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[Le tabagisme] Le gouvernement ivoirien intensifie sa lutte contre cette épidémie silencieuse


Abidjan, le 30-05-2023 (lepointsur.com) Le 31 mai marque la Journée mondiale sans tabac, une occasion pour le gouvernement ivoirien de faire le bilan de la lutte contre le tabagisme et d’examiner les solutions mises en place pour inverser la tendance de cette « épidémie » silencieuse.

Le tabagisme entraîne des maladies plus sournoises comme la myocardiopathie systémique

La Côte d’Ivoire enregistre chaque année 5 000 décès liés à la consommation de tabac et de produits dérivés. La prise en charge des patients fumeurs représente un coût de près de 28 milliards de FCFA pour l’État.

La directrice du Centre national d’oncologie médicale et de radiothérapie Alassane Ouattara du CHU de Cocody, le Pr Judith Didi-Kouko Coulibaly, déplore : « On pense que les cancers liés au tabac se limitent aux poumons et à la gorge. Malheureusement, le tabac est un facteur favorisant les cancers de la vessie, du pancréas, du sein et du col de l’utérus. Le nombre de cancers associés au tabac ne cesse d’augmenter, et cela reste un véritable fléau.« 

Cette situation alarmante est encore aggravée par les conséquences cardiaques du tabagisme. Le Pr Euloge Kramoh Kouadio, directeur de l’Institut de cardiologie d’Abidjan, met en garde : « Lorsqu’on fume une cigarette, le rythme cardiaque s’accélère. De plus, les artères par lesquelles le sang circule se rétrécissent. Le tabagisme chronique expose à l’hypertension artérielle. »  Selon lui, le tabagisme entraîne des maladies plus sournoises comme la myocardiopathie systémique.

Le coût élevé de la prise en charge médicale est également un enjeu majeur. Le Pr Euloge Kramoh Kouadio souligne : « Une fois le diagnostic posé, il faut traiter le patient. Les ordonnances peuvent atteindre jusqu’à 150 000 FCFA par mois. Tout cela parce qu’on a acheté sa maladie en achetant des cigarettes. »

Le gouvernement ivoirien multiplie les campagnes de prévention de masse, en mettant l’accent sur les jeunes, qui voient une augmentation de la consommation de tabac avec l’émergence de nouveaux modes de consommation. L’objectif est de trouver des solutions pour inverser cette tendance.

La lutte contre l’épidémie tabagique est un combat incessant engagé par le gouvernement ivoirien, conformément à la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-Tabac (CCLAT), ratifiée par la Côte d’Ivoire le 28 janvier 2010. Cette convention oblige chaque partie à assurer une protection universelle en adoptant des lois efficaces contre l’exposition à la fumée du tabac.

Le gouvernement a pris des mesures pour interdire de fumer dans les lieux publics et les transports en commun, par le biais du décret N° 2012-980 du 10 octobre 2012. Ces interdictions sont assorties d’amendes allant de 15 000 FCFA à 100 000 FCFA pour les fumeurs et de 150 000 FCFA à 250 000 FCFA pour les responsables des lieux publics.

Le gouvernement renforce la lutte contre le tabagisme grâce à de nouvelles mesures et programmes

La loi n°2019-676 du 23 juillet 2019 relative à la lutte antitabac témoigne de l’engagement du gouvernement ivoirien dans la lutte contre le tabagisme. En application de cette loi, le Conseil des ministres du mercredi 26 janvier 2022 a adopté deux décrets visant à renforcer les mesures de lutte contre le tabagisme. Le premier décret concerne les modalités d’application des mises en garde sanitaires, du conditionnement, de l’étiquetage et de la commercialisation du tabac et des produits du tabac. Le second décret vise à instaurer un système de suivi, de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac.

Parallèlement aux actions préventives, le gouvernement met en avant la promotion du sevrage tabagique et a élaboré des directives pour la prise en charge des personnes dépendantes au tabac. Dans cette optique, une unité spécialisée dans le sevrage tabagique a été créée au sein du CHU de Cocody, constituant ainsi un centre de référence.

Le gouvernement a mis en place le Centre d’accompagnement et de Soin en Addictologie (CASA) situé à Marcory. 

De plus, près de 300 agents de santé issus de toutes les régions sanitaires ont bénéficié d’un renforcement de leurs capacités en matière de sevrage tabagique. Le Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA) assure une prise en charge multidisciplinaire grâce à l’implication de psychologues, d’assistants sociaux et de personnel de soutien.

Le Dr Ernest Zotoua, Directeur coordonnateur du PNLTA, souligne : « Aujourd’hui, dans n’importe quel centre médico-scolaire, un jeune peut bénéficier d’un accompagnement pour arrêter de fumer. »

Dans le cadre de ces efforts, le gouvernement a mis en place le Centre d’accompagnement et de Soin en Addictologie (CASA) situé à Marcory. Ce centre a pour objectif d’offrir une prise en charge complète aux usagers de la drogue en vue d’une resocialisation réussie. Les résultats obtenus sont encourageants et témoignent de l’impact positif de ces initiatives.

Médard KOFFI 

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