non- respect des mailles de filets imposées, c’est l’ivoirité, selon J k Fall.
Lorsque l’imam Idriss koudouss a été agressé, il a vu la main du pouvoir Bédié, parce que son organisation islamique de l’époque avait ‘’refusé de prier’’ pour lui.
Lorsqu’en 1999 Jésus Kouassi Yoboué s’insurgeait contre les agissements de Fabienne Pompey, correspondante de l’AFP, qui interférait sur Rfi dans des interventions jugées diffamatoires, César Etou, lui, n’a vu que le régime liberticide de Bédié.
Le régime change. Le président Gbagbo accède au pouvoir. L’ivoirité servie par les journaux bleus de l’époque et Jean karim Fall lui est collée, surtout à cause du rejet de la candidature du président Ouattara aux législatives de 2000. La rébellion de 2002 tirerait une partie de son origine de cette ivoirité. Après la présidentielle de novembre 2010, les médias français ont pris fait et cause pour la République du Golfe. Les diseurs de vérité sont devenus des menteurs, aux reportages partisans et calomnieux. Sur ordre de la République du Plateau, ces médias devenus subitement indésirables sont suspendus.
‘’En conclusion, les médias français ne sont bons pour personne. Ils sont à la fois menteurs et diseurs de vérité. Tout dépend de notre position et du temps.’’
L’an passé, un rapport de l’Union européenne est divulgué malencontreusement ou à dessein par les médias français dont Rfi. Dans le camp de l’opposition, on jubile. On félicite les journaux français qui ont divulgué un rapport qui devait être tenu secret. Dans les journaux proches du pouvoir, c’est la consternation et on réplique pour rétablir la vérité, du moins, leur vérité.
Il y a quelques jours, Médiapart, journal français, révélait que le président Gbagbo et sa femme ont 3000 milliards dans leur compte en Suisse. La joie et la peine ont changé de camp : on jubile chez les supporters du pouvoir; par contre, on s’attriste et on insulte ces journalistes menteurs du côté des supporters et journaux bleus.
En conclusion, les médias français ne sont bons pour personne. Ils sont à la fois menteurs et diseurs de vérité. Tout dépend de notre position et du temps. En fait, le destinateur sait à quel destinataire il adresse son message. C’est selon leur intelligence, leur capacité d’appréhension et de compréhension.
Les médias français ne changent pas, ce sont les régimes qui changent. Ils sont comme ça, prenons-les tels.
Par Pascal Kouassi