Le riz hybride chinois au goût de l’Afrique
Abidjan, 12 octobre (lepointsur.com)– Un moment singulier est survenu quand l’ancien secrétaire général du ministère de l’Agriculture malgache Philibert Rakotoson est apparu en juin avec un bol de riz devant la tombe de Yuan Longping, « le père du riz hybride », à Changsha, capitale de la province chinoise du Hunan (centre).
Des agriculteurs locaux récoltent du riz hybride dans un champ à Mahitsy, localité à 35km au nord-ouest de la capitale malgache, Antananarivo, où se trouve la filiale africaine du Centre national chinois de recherche sur l’ingénierie et la technologie du riz hybride, le 12 mai 2023. (Xinhua/Sitraka Rajaonarison)
Le riz déposé sur la sépulture « traduit la sincère gratitude des Malgaches envers le professeur Yuan », déclare M. Rakotoson lors d’une interview téléphonique récemment accordée à l’Agence de presse Xinhua. « C’est lui qui a inventé ce grain amélioré, c’est lui qui a proposé une nouvelle technique de riziculture dans notre pays, et c’est lui et le riz hybride qui ont permis de convaincre le monde que la faim finirait par être éradiquée ».
Les grains de riz de Chine doivent passer par des étapes telles que la sélection des variétés, l’analyse des risques d’invasion d’espèces étrangères et l’approbation, avant d’être cultivées dans les champs de Madagascar. A ce jour, une vingtaine de pays africains ont introduit la culture du riz hybride chinois.
Lors du Sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique tenu en 2006 à Beijing, la Chine a promis d’établir dix centres de démonstration technique agricole en Afrique. En 2007, la Chine et Madagascar ont lancé un projet de coopération sur la technique agronomique du riz hybride.
Selon Zhang Lijun, responsable du bureau en Afrique de la société Yuan’s Seed Company, après avoir analysé les conditions de plus de 20 pays africains, les experts chinois, sous la direction de Yuan Longping, ont finalement choisi Madagascar comme lieu d’implantation du premier centre de démonstration en matière de riz hybride.
Outre la mise en place et l’exploitation de ce centre, la Chine a également envoyé des experts à Madagascar. Parmi eux, Hu Yuefang, expert de l’Académie provinciale des sciences agricoles du Hunan, travaille toujours pour offrir son savoir-faire aux riziculteurs locaux. Cela fait maintenant 16 ans qu’il est sur place.
Hu Yuefang (3e à droite), expert chinois du riz hybride, travaille avec des agriculteurs locaux dans un champ à Mahitsy, localité à 35km au nord-ouest de la capitale malgache, Antananarivo, où se trouve la filiale africaine du Centre national chinois de recherche sur l’ingénierie et la technologie du riz hybride, le 12 mai 2023. (Xinhua/Sitraka Rajaonarison)
« Le riz est une culture importante à Madagascar », note M. Hu, ajoutant qu' »en raison de plusieurs facteurs », la production locale n’a jamais été en mesure de satisfaire pleinement les besoins alimentaires de la population. Afin de trouver les meilleures variétés de riz hybride adaptées aux conditions locales, l’expert et son équipe technique ont visité la quasi-totalité des régions rizicoles de l’île.
Pour le moment, selon un bilan établi en décembre 2022, la superficie cumulée de riz hybride promu par la Chine à Madagascar dépasse les 75.000 hectares, avec un rendement moyen d’environ 7,5 tonnes par hectare.
« Des rendements plus élevés et un meilleur goût ont rendu le riz chinois très populaire en Afrique », déclare André Chang, directeur d’une entreprise agroalimentaire privée à Madagascar. « Depuis 2010, nous travaillons avec Yuan’s Seed Company pour promouvoir des variétés de riz hybride chinois auprès des céréaliers locaux. On collecte le riz paddy de ces derniers pendant la saison de la récolte afin de le transformer en riz, puis le riz est vendu dans toutes les régions du pays. »
La Chine continue de fournir un soutien technique agricole aux régions et pays africains qui en ont besoin, aidant à renforcer les capacités agricoles liées au riz hybride et contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté en Afrique.
En 2018, le premier village de démonstration du riz destiné à la réduction de la pauvreté a été établi par des experts chinois à Ninga, dans la province burundaise de Kirundo. Le village a cultivé le riz avec succès pendant huit saisons, sur une superficie cumulée de 380,64 hectares, générant une production totale de 4.104 tonnes et une augmentation des revenus moyens par foyer de plus de 9.000 dollars, ce qui a permis de réduire efficacement la pauvreté dans le village.
Selon Ngendakumana Charles, âgé de 43 ans et vivant dans le village de Ninga, en cultivant le riz hybride, « j’ai pu non seulement construire une nouvelle maison, mais aussi augmenter la superficie de culture et accroître considérablement mes revenus chaque année. »
Cette année, M. Charles a ouvert une usine de transformation du riz, ce qui améliore les retours économiques et offre des opportunités d’emploi aux agriculteurs voisins.
Des agriculteurs battent le riz hybride à Kihanga, dans la province de Bubanza, au Burundi, le 20 juin 2023. La faible production de riz local entraîne depuis longtemps des pénuries alimentaires pour les Burundais. Afin de relever ce défi, la Chine met en œuvre des programmes de coopération technique au Burundi depuis août 2009, envoyant des experts dans ce pays africain pour aider au développement de l’agriculture. (Photo : Han Xu)
Dans le cadre du Forum sur la coopération Chine-Afrique, conformément à l’accord entre les gouvernements chinois et burundais, la Chine a mis en œuvre le projet de coopération technique agricole avec des experts agricoles de haut niveau au Burundi depuis août 2009. Jusqu’à présent, la Chine a envoyé six groupes d’experts, totalisant 60 personnes, pour accomplir des missions d’assistance technique agricole au Burundi.
En mai 2019, la filiale africaine du Centre national chinois de recherche sur l’ingénierie et la technologie du riz hybride a été inaugurée dans le bourg de Mahitsy à Madagascar.
La vision du centre est d’être basé à Madagascar et orienté vers l’Afrique, et de contribuer à la réalisation rapide de l’objectif d’éradication de la faim et de garantie de la sécurité alimentaire en Afrique par le biais de la coopération technique sino-africaine en matière de riz hybride et de la formation agricole, souligne M. Zhang Lijun, également directeur exécutif du centre.
Il précise qu’à l’heure actuelle, la superficie annuelle de plantation de riz hybride dans le monde est de 8 millions d’hectares. Si l’on tient compte d’une augmentation moyenne de deux tonnes de riz par hectare, la croissance annuelle de la production de céréales est de 16 millions de tonnes, ce qui permet de nourrir 40 à 50 millions de personnes supplémentaires.
Après des décennies d’exploration et de développement, le nombre d’entreprises agricoles chinoises en Afrique a augmenté progressivement, renforçant ainsi l’effet d’attraction et améliorant continuellement la chaîne de valeur agricole entre la Chine et l’Afrique, indique Tang Xiaoyang, doyen du département des relations internationales de l’Université Tsinghua.
D’après lui, la coopération agricole sino-africaine est passée d’une assistance unilatérale à une coopération mutuellement bénéfique, et les modes de coopération ont progressivement évolué de la construction de projets à une combinaison de transfert de technologie et de diverses opérations commerciales, et d’une aide principalement gouvernementale à un soutien gouvernemental et à un investissement privé équilibrés.
Alfred Mwenifumbo, contrôleur de la vulgarisation agricole et des services techniques du ministère malawite de l’Agriculture, constate que les techniques en matière de riz hybride en Chine sont considérées comme les meilleures au monde. Nous souhaitons collaborer avec les experts en riz de Chine, afin d’introduire davantage de variétés de haute qualité, de promouvoir les techniques de culture avancées et d’augmenter les rendements de riz au Malawi.
Deux agriculteurs tiennent des grains de riz hybride dans les mains à Kihanga, dans la province de Bubanza, au Burundi, le 20 juin 2023. (Photo : Han Xu)
La culture du riz hybride a été mise en valeur comme un moyen important pour les pays africains, dont Madagascar, de sortir de la pauvreté et de parvenir à l’autosuffisance alimentaire, souligne M. Rakotoson.
« Par le biais de l’initiative ‘la Ceinture et la Route’, les pays africains améliorent leur capacité de production agricole en introduisant du riz hybride chinois et en adoptant des techniques agronomiques chinoises. Cela a permis de créer plus de ‘greniers de l’Afrique’ et d’aider davantage les populations africaines à assurer leur sécurité alimentaire », estime-t-il.
source (Xinhua)